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9 août 2018 4 09 /08 /août /2018 09:42

 

Avant d’entrer dans l’administration Trump, l’ancien banquier d’affaires a fait ses armes au sein de la banque d’investissement Goldman Sachs, où il est passé maître dans l’art de la finance offshore.

En mars dernier, Gary Cohn, principal conseiller économique de Donald Trump et directeur du Conseil économique national, claquait la porte de la Maison-Blanche après treize mois de bons et loyaux services. Profondément libéral, la décision protectionniste du président américain de taxer de 25 % les importations de fer et de 10 % celles d’aluminium ne pouvait pas passer. Il laisse toutefois une empreinte bien visible : la réforme fiscale adoptée le 20 décembre 2017, qui baisse entre autres l’impôt sur le bénéfice des sociétés de 35 % à 21 %. Une mesure qui profite évidemment aux plus riches. Selon le Tax Policy Center, 61,8 % des avantages fiscaux concernent seulement le 1 % des ménages les plus aisés.

Mais Gary Cohn a bien d’autres performances à son actif. Après un diplôme en finance, il entame sa carrière chez US Steel, un producteur d’acier américain, avant d’entrer au New York Mercantile Exchange, Bourse spécialisée dans l’énergie et les métaux. Il est recruté en 1990 par la banque Goldman Sachs. Les choses sérieuses commencent pour ce petit-fils d’immigrés polonais, à l’ambition galopante. Il gravit alors les échelons jusqu’à se hisser au poste de président et directeur d’exploitation de Goldman Sachs de 2006 à 2017.

Première tempête pour le numéro deux de la firme : la banque, qui était la principale conseillère de la Grèce fin 2009 – en pleine période de crise –, est accusée d’avoir spéculé sur la faillite de l’État. Le pays devait réussir à convaincre Bruxelles qu’il arriverait à respecter son plan d’austérité. La machine Goldman Sachs, emmenée par Gary Cohn, aide alors le gouvernement de Georges Papandréou à gérer sa dette colossale. Si, d’une main, les banquiers s’affairent à conseiller le pays, touchant au passage des commissions intéressantes, de l’autre, la banque spécule contre l’État. En 2010, le Spiegel et le New York Times révèlent comment la banque-conseil a aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics puis ses emprunts depuis 2001. Gary Cohn se justifiera devant le Congrès des États-Unis à propos du rôle de Goldman Sachs dans la crise financière de 2008.

En novembre 2017, le scandale des Paradise Papers éclate au grand jour. Sans grande surprise, le nom de Gary Cohn est cité dans les 13,5 millions de documents confidentiels provenant du cabinet d’avocats Appleby. Dans le viseur : les sociétés offshore. Ses 26 années de carrière chez Goldman Sachs refont surface. Alors que l’ancien banquier commence son travail de conseiller économique de Trump – empochant au passage des indemnités de licenciement de 284 millions de dollars lors de son départ de la banque –, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICJI) révèle qu’il était à la tête de 20 sociétés offshore affiliées à Goldman Sachs basées dans les Bermudes, et vice-président de deux autres.

Il a dirigé ces sociétés de 2002 à 2006 pendant qu’il occupait le poste de responsable de la division taux, change et matières premières. Rien d’inhabituel pour Goldman Sachs, qui affirme qu’il s’agit là d’une pratique courante. Interviewé par la chaîne de télévision américaine CNBC, Gary Cohn déclarait ne pas être « embarrassé du tout, c’est comme ça que le monde fonctionne ». Lorsque a été posée la question de savoir si l’objectif était d’éviter l’impôt, il a répondu qu’ « il y a pu avoir des conséquences fiscales ».

 

Le guide touristique de la fraude : Trinité-et-Tobago

 

Petit État insulaire des Caraïbes situé près du Venezuela, Trinité-et-Tobago est un poids lourd de l’évasion fiscale. Il était même le seul et unique pays à figurer sur la liste noire des paradis fiscaux de l’OCDE lors de sa publication en juin 2017. Une liste si édulcorée qu’elle en est « risible » pour l’ONG Oxfam, « l’OCDE ayant tout fait pour aboutir à une liste noire vide ». L’organisation avait alors précisé dans un communiqué que « Trinité-et-Tobago, qui figurait auparavant dans la catégorie des pays non coopératifs, n’a pas été en mesure de démontrer des progrès permettant un changement de catégorie ». L’État insulaire ne respectait pas les critères de transparence en matière fiscale et ne montrait aucune volonté de mettre en œuvre les normes internationales minimales en matière de lutte contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (mesures anti-BEPS, BEPS signifiant « érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices » en anglais) afin de réduire l’évasion fiscale des entreprises. Depuis, Trinité-et-Tobago tente de se racheter une réputation en intégrant le projet BEPS de l’OCDE. L’État a également conclu avec la France une convention en vue d’éviter la double imposition et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôt sur le revenu.

Émeline Rojo

 

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