Sophie Binet à l'agora de l'Humanité, fête de l'Humanité 2023 (Photo de Daniel Laporte, 16 septembre 2023)
Invité de l’émission Backseat depuis l’Agora de la Fête de l’Humanité, le leader des insoumis avait exposé, selon lui, les causes de la défaite de Philippe Martinez au 53e congrès de la CGT. L’ex-candidat insinuait que l’ancien dirigeant cégétiste aurait été sanctionné pour ne pas avoir travaillé avec les formations politiques à la construction du mouvement social contre la réforme des retraites. La secrétaire générale de la CGT a adressé à l’insoumis une réponse ferme qui réaffirme la stratégie du syndicat, son indépendance et ses relations avec les formations politiques.
L'Humanité, le 26.09.23
Les rapports entre les insoumis et les confédérations syndicales sont loin d’être simples. Vendredi 15 septembre, invité de l’émission Backseat depuis l’Agora de la Fête de l’Humanité, Jean-Luc Mélenchon avait exposé, selon lui, les causes de la défaite de Philippe Martinez au 53e congrès de la CGT. « Lorsque a commencé la bataille des retraites, nous disons que nous avons besoin d’une structure commune, avec les partis politiques et les syndicats, et que nous sommes d’accord pour que les syndicats la dirigent, assure le leader insoumis. Il n’y a jamais eu un seul jour, une seule réunion, une seule rencontre entre les syndicats et les organisations politiques qui se battaient dans l’Assemblée nationale. »
L’ex-candidat à la présidentielle poursuit : « Pire, on est venu demander aux insoumis de retirer nos amendements pour qu’on puisse voter sur l’article 7 (sur les 64 ans, N.D.L.R.). Pour moi, afin que la lutte puisse durer, il fallait que le texte ressorte de l’Assemblée nationale sans avoir voté. C’est le contraire qu’on nous a demandé de faire et nous ne l’avons pas fait. »
Selon Jean-Luc Mélenchon, c’est cela qu’auraient sanctionné les délégués du 53e congrès de la CGT : « La CGT est l’organisation syndicale dans laquelle il y a sans doute le plus d’insoumis au mètre carré. J’observe au congrès de la CGT le rapport d’activité incluant la séquence retraite, le rapport d’orientation et la candidature qui portait ces orientations ont été battues par les cégétistes »
« Une absence totale de respect de l’indépendance des organisations syndicales »
La réponse de Sophie Binet est un courrier daté de ce mardi 26 septembre, à Jean-Luc Mélenchon : « Vos propos indiquent malheureusement une absence totale de respect de l’indépendance des organisations syndicales, fondement indispensable d’une relation saine de la CGT avec les organisations politiques. » Précisant, au passage, que « les propos que vous avez tenus sur mon prédécesseur Philippe Martinez sont inacceptables. »
Dans cette missive, la secrétaire générale cégétiste ajoute : « La CGT ne permet à aucune organisation politique de s’ingérer dans le déroulement et le résultat de ses congrès. (…) Laisser entendre que le résultat du 53e congrès de la CGT pourrait entre le résultat d’une stratégie de la France Insoumise est mensonger et insultant pour les délégués, les syndiqués et les organisations de la CGT qui ne laissent personne d’autre que les travailleuses et les travailleurs leur dicter leur ligne de conduite, certainement pas une organisation politique. »
Au sujet de la mobilisation sociale contre la réforme des retraites, Sophie Binet écrit : « La CGT a toujours dit qu’elle ne pouvait qu’être initiée et menée par les organisations syndicales. » Elle complète : « Si, comme vous l’aviez souhaité, nous avions appelé pour lancer la mobilisation contre la réforme des retraites à une manifestation nationale un dimanche aux côtés des organisations politiques, rien de ce qui a fait la force de la mobilisation historique que nous avons construite n’aurait existé : ni l’intersyndicale, ni l’ancrage territorial, ni la grève, ni le rassemblement très large du monde du travail autour d’un mot d’ordre clair et syndical. De même, si nous avions accepté la « structure commune » que vous dites avoir proposé. »
À propos des relations entre la CGT et la FI, que les deux dirigeants entendaient normaliser, après des rapports parfois compliqués, Sophie Binet rappelle avoir rencontré en juillet dernier une délégation insoumise composée de Manuel Bompard, d’Aurélie Trouvé et de Mathilde Panot. « Nous avons eu un échange franc dont vos représentants se sont félicités, lors duquel je suis revenue en détail sur ces éléments et sur ce que signifiait concrètement l’indépendance syndicale », mesure la secrétaire générale de la CGT. Et de conclure : « Vos propos indiquent malheureusement que ces conditions ne sont toujours pas intégrées ».
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