Le maire de Plouha, Xavier Compain, est à l’origine d’un appel d’une quarantaine d’édiles des Côtes-d’Armor. Ils menacent de ne plus payer les factures des maisons de retraite face aux prix de l’énergie, et ont été reçus par Aurore Bergé.
En juillet, l’élu communiste de Plouha, Xavier Compain, et une quarantaine de maires des Côtes-d’Armor ont lancé un appel, menaçant de ne plus payer les factures d’énergie des Ehpad, gonflées par l’explosion des prix du gaz et de l’électricité (jusqu’à 400 000 euros de déficit par commune). Ce jeudi, les édiles ont enfin été reçus par la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, afin de rappeler l’État à ses responsabilités.
Vous menacez de ne pas payer les factures, de ne pas voter les budgets pour 2024. Où en êtes-vous ?
C’est toujours d’actualité. En janvier, si on n’a rien vu bouger concrètement pour nos établissements en difficulté, on ne votera pas les budgets des Ehpad. Un tel refus des maires, ce serait inédit. Je rappelle que dès qu’un établissement est déficitaire, c’est de la faute des maires… Or l’État n’assume pas complètement ses responsabilités. Nous sommes en train d’étudier ce problème juridiquement.
Nous participerons aussi aux mobilisations du 4 octobre dans les établissements avec la Fnadepa (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées – NDLR). Notre mouvement, parti de Bretagne, se réunit également le 21 septembre sur la commune de Bégard. Nous sommes au moins cent maires mobilisés.
Êtes-vous satisfaits de votre entrevue avec la ministre des Solidarités, dans l’optique d’obtenir une aide de l’État pour faire face aux déficits des Ehpad publics ?
Les élus se sont invités dans ce débat. Nous avons obtenu la création de commissions départementales comprenant les services de l’État (la Direction générale des finances publiques) et les élus, dont les maires. Jusqu’ici, les discussions n’avaient lieu qu’entre les Ehpad en difficulté et les Agences régionales de santé.
Nous aurons également un comité de liaison rassemblant le ministère, les parlementaires et les maires, pour le travail à long terme. Enfin, nous renforcerons nos liens avec les députés et sénateurs dans la perspective des différents sujets qui vont arriver au Parlement : la loi grand âge, par exemple. Si nous n’avions pas bougé, il ne se serait rien produit de tout ça. Le débat parlementaire ne se fera pas sans nous.
Qu’avez-vous dit à la ministre ?
Sur les mesures de court terme, il s’agit de regarder la situation par Ehpad. Mais nous parlons d’intérêt général, pas de nos seuls établissements. En termes de financements, nous avons posé la question de rendre effective la cinquième branche de la Sécurité sociale (dédiée à l’autonomie et créée en décembre 2021 – NDLR), de l’intérêt de penser la dépendance à long terme.
Mais la ministre nous oppose des arguments financiers. Il faut pourtant répondre à cette mission à long terme : à la fin de sa vie, on doit avoir les moyens, parce qu’on a cotisé, d’obtenir un « lieu d’atterrissage » en cas de dépendance. Nous ne revenons pas mécontents de ce rendez-vous, ni naïfs… Il n’y a pas d’annonces en termes financiers. Mais la question est posée. Nous sommes pressés. Il nous faut vite des réponses pour nos établissements en cessation de paiements, et enclencher le travail parlementaire.
Votre mouvement s’élargit-il au-delà de la Bretagne ?
Ça bouge dans le Centre, dans le Limousin, un peu partout. C’est parti de chez nous. Nous étions trois le 12 mai à parler des Ehpad. Depuis ils sont des dizaines à nous avoir rejoints. Il fallait le faire. C’est bien de nous soutenir en cas d’agressions. C’est mieux de nous soutenir dans nos politiques publiques.
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