Víctor Lidio Jara Martínez (193261973) était un chanteur auteur-compositeur-interprète populaire chilien.
Membre du Parti communiste chilien, il fut l'un des principaux soutiens de l'Unité Populaire et du président Salvador Allende. Ses chansons critiquent la bourgeoisie chilienne (Las Casitas del Barrio Alto, Ni Chicha Ni Limona), contestent la guerre du Viêt Nam (El Derecho de Vivir en Paz), rendent hommage aux grandes figures révolutionnaires latino-américaines (Corrido De Pancho Villa, Camilo Torres, Zamba del Che), mais aussi au peuple et à l'amour (Vientos del pueblo, Te recuerdo Amanda).
Arrêté par les militaires lors du coup d'État du 11 septembre 1973, il est emprisonné et torturé à l'Estadio Chile (qui se nomme aujourd'hui Estadio Víctor Jara) puis à l'Estadio Nacional avec de nombreuses autres victimes de la répression qui s'abat alors sur Santiago. Il y écrit le poème Estadio de Chile qui dénonce le fascisme et la dictature. Ce poème est resté inachevé car Víctor Jara est rapidement mis à l'écart des autres prisonniers. Il est assassiné le 15 septembre après avoir eu les doigts coupés par une hache.
Après avoir été enterré semi-clandestinement le 18 septembre 1973, il est enterré le 5 décembre 2009 (après 3 jours d'hommage populaire) dans le Cimetière Général de Santiago lors d'une cérémonie à laquelle assistèrent sa veuve Joan Turner et leurs deux filles Manuela et Amanda, l'ancienne présidente du Chili Michelle Bachelet, et plus de 5000 personnes.
Après un parcours à travers les différents quartiers de Santiago, les restes du chanteur furent apportés au Memorial de Detenidos Desaparecidos, pour une cérémonie intime où sa famille lui a rendu hommage, avant que Victor Jara ne soit enterré au Cimetière Général. Certaines de ses chansons les plus connues, comme Te recuerdo Amanda ou Plegaria a un labrador, ont été entonnées par le public présent[2].
http://www.youtube.com/watch?v=U1VxD6boMdg
http://www.youtube.com/watch?v=ofdnUcu-_3c
Julos Beaucarne - Lettre à Kissinger |
{Parlé:} Il y a des centaines de silences qui assassinent Pendant des siècles et des siècles Nos oreilles sont là pour nous tenir éveillés Il y a des réveille-matin qui sonnent comme des clairons Il y en a peu qui chantent des berceuses Je veux te raconter, Kissinger, L'histoire d'un de mes amis Son nom ne te dira rien Il était chanteur au Chili Ça se passait dans un grand stade On avait amené une table Mon ami qui s'appelait Jara Fut amené tout près de là On lui fit mettre la main gauche Sur la table, et un officier D'un seul coup avec une hache Les doigts de la gauche a tranchés D'un autre coup, il sectionna Les doigts de la dextre et Jara Tomba, tout son sang giclait Six mille prisonniers criaient L'officier déposa la hache Il s'appelait p't-être Kissinger Il piétina Victor Jara "Chante !" dit-il "Tu es moins fier" Levant les mains vides des doigts Qui pinçaient hier la guitare Jara se releva doucement "Faisons plaisir au commandant" Il entonna l'hymne de l'U De l'Unité Populaire Repris par les six mille voix Des prisonniers de cet enfer Une rafale de mitraillette Abattit alors mon ami Celui qui a pointé son arme S'appelait peut-être Kissinger Cette histoire que j'ai racontée, Kissinger, ne se passait pas En quarante-deux mais hier En septembre septante-trois |