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Vente solidaire de légumes du PCF Morlaix.
Les camarades du PCF Morlaix mobilisés ce 10 mai à Pors-ar- Bayec. Avec Jean-Luc Le Calvez, Lucienne Nayet, Pascal Pouillet, Annie Bergot Le Calvez, Marie-France Monery, Michel Lespagnol, Paulette Peron, Ismaël Dupont, Roger Héré.
Une quarantaine de personnes sont venues à notre stand à Pors ar Bayec et tous les légumes, environ 400 kg, ont été vendus.
Prochaines ventes de légumes solidaires du PCF Morlaix à Pors-ar-Bayec dans le quartier de la Madeleine les 7 juin et 12 juillet 2025
8 mai 2025 : Discours de Pierre-Yves Thomas au cimetière de Huelgoat pour l'hommage à Fernand Jacq
Photos de Jean-Luc Le Calvez
La section PCF de Carhaix-Huelgoat, la fédération PCF du Finistère ont tenu en ce jour du 80 ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, de la victoire sur l’Allemagne nazie et le fascisme, à rendre hommage à Fernand JACQ, en cette commune du Huelgoat où il fut médecin et un militant communiste très apprécié de la population.
Bien qu’étant né à Granville dans la manche, il arrive en Bretagne peu après sa naissance dans la petite commune de Pleyber-Christ. Élève studieux et brillant malgré une santé fragile, il s’oriente vers des études de médecine et sort diplômé de la faculté de Rennes, ville où il rencontre sa femme. En 1930, Fernand JACQ adhère au Parti Communiste Français alors qu’il est étudiant à Rennes. En 1933, il revient dans le Finistère et s’installe au Huelgoat comme médecin, terminant sa thèse de doctorat en médecine en 1934.
Sa mère écrira en 1945, qu’elle l’interrogea sur son engagement politique. Il lui répondit : « Parce que j’ai eu faim ! Et que je travaille pour qu’il n’y ait plus de misères ».
En 1937, Fernand JACQ était candidat du PCF aux cantonales au Huelgoat, il était en même temps secrétaire de la section du Huelgoat, membre du comité régional du PCF.
De 1935 à septembre 1939 Fernand JACQ sera conseiller municipal au Huelgoat date à laquelle le Parti Communiste Français sera interdit. Néanmoins Fernand JACQ participera activement à sa restructuration, dans ce pays des Monts d’Arrée.
Lorsque la guerre éclate, Fernand Jacq est contrarié de n’être pas mobilisé. Il est réformé pour raison de santé mais adresse un courrier au préfet du Finistère par lequel il demande d’être incorporé dans un régiment quelconque. Il souhaite, d’après le témoignage de sa mère, être aux côtés de ses camarades dans le combat. Sa demande est rejetée et il est contraint d’attendre l’arrivée des Allemands au Huelgoat.
A l’arrivée des troupes d’occupation à Pont-Aven, commune de résidence de ses parents, un notaire menace et rappelle les engagements politiques de Fernand JACQ à son père. Il déclare espérer que le médecin sera bientôt fusillé. Le médecin est déchu de son mandat politique par le Gouvernement de Vichy.
Le médecin est empêché par les Allemands et sa mairie collaboratrice de circuler en voiture dès la fin 1940 il n’a pas de bons d’essence pour ses déplacements.
Qu’importe, il va de village en village, à pied ou à bicyclette, dans la boue ou la neige, apporter aux malades soins et réconfort moral. Sensible au courage quotidien des paysans des Monts d’Arrée arrachant à une terre ingrate une maigre subsistance, il en est aimé à cause de sa simplicité et de sa générosité.
Naturellement, Fernand JACQ rejoint la Résistance en adhérant en 1941 au Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Il procède à de nombreux recrutements et est l’un des organisateurs des premiers groupes de FTP (Francs-Tireurs et Partisans) dans le Finistère. En juin de la même année, il est désigné comme responsable départemental du Service Sanitaire et réussit rapidement à mettre sur pied les éléments d’une organisation qui rend de grands services à la Résistance. Fernand JACQ est arrêté le 3 juillet 1941, probablement victime d’une des innombrables lettres de délation envoyées aux autorités sous l’Occupation. Il est immédiatement conduit dans le camp d’internement de Choisel, à Châteaubriant (Loire-Inférieure).
Dans les lettres adressées à sa famille, le Docteur JACQ ne renie jamais ses engagements et redit sa fierté de partager le sort de millions d’Hommes, d’être enfermé à Choisel au milieu de camarades constituant « l’élite de la France ». Il écrit aussi : « Il y a plus d’intelligence ici que dans n’importe quel lycée de France et nous vivons dans l’attente d’un avenir que nous sentons très proche, avec la certitude de la victoire ».
L’abattement n’est donc pas de mise et Fernand JACQ est très actif dans le camp, il dispense durant sa captivité des cours de breton pour les autres otages du camp et met en place une chorale bretonne.
Côté population, l’émoi suscité par l’arrestation du médecin est grand. L’arrestation de Fernand JACQ choque donc bien la population du Huelgoat, à tel point que le Sous-Préfet de Châteaulin semble craindre que son maintien en détention ne constitue un danger dans le rapport des autorités avec la population locale.
Á la suite d’attentats à Paris, les Allemands décident de fusiller 100 otages ; neuf seront pris dans le camp de Choisel. Parmi eux figure Fernand JACQ. Vers midi, le 15 décembre 1941, ils sont conduits en plein cœur de la forêt de Juigné, au bord de l’étang de La Blisière où ils sont exécutés aux alentours de 15 heures.
Au moment du départ des otages pour le lieu de l’exécution, les prisonniers du camp de Choisel s’étaient mis à entonner la Marseillaise, certains chantèrent le Bro gozh ma zadoù, d’autres enfin entonnèrent l’Internationale en breton.
L’espoir et la résistance à l’oppression ne quitta pas ces hommes comme en témoigne encore la dernière lettre de Fernand JACQ, lettre d’adieux rédigée à ses parents le jour même de l’exécution.
Fernand JACQ ne manque pas de rappeler dans cet écrit que lui et ses camarades ne sont pas les premières victimes de l’occupant au camp de Choisel et commémore les fusillés du 22 octobre 1941. Ce jour-là, les Allemands avaient fusillés 27 détenus du camp de Choisel dont le jeune Guy Môquet (17 ans).
L’émotion est grande à la mort du médecin du Huelgoat. C’est à la libération qu’on mesurera l’impact qu’eurent ces exécutions arbitraires de civils parmi la population française.
Médecin de campagne, médecin des pauvres, profondément humaniste, Fernand JACQ était considéré comme une sorte de « saint laïc » au Huelgoat, dans la montagne rouge de l’Arrée. Il était très estimé dans toute la région du Huelgoat où il fit campagne pour le développement de l’hygiène.
Selon Pierre Guyomarc'h, ancien FTP, cité par Fernand Grenier, dans son livre, (Ceux de Châteaubriant), la mort de Fernand JACQ va susciter une vive recrudescence de l’activité patriotique dans tout le Finistère et fera lever de nombreux combattants décidés à venger JACQ et à chasser l’envahisseur.
Dans son ultime message Fernand JACQ écrit : « La mort naturelle libère l’humanité de ses fragments usés; la mort violente donne par réaction, une énergie nouvelle à cette humanité. Toute ma vie, j’ai lutté contre la guerre et pour une vie meilleure, pour le progrès. Les morts sont de grands convertisseurs. Ma mort sera utile… »
Fernand JACQ, avec la grande majorité des 700 détenus, avait refusé de signer une déclaration d’allégeance à Pétain.
Les Allemands, rapporte le grand résistant communiste Fernand Grenier, voulaient éviter de faire traverser Châteaubriant aux condamnés pour les emmener à la sablière comme les 27 fusillés du 22 octobre, tant l’émotion était grande dans la ville de Loire-Inférieure après ce crime.
Les 9 condamnés à mort communistes furent attachés aux arbres dans la forêt. Les Allemands avaient décidé d’assassiner au fond d’un bois, loin de toute agglomération.
Les communistes Finistériens sont fiers d’avoir eu comme camarade un homme comme Fernand JACQ. En lui rendant hommage aujourd’hui, ils n’oublient pas les sacrifices de ces hommes et de ces femmes, souvent au péril de leur vie, pour l’émergence d’un monde plus juste et de paix.
Allocution ANACR – Capitulation de l’Allemagne Nazie
8 mai 2025 – Berrien – Tredudon-Le-Moine
Monsieur le Maire,
Mesdames, messieurs les élus,
Mesdames, messieurs les Portes-drapeaux,
Mesdames, messieurs, fidèles du devoir de mémoire,
C’est avec beaucoup d’honneur que je m’adresse à vous en ce jour, ici à Berrien, à Trédudon-Le Moine, 1er village résistant de France, entouré par nos camarades, au nom de l’ANACR.
Nous commémorons aujourd’hui,la résistance, la victoire des Alliés sur le nazisme et sur l’obscurantisme qui sont à l’origine d’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité, de notre histoire.
Commémorer cette date, cette victoire, c’est également rappeler les défaites qui l’ont précédé ainsi que les terribles errances qui les ont nourries. « les vivants ne peuvent plus rien apprendre aux morts, (…) les morts au contraire, instruisent les vivants » disait Chateaubriand.
Nous devons toujours nous rappeler que cette victoire du 8 mai est d’abord celle de millions de combattants. Ces soldats du monde entier, de la France coloniale, ces civils hommes et femmes, ces victimes juives dont de nombreux enfants, homosexuelles, tziganes ; ces résistants, ces combattants sont tous des artisans de cette victoire.
Aujourd’hui, c’est d’abord à eux que nous pensons, à eux que
nous rendons hommage. Un hommage à ces armées visibles et invisibles, ces hommes et femmes volontaires qui ont donné leur vie pour qu’arrive ce jour de liberté, pour que nous soyons libres, 80 ans après.
Le 8 mai est une victoire sur la dictature et le fascisme, la victoire d’hommes et de femmes d’horizons différents, souvent opposés, mais qui ont décidé d’unir leurs forces, de se rassembler pour défendre leurs idéaux communs de liberté, d’égalité de justice et de dignité.
Cette date ne signifie pas pour autant la fin de la seconde Guerre Mondiale. Jusqu’en septembre 1945, des centaines de milliers d’hommes et de femmes, militaires et civils, ont perdu la vie dans le Pacifique notamment. Les deux bombes atomiques larguées début août sur le Japon nous permettent de mesurer toute l’horreur et l’impact que ce conflit a eut sur les populations.
En France, ceux qui ont donné leurs vies étaient habités par des convictions, un courage et une volonté à toutes épreuves, qui ont menés notre pays à la victoire. Une volonté qui ne s’est pas arrêtée à la victoire idéologique et militaire. En effet, suite à la capitulation allemande, la paix était loin d’être acquise, elle était même fortement menacée, notre pays était ravagé. Il fallu construire la paix, rassembler les français.
En cette année 1945, première année civile de la paix rétablie, la France est dévastée, en proie à toutes les souffrances. Les plaies sont béantes, c’est la découverte de l’horreur des camps, le retour des prisonniers, déportés et travailleurs forcés. Les survivants ont du mal à raconté l’horreur d’où ils reviennent. Les fractures de la société française sont à vif, le territoire est dévasté par les combats. L’économie est au plus mal.
C’est dans ce contexte que renaît la France Nouvelle : une réforme des institutions décidée par le peuple, un nouveau modèle social et économique. Sans l'appel du 18 juin 1940, sans ce cri de colère face à l'invasion et la désespérance d'un pays tout entier, sans ceux qui refusèrent la soumission, pas de Librerté.
L’avenir fût bâti par le Conseil National de la Résistance. La cause de leur combat commun dépassait le sens de leur propre vie. C’est leurs convictions et
leur détermination qui a porté toute une nation. Ils ont posé les fondations de notre monde d’aujourd’hui.
Cette horreur, il y a 80 ans, a trouvé son essence et sa force dans la haine semée dans les consciences de chacun, en profitant avec un cynisme inouï de l’aggravation des tensions culturelles et sociales dans une société en crise.
80 ans après, de nombreux signaux doivent nous alerter. Aussi, ne laissons pas glisser notre pays dans la haine de l’autre. Comme l’écrivait Louis Aragon en 1943 :« Je vous salue ma France où les blés et les seigles mûrissent au soleil de la diversité ».
Ces dernières années, ces derniers mois, ces dernières semaines nous rappellent que face à la progression intolérable du racisme, de l’antisémitisme et du communautarisme dans notre société, nous devons être à la hauteur de ces combattants de la liberté, ne pas « trahir le passé » et encore moins
« hypothéquer l’avenir ».
Nous nous rappelons Jean Jaurès, homme politique français, homme de paix, lâchement assassiné en 1914. Jean Jaurès ne cessait de nous alerter sur la nature même des Hommes : « Toujours, même à l’état de l’apparent repos, nos sociétés portent en elles la guerre comme la nuée porte l’orage ».
Les 60 millions de morts d’un conflit unique par l’ampleur de sa violence, ont conduit à l’avènement d’un monde nouveau et ces victimes ont encore bien des choses à nous enseigner.
Nous devons faire ce travail ensemble. Face au négationnisme, au révisionnisme, à la haine, à la réécriture de l’Histoire, aux interprétations… Face à l’oubli, à l’oisiveté, au désintérêt, entretenir la flamme pour qu’elle ne s’étouffe pas sous les cendres de multiples incendies, est notre rôle essentiel. Et nous n’avons qu’un seul mot d’ordre : Résistance.
Leïla Sarrazin
(avec Yoann Daniel pour la rédaction)
Comité ANACR du Finistère.
Photos Hervé Ricou
Intervention de Jean-Yvon Ollivier pour la CGT au rassemblement de Tredudon-le-Moine pour la Paix, le progrès social et contre le fascisme le 8 mai 2025 à l'initiative du PCF (Photo de Hervé Ricou)
Bonjour à toutes et à tous.
Tout d'abord, au nom de la CGT, nous voudrions remercier la Fédération finistérienne du PCF pour son invitation à cette commémoration.
Peut-être, pourrions nous résumer les raisons de notre présence, ici, aujourd'hui, dans ce lieu, par une citation de Georges SEGUY : « Connaître notre passé pour comprendre le présent et préparer l'avenir ».
Elle est toujours pertinente et contribue à garder notre mémoire … vivante !
Pourtant, ce 8 mai, 80 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, se tient dans un contexte de montée des nationalismes, d’escalade guerrière, tant dans les actes que dans les propos de nos dirigeants mondiaux, européens et nationaux.
Mais, comme nous l'avions fait lors du rassemblement du 1er mai, journée internationale pour les droits des travailleuses et travailleurs, nous continuons d'affirmer qu'il n’y a pas de paix sans justice sociale, et pas de justice sociale sans paix !
Une paix juste et durable, c'est à dire non pas aux conditions des agresseurs, mais dans le respect du droit international.
Les conflits guerriers sont à l’origine de millions de morts et touchent les populations, les femmes et les enfants. Ils sont aussi à l’origine de reculs des droits sociaux, de la démocratie au nom de l’effort de guerre et du soutien à la Nation.
Ainsi, les dirigeants européens se sont empressés d’annoncer le réarmement de l’Europe, l’accélération des cadences de production des industries et la mise à disposition de l’Europe de l’armement nucléaire français et anglais. Pour financer le tout, 800 milliards d’euros dont 150 milliards pour la France ont été trouvés en 48 heures, une dérogation aux critères de Maastricht ayant été accordée aux pays de l’Union Européenne.
Dans son discours du 5 mars dernier, le président de la République indiquait que les dépenses supplémentaires engagées par la France n’engendreraient pas d’augmentation des impôts et que les financements seraient trouvés, mais sans préciser où.
Le 15 avril, le Premier ministre, après la réunion du comité d’Alerte du budget, annonçait une préparation ambitieuse et exigeante du projet de budget pour 2026 en brandissant l’étendard de la dette comme un piège dangereux et inacceptable ! Budget 2026 dont les quatre axes (indépendance en matière de sécurité et défense, refus du surendettement, refondation de l’action publique, relance de l’activité économique du pays) seront, dit-il, détaillés mi-juillet.
Pas besoin d’être devin pour savoir que le gouvernement ne touchera pas aux finances des entreprises, aux dividendes des actionnaires, en particulier ceux des entreprises françaises d’armement. En revanche, les dépenses publiques, le financement des services publics, des budgets sociaux et plus particulièrement de la sécurité sociale, des retraites risquent d’être sacrifiés sur l’autel de l’économie de guerre.
Une économie de paix est donc à construire.
La nécessité de la paix est dans l’ADN de la CGT.
Nous pensons que la meilleure façon de perpétuer l'engagement des femmes et hommes de la Résistance est de faire croître cette culture de la paix.
Au surarmement, à la guerre, la CGT oppose la coopération internationale, la solidarité entre les peuples, une politique de développement économique et sociale au service des populations et la construction de nouveaux droits pour les peuples.
Ce climat, ainsi que les propos xénophobes de l’exécutif, ne font que renforcer les idées racistes, antisémites, islamophobes, sexistes, homophobes, transphobes et cherchent à opposer les travailleur-ses actif-ves comme retraité-es.
Plus que jamais, la solidarité est à préserver et la lutte contre ces idées doit s’amplifier.
Nous finirons alors par cette autre citation : « La paix n'est pas seulement l'absence de guerre, c'est la construction permanente de l'humanité » disait le généticien Albert JACQUARD.
Merci de votre attention.
Intervention de Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère, le 8 mai 2025 au rassemblement de Trédudon-le-Moine
Cher ami.e.s, cher.e.s camarades, cher.e.s partenaires,
C'est dans un climat lourd de violences et de menaces, dans un contexte bien particulier de retour en grâce de l'extrême-droite, du fascisme et du nationalisme, avec des moyens d'influence et de domination destructeurs, comme du racisme et de l'antisémitisme, que nous rendons hommage, 80 ans après la reddition de l'Allemagne nazie, aux combats, aux idéaux et aux valeurs qui ont inspiré la Résistance populaire intérieure.
Le hameau de Tredudon-le-Moine est ce lieu emblématique de la Résistance en Bretagne et en France, Résistance à l'occupant allemand, au fascisme et au nazisme, à la collaboration de l’État français et de l'administration officielle de l'époque.
Le village a servi à stocker des armes abandonnés par les troupes alliés britanniques à Saint Thégonnec dès 1940, il a servi de base arrière, de lieu de refuge et de réunion pour la résistance finistérienne et bretonne, pour les dirigeants communistes de l'Organisation spéciale et des FTP. On y a abattu des soldats allemands qui auraient pu trahir des résistants. Sous la direction de Pierre Plassart, qui stockait les armes, les habitants de Tredudon et de Berrien ont si bien participé à l'effort de résistance à l'occupation, que Tredudon et la commune de Berrien compteront à la fin de la guerre 22 résistants fusillés, 16 déportés, 11 résistants tués au combat.
Parmi eux, à Berrien, Jean-Marie Plassart, dont la nièce, fille de Pierre Plassart, est venue nous apporter des documents il y a quelques années, et la photo de Jean-Marie, le 27 mai 2020, lors d'une commémoration organisée par le PCF, pour la Journée nationale de la Résistance.
Jean-Marie Plassart, 23 ans, communiste depuis le Front Populaire, qui, arrêté par la Police française, torturé, ne parlant pas, est déporté Nuit et Brouillard et meurt près du camp de concentration de Mathausen.
Jean Créoff, cultivateur communiste de Berrien lui aussi, FTP, déporté.
Joseph Créoff, mort en camp de concentration.
Pierre Grall, arrêté le 5 juin 1944, après avoir servi comme militant communiste dans les FTPF et avoir effectué plusieurs sabotages, attaques, actions armées, qui sera affreusement torturé par les soldats allemands à qui il avait été dénoncé après un parachutage d'armes alliées, et qui mourut en déportation à Dora, le sinistre camp enterré où l'on construisait les fusées secrètes des nazis, les V2 de l'ingénieur Werner Van Braun, qui servit ensuite le programme aérospatial américain pour aller sur la Lune, et n'eut pas de compte à rendre sur sa participation aux crimes contre l'Humanité infligés aux déportés.
Le frère de Pierre Grall, Marcel Grall, de Berrien lui aussi, agriculteur puis terrassier communiste, dirigeant des FTP de la région du Faou, dénoncé et torturé par la police française avant d'être fusillé en même temps que 28 de ses camarades le 8 juin 1944, 2 jours après le débarquement allié de Normandie.
Je ne pourrai les citer tous, même s'ils le méritent, ces martyrs de la liberté de Berrien et de Tredudon-le-Moine, qui eurent le courage de ne pas se soumettre, de résister, de dire non à l'avilissement, à la lâcheté, à la compromission avec les "fausses" valeurs de l'occupant nazi et du régime ultra-réactionnaire et antisémite du maréchal Pétain.
Tredudon-le-Moine, à la libération, village de 200 âmes à peine, se verra décerner le titre de premier village résistant de France. Une stèle est inaugurée en 1957 pat Marcel Prenant, chef d'état-major des FTPF, en présence de toutes les organisations de la Résistance.
Rappel utile contre tous les négationnismes et révisionnismes!
Les communistes ont fait bien des erreurs dans l'Histoire, au début de la seconde guerre mondiale notamment, avec le pacte germano-soviétique. Staline s'est lui aussi montré très souvent impitoyable, cynique et cruel, indifférent à la vie humaine et prêt à tout sacrifier à sa volonté de puissance et sa paranoïa... Mais les communistes, il faut le dire aussi, traqués, emprisonnés, envoyés dans les bagnes et les camps de concentration, destitués de leurs mandats, interdits d'activité politique, depuis septembre 1939, ont résisté à la réaction et à la dictature, aussi bien de l'état d'urgence anti-communiste de Daladier que de Vichy, depuis ce moment-là. Ils ont semé les graines de la rébellion et du soulèvement dans le peuple français. lls ont constitué plus de la moitié des effectifs de la résistance populaire intérieure et ont payé le plus lourd tribut, parmi les différentes familles politiques et sociales de la France, comme de l'Europe, à la répression, aux camps de concentration, aux tortures, aux exécutions d'otages et de résistants.
Ils étaient partisans, pas veules, pas individualistes, pas indifférents, pas compromis ni cyniques.
Même condamnés à morts, quelques minutes avant leur exécution, ils ne regrettaient rien de leurs engagements avec les camarades. Ils savaient qu'ils étaient du bon côté de l'histoire. Que la victoire était proche. Et croyaient qu'elle allait amener un monde de Paix, d'amitié entre les peuples, de justice sociale, d'égalité des droits, de dignité des travailleurs et de la personne humaine.
Ces résistants communistes que la République française sous Daladier, la presse réactionnaire, Vichy et les Nazis, avaient voulu bannir et éradiquer de la communauté nationale, ont relevé la Nation française par la force de leur espoir et de leur idéal, leurs sacrifices et leur courage, leur discipline et leur dévouement, et ils l'ont fait dans un esprit d'Unité et de Rassemblement de tous les courants de la Résistance nationale, avec les gaullistes, les socialistes, les radicaux, les nationalistes de droite et les chrétiens engagés dans la résistance. "Celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas... Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat", écrivait Aragon dans "La Rose et le réséda".
Ensemble, ils ont conçu dans la France occupée et à Alger, et mis en œuvre à la Libération, le programme du Conseil National de la Résistance, magnifiquement baptisé "Les Jours Heureux".
Un programmé basé sur la fondation d'une démocratie nouvelle et refondée, autour notamment de la Sécurité sociale, mise en place par le ministre du travail Ambroise Croizat, basée sur l'accès à la retraite et aux soins, aux garanties contre les accidents de travail et la maladie, pour tous, sur un principe d'universalité et de contribution des richesses produites par le travail et des profits, et de gestion par les syndicats de ce qui deviendra le premier budget de la nation. Chacun contribue selon ses moyens, chacun reçoit selon ses besoins. On en fête le 80ème anniversaire cette année dans un moment où ses principes ont été ébranlés et battus en brèche par des décennies de politiques néo-libérales et capitalistes. Le programme du CNR, c'était aussi la création de grands services publics et entreprises d’État dédiées à l'intérêt général plutôt qu'au profit financier comme l'énergie, l'électricité et le gaz, le rail avec la SNCF, les arsenaux, les banques, les télécommunications. La création du statut des fonctionnaires et de la fonction publique par Maurice Thorez. L'indépendance de la presse par rapport aux monopoles capitalistes, avec ses garanties, l'épuration de l'administration, de la police et des médias de la collaboration. On en rêve! Le droit au travail consacré dans la constitution de la IVe République avec le droit social intégré aux droits de l'homme comme préalable de la liberté concrète. La reconstruction de l'indépendance et de la souveraineté industrielle, énergétique, de défense de la France. Ce programme de travail fut immense, notre pays en est toujours l'héritier dans ce qui fait le meilleur de notre République et de notre modèle social.
Bien sûr, cet effort de refondation nationale ne fut pas exempt de contradictions et de paradoxes tragiques. Ainsi, de hauts fonctionnaires ayant appliqué la collaboration et la politique antisémite vont bientôt réintégrer les grands corps de l'état à la faveur de la guerre froide et de la priorité mise à la lutte contre le communisme, comme Papon et Bousquet, mais aussi un certain nombre d'officiers. Le 8 mai 1945, ne l'oublions pas, surtout en cette période de renouveau de la phobie anti-algérienne et anti-arabe, c'est le point de départ des massacres de Sétif, Guelma, Kherrata, acte 1 des guerres de colonisation atroces qui vont suivre, en Indochine d'abord, avec le bombardement d'Haiphong en 1946 et la rupture des discussions avec Ho-Chi-Minh, puis en Algérie à partir de 1954, 9 ans après les 30 000 à 40 000 algériens massacrés dans le Constantinois.
Si nous avons voulu organiser ce rassemblement, c'est parce que l'héritage du Conseil National de la Résistance et des combats et idéaux de la Résistance est aujourd'hui bafoué par des politiques capitalistes et inégalitaires qui fragilisent notre démocratie sociale et politique, font régner la loi du fric et des inégalités, se traduisent par une défiance grandissante vis-à-vis de la politique, et la montée du ressentiment et des populismes et extrémismes.
Si notre rassemblement prend aujourd'hui tout son sens, c'est parce que les idéaux de Paix, de souveraineté des peuples, d'auto-détermination de ceux-ci, de refus de l'impérialisme et des dominations sociales et économiques qui vident la démocratie de contenu et contredisent l'égalité naturelle des hommes comme notre devoir de fraternité et de solidarité, sont aujourd'hui pulvérisés par un nouvel ordre mondial basé sur les brutalités, la prédation, le rejet de l'autre.
La montée des menaces de guerre internationale, l'invasion de l'Ukraine, le génocide et le nettoyage ethnique des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, infligés par Netanyahou et son gouvernement d'extrême-droite avec la complicité et l'aide des États-Unis et de nombreux états européens, l'émergence d'un néo-fascisme appuyé sur le capitalisme et l'économie numérique dont l'élection de Trump aux Etats-Unis est l'illustration terrifiante, le risque de destruction généralisée que vont peser les menaces climatiques, écologiques, l'arme atomique, nous inquiètent profondément et nous ordonnent de remettre sur le métier les combats pour la liberté, l'égalité, la fraternité, la Paix et la fin du colonialisme, la laïcité et la démocratie vraie, dans un esprit de rassemblement des bonnes volontés et des progressistes.
Citons pour terminer Albert Abalain, fils d'un poudrier et d'une ménagère de Quimerc'h, militant du PCF depuis 1936, chef départemental des FTP naissants, arrêté en octobre 1942, et fusillé avec 18 autres résistants finistériens le 17 septembre 1943 au Mont Valérien. C'est sa dernière lettre de condamné à mort, à ses parents:
"Mes chers parents, j'ai confiance en l'avenir, j'ai la certitude que nous sortirons victorieux du combat auxquels nous ont contraints les fascistes.
Je sais mes chers Parents que ma mort vous plongera dans le désespoir, mais songez à la grandeur de l'idéal pour lequel je donne ma vie.
Songez que je meurs pour que d'autres parents, plus tard, ne connaissent pas mes tourments.
Pensez que je fais le sacrifice suprême pour sortir les masses laborieuses de l'animalité de l'esclavage où les tient le capitalisme international.
Dans la cité nouvelle, le travailleur aura enfin la place qui lui revient, la première.
Partout les peuples dans l'abondance, libres égaux en droits, sans distinction de races.
Partout le bonheur dans la Paix internationale car les exploiteurs auront été impitoyablement liquidés. Aux divisions et aux luttes qui affaiblissent les masses laborieuses, et que les capitalistes entretiennent soigneusement, après les avoir provoquées, fera place la fraternité"
Enfin, je voudrai faire entendre ici le très beau poème de notre camarade Marianne Perrot, ici présente.
Photo Hervé Ricou - Rassemblement de Trédudon-le-Moine, 8 mai 2025, Intervention de Antoine Gauchard pour la FSU
Photo Hervé Ricou - Rassemblement de Trédudon-le-Moine, 8 mai 2025, Intervention de Antoine Gauchard pour la FSU
Photo Jean-Luc Le Calvez - Rassemblement de Trédudon-le-Moine, 8 mai 2025, Intervention de Antoine Gauchard pour la FSU
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