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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 05:38
Pourquoi la CGT Vinci s'oppose au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes

Pourquoi la CGT Vinci s’oppose au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

11 AVRIL 2016 PAR OLIVIER PETITJEAN

(site OBSERVATOIRE DES MULTINATIONALES: http://multinationales.org/)

La section CGT du groupe Vinci a pris publiquement position, il y a quelques semaines, contre le très controversé projet de construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique. Une initiative plutôt inhabituelle de la part d’un syndicat quel qu’il soit, mais qui illustre un problème de fond : les « grands projets inutiles » comme NDDL sembler profiter avant tout à leurs promoteurs, et très peu aux travailleurs et à la société dans son ensemble.

« Nous ne sommes ni des mercenaires, ni des esclaves ! » C’est en ces termes que la CGT, premier syndicat du groupe de BTP Vinci, réclame, dans une déclaration rendue publique fin mars, l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

En ligne de mire de ces syndicalistes, la formule du partenariat public-privé, qui assure des profits garantis au constructeur et concessionnaire de l’aéroport, sans contreparties assurées pour les pouvoirs publics et la société dans son ensemble. « Ce projet, comme tout "partenariat" public-privé (PPP), relève de la politique de privatisation des services publics menée par les gouvernements depuis des années, et que la CGT a toujours dénoncée, car elle revient à alimenter des profits privés par de l’argent public. ».

« Le projet ne bénéficie pas du tout aux travailleurs »

Mais si la CGT a franchi le pas - plutôt inhabituel - de critiquer un projet que ses promoteurs présentent comme une opportunité de créer (ou maintenir) l’emploi, c’est aussi qu’en réalité, il « ne bénéficie pas du tout aux travailleurs », selon les termes de Francis Lemasson, délégué CGT à Vinci. Cela tient au montage juridique adopté par le groupe français pour les projets de ce type, où il intervient à la fois comme constructeur et comme exploitant : concrètement, la filiale Vinci Construction intervient comme prestataire d’une autre filiale, Vinci Concessions, qui engrange les bénéfices. Selon la CGT, les coûts de construction de NDDL sont sous-estimés, mais « il est exclu, dans ce type de contrats, que la partie Concessions du Groupe couvre les pertes de sa partie Construction », contrairement à ce qui peut se passer avec un marché public classique. D’où « une pression très forte sur les entreprises chargées des travaux » qui « impose, de fait, le recours à toutes les formes "modernes" de dumping social » : « Sur tous les chantiers importants dont Vinci est le maître d’œuvre, la majorité des ouvriers sont employés par des entreprises de sous-traitance qui les surexploitent : contrats précaires, intérimaires, salariés détachés avec des salaires de misère, salariés sans papiers, etc. » Un constat qui vaut pour beaucoup de grands projets de ce type, comme nous l’avions rappelé dans une récente enquête.

Alors que s’approche l’échéance d’un référendum local sur Notre-Dame-des-Landes, la direction de Vinci multiplie les appels du pieds et les pressions à destination de ses salariés pour qu’ils soutiennent activement la construction de ce nouvel aéroport. Mais la CGT n’a pas de mots assez durs, évoquant un projet issu « de rêves mégalomaniaques périmés », lequel « ne répond plus aujourd’hui qu’aux intérêts particuliers de Vinci et des promoteurs qui convoitent les terrains ainsi libérés au sud de Nantes ». Et d’en appeler à l’arrêt des expulsions et expropriations sur le site, ainsi que de « toutes les opérations d’intimidation et de criminalisation du mouvement social ».

Où sont les grands projets utiles ?

La CGT a déjà été amenée à dénoncer à de nombreuses reprises les conditions de travail et le recours au détachement sur d’autres « grands projets inutiles », comme la ligne à grande vitesse Lyon Turin. C’est la première fois qu’elle prend position de manière aussi vigoureuse contre un projet en lui-même. Cette initiative fait suite à des échanges avec les opposants à l’aéroport, qui ont permis de constater de nombreuses convergences de point de vue.

« Les syndicats CGT du Groupe Vinci se veulent fidèles à la tradition du syndicalisme CGT de contrôle et de réflexion sur la production dans nos industries de la construction et du transport. Notre boussole reste ainsi l’utilité sociale de la production, l’aménagement de nos territoires, le bien-être des salariés qui les font vivre et la stabilité de nos emplois : le véritable sens du mot progrès. » Et pourquoi pas, à la place de projets comme NDDL, de futurs « grands projets utiles » ?

Et sur Presse Océan:

Les syndicats CGT du groupe Vinci, concessionnaire du futur Aéroport du grand ouest, s’opposent au projet et demandent son abandon.
Dans un long communiqué, la CGT de Vinci se livre à une charge virulente contre le projet Notre-Dame-des-Landes qui, « comme tout partenariat public-privé relève de la politique de privatisation des services publics (et) revient à alimenter des profits privés par de l’argent public ».
À Notre-Dame-des-Landes, poursuit le syndicat, « les collectivités sont appelées à financer une bonne partie du projet (115,5 millions d’euros sur 561, soit 20,5 %, ndlr), sans autre espoir de rentrer dans leur frais qu’une clause de « retour à meilleure fortune » parfaitement illusoire ».
La CGT souligne en outre que le chiffrage du projet « ne tient pas compte du coût énorme des infrastructures et aménagements de desserte » et assure que « les travaux de construction eux-mêmes ont été sous-estimés, sans qu’aucune provision n’ait été prévue pour les dépassements de coût éventuels ».
Le syndicat pointe par ailleurs des risques de « dumping social » et affirme que « sur tous les chantiers importants dont Vinci est le maître d’œuvre, la majorité des ouvriers sont employés par des entreprises de sous-traitance qui les surexploitent ».
Évoquant des pressions de dirigeants du groupe qui les « exhortent à soutenir le projet », la CGT explique que les salariés de Vinci ne veulent pas travailler « dans un climat de guerre civile, mais dans les meilleures conditions (…) sur des projets dont (ils) puissent être fiers pour leur utilité sociale et sociétale (...) comme la rénovation de l’aéroport de Nantes-Atlantique qui annihilerait les velléités gouvernementales de construire un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes ».

Sur Le Moniteur:

Les syndicats CGT du groupe Vinci ont pris position contre le projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes et demandent son abandon. Craignant un risque de «dumping social» sur les entreprises locales, ils dénoncent également la nature du contrat en PPP et une sous-estimation des coûts.

Avec comme titre «Nous ne sommes pas des mercenaires !» , c’est un véritable plaidoyer anti-aéroport que les syndicats CGT du groupe de BTP Vinci, en charge du projet, viennent de publier, après «débats et consultations sur la question». Pour les syndicalistes, plusieurs points motivent cette prise de position. La nature du contrat est d’abord sérieusement critiquée. «Ce projet, comme tout partenariat public-privé (PPP), relève de la politique de privatisation des services publics menée par les gouvernements depuis des années et que la CGT a toujours dénoncée, car elle revient à alimenter des profits privés par de l’argent public» écrit-elle dans son communiqué.

Cumulée, selon elle, à des travaux de construction «sous-estimés, sans qu’aucune provision n’ait été prévue pour les dépassements de coût éventuels», le PPP engendrerait «une pression très forte sur les entreprises chargées des travaux». Pour le syndicat, «cette contrainte économique peut les mettre en péril et impose, de fait, le recours à toutes les formes «modernes» de dumping social». Et la CGT Vinci d’affirmer que «sur tous les chantiers importants dont Vinci est le maître d’œuvre, la majorité des ouvriers sont employés par des entreprises de sous-traitance qui les surexploitent: contrats précaires, intérimaires, salariés détachés avec des salaires de misère, salariés sans papiers, etc.». La CGT indique par ailleurs que rien ne garantit dans le contrat qu’il sera fait appel à des entreprises locales.

« Ni expulsion, ni expropriation »

Le communiqué développe également d’autres arguments, parfois contradictoires, contre le projet: financement opaque, surestimation des gains escomptés, coûts immédiats sous-estimés… mais aussi la destruction des terres agricoles. Sur ce dernier point, la CGT demande «qu’il ne soit procédé à aucune expulsion ni expropriation sur le site, que rien ne soit entrepris tant que tous les recours n’auront pas été jugés et qu’il soit mis un terme à toutes les opérations d’intimidation et de criminalisation du mouvement social».

Enfin les syndicalistes assurent subir des pressions internes pour soutenir le projet. «Des dirigeants du groupe nous exhortent à soutenir le projet et des responsables de filiales nous distribuent des brochures de l’association pro-patronale Des ailes pour l’ouest» affirment-ils. «Nous ne sommes ni des mercenaires, ni des esclaves: nous ne voulons pas travailler dans un climat de guerre civile, mais dans les meilleures conditions, avec des droits et des garanties collectives. Nous voulons travailler sur des projets dont nous puissions être fiers pour leur utilité sociale et sociétale; dans cette région, ce ne sont pas les besoins qui manquent, qu’il s’agisse d’infrastructures ou de logements – comme la rénovation de l’aéroport de Nantes-Atlantique, qui annihilerait les velléités gouvernementales de construire un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes».

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