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12 novembre 2020 4 12 /11 /novembre /2020 06:26

 

Selon l’économiste, la crise sanitaire doit faire prendre conscience que les modèles d’un capitalisme financier mondialisé qui néglige les besoins essentiels et l’écologie « ne peuvent être poursuivis ». ENTRETIEN

Une deuxième vague frappe les pays européens, les contraignant à de nouvelles mesures limitant l’activité économique : cela signifie que cette crise laissera des traces durables ?

HENRI STERDYNIAK La seconde vague va accentuer l’effet de la première. Après la première vague, on pouvait penser que l’activité reprendrait très rapidement avec un retour à la normale de l’économie, mais cette deuxième vague, extrêmement forte, montre que la pandémie est là pour durer. Elle crée ainsi un effet d’incertitude beaucoup plus grand. Dans un certain nombre de secteurs, les chefs d’entreprise n’ont plus aucune perspective claire. D’un point de vue économique, c’est le pire scénario.

Icon QuoteLaisser l'économie au capital, en corrigeant avec un impôt sur les plus riches pour donner aux pauvres n'est pas suffisants.

Les pays ne sont pas touchés de la même manière, pourquoi ?

HENRI STERDYNIAK Les structures économiques et sociales des pays sont très différentes. Dans les pays asiatiques où il y a un très grand contrôle social et politique, comme en Chine, au Japon, en Corée du Sud ou au Vietnam, l’épidémie a été maîtrisée très rapidement. Aux États-Unis ou dans les pays émergents, les gouvernements ont sacrifié en quelque sorte la population à l’économie. Les pays européens ont essayé de concilier la santé de la population avec les libertés individuelles, avec des mesures relativement limitées qui se sont traduites par un échec. Mais il ne faut pas en tirer la conclusion que seul le contrôle social et politique permet de prendre des mesures importantes et efficaces…

D’un point de vue économique et social, les mesures sont-elles à la hauteur ?

HENRI STERDYNIAK Les gouvernements ont pris des mesures nécessaires, en oubliant les ménages les plus pauvres qui sont les victimes de la crise. Il y a actuellement trois visions du monde. Une vision chinoise, capable de planification à long terme, de mobiliser l’ensemble de la société vers de grands projets. Le modèle américain, où l’on fait confiance aux entreprises en oubliant complètement les contraintes écologiques, et en s’accommodant des inégalités sociales. Puis un modèle européen, avec des divergences de points de vue entre les pays, avec un grand nombre de contradictions. L’idée centrale est celle d’un capitalisme technologique vert, qui repose sur la croyance que les progrès technologiques et les entreprises innovantes permettront de s’affranchir des contraintes écologiques. C’est le cœur des plans de relance français et européen, sans mettre les fonds nécessaires et sans direction claire. L’Europe est un géant qui n’a pas la capacité d’agir.

Lire aussi : Eurogroupe. L'épidémie n'y change rien : l'austérité l'emporte sur la solidarité européenne

Vous envisagez deux sorties de crise possibles, l’une qui ne serait qu’un retour au monde d’avant, en pire. L’autre est beaucoup plus positive…

HENRI STERDYNIAK La crise de 2008 a révélé la fin de l’illusion d’un capitalisme financier de l’exubérance financière. La crise sanitaire doit faire prendre conscience que les modèles d’un capitalisme financier mondialisé où les grandes entreprises développent des besoins artificiels, modifient nos modes de production sans tenir compte des contraintes écologiques, en négligeant les besoins essentiels, en creusant les inégalités ne peuvent être poursuivis. Un producteur automobile ne devrait pas avoir le droit de mettre en production une voiture qui va très vite, une autre qui soit très lourde comme un SUV, sous prétexte que le taux de marge est plus grand. Idem pour une banque qui décide de se développer sur les marchés financiers plutôt que sur les crédits à ses petites entreprises clientes. Laisser l’économie au capital, en corrigeant avec un impôt sur les plus riches pour donner aux plus pauvres n’est pas suffisant. Il faut absolument contraindre les choix des entreprises. L’avenir n’est pas complètement désespéré, mais cela implique des choix politiques.

 

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