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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 05:39
C'est au peuple d'enterrer le grand projet inutile d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes! (Ismaël Dupont)

Le Conseil d’Etat s’apprête à rendre lundi prochain 20 juin ses arrêts concernant les derniers recours d’opposants au transfert de l’Aéroport de Nantes-Atlantique sur le site de Notre Dame Des Landes.

Les colonnes des journaux se sont fait, avec rigueur et persévérance, l’écho ces derniers mois d’un débat dans lequel les citoyens n’ont individuellement guère eu la parole, les institutions et les experts s’exprimant le plus souvent à leur place, laissant chacun face à une consultation, limitée géographiquement – une aberration - qui n’est officiellement qu’un avis.

Que pensent les inscrits au scrutin des enjeux réels d’un transfert qui n’en est déjà plus un, puisqu’on annonce à la fois le maintien, à juste raison, de Nantes-Atlantique sur site pour répondre aux besoins d’Airbus et, ce qui n’était pas prévu, répondre aussi au développement de l’aviation d’affaires à Nantes, tandis que La Roche-sur-Yon, voire Angers se préparent à agrandir et moderniser leurs propres installations pour le même objectif (affaires et tourisme).

De son côté le Parti Communiste Français, dans le cadre de la Commission Nationale du Débat Public, a versé son point de vue nationalement le 30 mai dernier, rendant un avis plutôt favorable au transfert, mais il assortit ses conclusions de conditions telles que chacun devrait savoir qu’elles ne peuvent en aucune façon être réunies formant par ailleurs « une exigence et des axes de lutte dans la perspective de larges rassemblements des usagers comme des habitants ».

****

Le 31 mai dernier, le Comité Exécutif National du PCF, après un « tour de table » et des « échanges téléphoniques », s’est prononcé. Par 17 voix pour, 7 contre et 5 abstentions, la Direction Nationale du PCF a émis un avis favorable au « transfert » à Notre Dame des Landes assorti de 9 conditions:

Avant d’en arriver à cet avis, la Direction du PCF a cependant tenu à :

- Condamner le choix de l’État d'abandonner toute vision et politique d'aménagement du territoire national au service des populations et du développement du pays. De fait, il laisse le terrain libre au marché, aujourd'hui tout puissant, comme seul décideur de la réponse aux besoins humains.

- Rappeler que chaque projet d'aménagement doit être examiné en regard de sa singularité. La nature des réponses qu'il apporte aux besoins des populations, son niveau d'utilité sociale, économique et écologique doivent structurer les décisions définitives…

- Condamner également le processus européen de libéralisation du secteur de l'aérien au nom de la « concurrence libre et non faussée », et ses conséquences notamment le développement du « low-cost » ainsi que le mouvement actuel de privatisation des plate formes aéroportuaires. Le PCF rappelle alors qu’il faut travailler à construire des alternatives publiques à ces politiques.

- Rappeler aussi que tout enjeu d'aménagement ou de réalisation d'infrastructure mérite un sérieux débat démocratique où tous les citoyens et toutes les citoyennes doivent pouvoir donner leur avis documenté et être entendus. La commission Richard est loin d'avoir répondu à l'ensemble de ces exigences démocratiques.

S’agissant des 9 « conditions » émises par le PCF. Elles sont rappelées ci-dessous :

- Maîtrise du coût et respect des engagements de Vinci à l'égard des collectivités locales comme prévu dans la délibération relative à la délégation de Service Publique sous la forme d'une concession et non pas d'un Partenariat Public Privé.

- Respect de l'ensemble des contraintes environnementales édictées par le collège des scientifiques et les collectivités locales

- Aucune remise en cause du Périmètre des Espaces Agricoles et Naturels (PEAN) et déploiement du dispositif en direction du monde agricole

- Décider le financement pour l'entretien de la piste de Nantes Atlantique pour maintenir le site Airbus

- Conserver une approche évolutive de Notre-Dame des Landes en fonction de l'évolution constatée du trafic notamment par l'allongement des pistes pour l'éventuel trafic des gros porteurs

- Levée du Plan d'Exposition au Bruit lié au fonctionnement de l'aéroport de Nantes Atlantique afin de favoriser la construction de la ville sur elle-même et la construction de logements à dominante sociale

- Développer une coopération territoriale exemplaire entre les deux régions et les huit départements afin de limiter les effets de concentration de la métropole nantaise

- Réaliser sans attendre le tram-train afin d'améliorer la desserte des quartiers populaires et décider au plus vite la création de la desserte par ligne rapide interrégionale Nantes – Rennes-Bretagne Sud via l’aéroport

- Le delta sur l'emploi doit être positif et bénéficié en tout premier lieu aux salariés de la région

NB. RAPPORT DE LA COMMISSION EXECUTIVE DU PCF - SOUS LA DIRECTION d'HERVE BRAMY

Le projet de transfert de l'aéroport Nantes Atlantique (NA) à Notre Dame des Landes (NDDL) est devenu un enjeu de débat national relevant de l'aménagement du territoire et d'un secteur aériien en évolution structurelle. Ce projet impacte également l'environnement, l'économique et le social. L'ensemble de ces considérations a donné lieu à un important travail d'argumentation parfois très technique de la part de collectifs favorables ou opposés au transfert, sur la base des différents rapports et procédures des pouvoirs publics.

C'est aussi devenu un débat interne au Parti communiste français où s'exprime des points de vue différents voire opposés entre Fédérations et entre communistes.

L'annonce par le président de la République de l'organisation d'un référendum ou d'une consultation pour donner la parole aux habitant-e-s de Loire Atlantique, le 26 juin prochain, a renforcé la nécessité pour la direction nationale du PCF de donner un avis sur le sujet.

C'est pourquoi le Conseil Exécutif National du PCF, sur proposition de son secrétaire national, Pierre Laurent, a confié à Hervé Bramy, responsable du pôle Écologie, une mission d'étude pour la rédaction d'une note d'analyse permettant de construire, à partir de consultations, un point de vue argumenté.

Vous trouverez ci-joint le rapport présenté au Comité Exécutif National ainsi que le point de vue qu'il a tenu à exprimer sur Notre-Dame-des-Landes.

***

Or beaucoup de communistes de l'ouest, tout particulièrement en Vendée, dans le Morbihan, le Finistère, mais plus généralement dans tous les départements de l'Ouest, se battent depuis des années, avec leurs camarades du Front de Gauche, contre le transfert d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, un projet capitaliste et productiviste qui incarne une conception de l'aménagement du territoire et du développement d'un autre âge et qui contredit nos intentions par rapport à la volonté de lutter aussi bien contre les Partenariats Publics Privés de complaisance au service des multinationales que contre le réchauffement climatique et la production de gaz à effet de serre.

La CGT des Pays-de-Loire ne s'y est pas trompée qui a rendu un rapport très argumenté et très défavorable à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes:

Notre-Dame-des-Landes: le dossier de la CGT des Pays de Loire et de Loire-Atlantique conclut à la non pertinence du projet de nouvel aéroport

Nous sommes résolument hostiles à cet aéroport, nous militants et responsables locaux, départementaux, régionaux et interrégionaux du PCF, et nous allons lancer un APPEL PUBLIC à voter NON au référendum sur le transfert de Notre-Dame-des-Landes.

Le mardi 21 juin à 11h45 au bar du Lieu Unique Quai Ferdinand Favre à Nantes aura lieu une conférence de presse de ces militants communistes appelant à voter non à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et contestant le périmètre absurde du référendum.

Pour ma part, voici la note argumentaire que j'avais envoyée, en tant que secrétaire départemental du PCF Finistère, à Hervé Bramy chargé de présenter ce rapport sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes à partir des débats que nous avons pu avoir avec les camarades du Finistère et de Bretagne:

Notre-Dame-des-Landes – ce qui ressort des débats des communistes en Bretagne et dans le Finistère

Lors de sa dernière réunion le 27 février 2016, le CRAC (Comité d'animation et de coordination régional, 32 élus) du PCF Bretagne regroupant des élus des 4 fédérations du PCF en Bretagne a jugé que la consultation populaire sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes par le biais d'un référendum était une bonne chose sur le principe mais que ce ne serait qu'une manœuvre politicienne si elle se réduisait à un référendum n'impliquant que les habitants de la Loire-Atlantique.

A défaut de référendum national, ce que pourrait justifier le caractère hautement symbolique et controversé du projet, à portage gouvernemental, les habitants des régions Pays-de-Loire et Bretagne doivent eux aussi être consultés sur ce projet d'aéroport puisque des financements importants viennent de ces deux régions (sans compter l'éventuelle desserte ferroviaire, qui se chiffrerait à plusieurs centaines de millions d'euros – une ligne Rennes-Nantes passant par NDDL - 25 % du financement des collectivités pour la Région Bretagne, : 29 millions d'euros, contre 35 % pour les Pays-de-Loire, 40 millions d'euros) et que la construction et la mise en service éventuelle de l'aéroport auront des impacts très forts sur ces deux régions.

Sans être unanimement fermement opposés a priori à l'aéroport, les membres du CRAC ont jugé que le Parti devait intervenir en Bretagne pour rappeler l'exigence démocratique de la consultation populaire directe concernant la population bretonne sur un projet discuté engageant des financements publics importants et ayant des impacts considérables sur l'aménagement du territoire.

Une expression du Parti où l'on poserait la question de la cohérence et de l'opportunité du projet de construction d'un nouvel aéroport répondant à une projection d'augmentation forte du transport aérien par charters et vols low-costs par rapport aux enjeux primordiaux de crise écologique et de la lutte contre le réchauffement climatique inscrits dans les engagements de la COP 21 qui ne doivent pas qu'être formels.

Nous avons noté que la justification initiale de la construction d'un nouvel aéroport au nord de Nantes pour favoriser le trafic de marchandises par voie aérienne à l'ouest de la France et en Bretagne ne tenait pas puisque dans sa configuration actuelle, le projet dont l'ambition a été revue à la baisse, porté par Vinci, l’État et les collectivités locales, ne comporte pas une piste et des hangars adaptés aux gros porteurs et au trafic de marchandises. Il a été remarqué par tous que ce projet d'aéroport, s'il devait se concrétiser, libérerait des espaces très lucratifs pour les promoteurs immobiliers au sud de Nantes et contribuerait à renforcer le développement commercial et urbain à l'ouest de Nantes et sur l'axe Rennes-Nantes, qui concentre déjà beaucoup de dynamisme démographique, d'investissements, d'emplois, au préjudice du centre-Bretagne et de l'ouest de la Bretagne.

Ce positionnement de l'instance de réflexion et de coordination régionale du PCF en Bretagne sur Notre-Dame-des-Landes était dans la continuité de l'expression des candidats du Front de Gauche sur la liste de Xavier Compain aux dernières élections régionales en Bretagne : Notre-Dame-des-Landes était décrit dans plusieurs documents de campagne et interventions comme un exemple de « grand projet inutile » et écologiquement et financièrement très discutable ne pouvant avoir aucune légitimité vu l'ampleur de la contestation indépendamment d'une consultation précédée par un grand débat contradictoire permettant à la population de se saisir des enjeux, des arguments, des faits.

Auparavant, une assemblée départementale a été réunie le 29 août 2015 à Morlaix dans le Finistère pour débattre avec une double introduction contradictoire du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Une cinquantaine de camarades ont participé au débat : une large majorité s'est prononcée au cours de la discussion contre ce projet d'aéroport à NDDL.

29 août 2015: les photos et les débats de l'Assemblée générale des communistes du Finistère à Ploujean (photos JL Le Calvez): Notre-Dame-des-Landes et la Centrale à Gaz de Landivisiau

C'était la première fois qu'il y avait un débat au niveau fédéral sur ce sujet même si plusieurs sections avaient déjà eu ce débat, s'étaient emparées du sujet, et pour quelques-unes avaient participé activement à la bataille contre l'aéroport.

La démocratie est en jeu dans ce débat sur Notre-Dame-des-Landes : le rejet des grands projets repose sur un questionnement sur leur utilité mais aussi sur la façon dont ces projets sont élaborés. L'avis des gens ne s'exprime qu'en phase terminale.

Du coup, beaucoup de gens se disent : c'est décidé en haut, on ne tient pas compte de nous, donc on est contre.

Cette co-élaboration des projets, on l'a beaucoup écrit, on ne l'a pas beaucoup fait. Il y a intérêt à maintenir une vigilance citoyenne, y compris dans des domaines comme le ferroviaire, la LGV, le TER, le fret. Il y a de la place en Bretagne pour développer par exemple un fret ferroviaire à grande vitesse.

Il est ressorti que la nuisance constituée par le passage des avions à basse altitude au-dessus d'une partie de l'agglomération nantaise dans une zone d'habitat concentré était perçue comme réelle par un certain nombre de Nantais (mais quel aéroport n'implique pas ce genre de nuisances?), qu'un certain nombre de Bretons peuvent percevoir comme un avantage le fait d'accéder à davantage de transports internationaux sans avoir besoin de passer par Paris. L'aéroport de NDDL des Landes contribuerait-il à désengorger Roissy et Orly. Certains le pensent. D'autres estiment que cela va surtout contribuer à fermer les petits aéroports bretons.

En revanche, il est faux de prétendre que l'aéroport de Nantes-Atlantique est saturé ou qu'il pose des problèmes de sécurité particuliers. En réalité, son extension et son réaménagement ne semblent pas avoir été envisagés avec beaucoup de sérieux. Pour la Planète, on ne peut vouloir et accompagner une extension continue du transport aérien, surtout si c'est à travers le modèle social très discutable du low-cost.

Il a été noté que le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne s'intégrait pas dans un schéma politique planifié et discuté démocratiquement d'aménagement cohérent du territoire et des transports prenant en compte le routier, le ferroviaire, la question de l'intermodalité, du service public. Via le PPP avec Vinci, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui repose sur un financement majoritairement public, va profiter à des requins financiers dont le but n'est que les dividendes.

Dans la carte qui se profile, on ne voit pas de décentralisation, de déconcentration, mais au contraire de la concentration à l'échelle régionale et métropolitaine . L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes risque de justifier la fermeture des plus petits aéroports de proximité en Bretagne et de favoriser une intensification de la concentration des investissements, des emplois, et de la vitalité économique et démographique sur la frange est de la Bretagne, correspondant à une métropole connectée Nantes-Rennes. L'enjeu de la protection des terres agricoles et des zones humides a également été mis en avant à juste titre, comme celui d'affecter les moyens financiers publics à des besoins d'investissements véritables : hôpitaux, écoles, transport ferroviaire, fret ferroviaire...

Par ailleurs, en cas de transfert de l'aéroport voyageurs vers NDDL se posera la question de l'activité d'Airbus : les emplois vont-ils se déplacer ailleurs, à Toulouse ou à un autre endroit. Où la piste de Nantes-Atlantique va t-elle continuer à servir à Airbus, auquel cas le déplacement de l'activité d'aéroport pour les usagers classiques ne permettra guère de récupérer une grande superficie pour de l'urbanisation au sud de Nantes ? Sans compter les coûts d'entretien et de gestion qui vont augmenter globalement.

Ismaël Dupont

La liste des signataires de l'appel des communistes pour dire Non à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes comporte actuellement 5 Secrétaires départementaux du PCF (Vendée, Sarthe, Deux-Sèvres, Finistère, Morbihan), 1 membre du CN, 17 membres de comités départementaux et responsables de sections, 16 élus ou anciens élus, 23 militants syndicaux et/ou associatifs.

Si vous êtes militant du PCF et que vous voulez signer cet appel: communiquez votre soutien à jplandais@wanadoo.fr.

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