Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 septembre 2013 3 11 /09 /septembre /2013 15:57

Voici, sur le coup d'Etat de Pinochet contre la République sociale d'Allende, un très bon article avec des films d'archives que nous a conseillé et mis en lien un camarade du Front de Gauche Morlaix:  

 

http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18626844.html

 

Le 11 septembre 1973, 3 ans après l'installation d'une coalition de rassemblement de gauche qui avait en particulier nationalisé des gisements miniers, accompli une première réforme agraire au profit des pauvres, les généraux félons ont voulu briser l'élan du gouvernement d'unité populaire (UP) du socialiste SAlvador Allende, avec l'appui des Etats-Unis de Kissinger, traquant de manière massive les opposants de gauche et les syndicalistes. La dictature de Pinochet fera 40000 victimes, dont 38000 torturés et 3000 exécutés et "disparus"...

Le journal L'Humanité a sorti un hors série exceptionnel sur le 11 septembre 1973 (8 euros). Pour le commander: http://www.humanite.fr/medias/hors-serie-chili-lespoir-assassine-548260

 

hs_chili.jpg

 

" Ce nouveau hors-série exceptionnel de l’Humanité est accompagné d’un CD conçu par le groupe Zebda autour de la figure du grand musicien martyr Victor Jara, auquel ils rendront également hommage sur la grande scène de la Fête de l’Humanité, samedi 14 septembre.

Nos deux envoyés spéciaux, Cathy Ceïbe et Bernard Duraud, se sont rendus au Chili au printemps et en ont ramené reportages et entretiens avec des grandes figures historiques ou intellectuelles, engagées dans les combats politiques et syndicaux, d’hier et d’aujourd’hui : Hugo Fazio, Guillermo Teiller, Barbara Figueroa, Camilla Vallejos, Eduardo Contreras… auxquels s’ajoutent ceux du cinéaste Patricio Guzman, de l’universitaire John Dinges, ou encore de la réalisatrice Marie-Monique Robin…

L’expérience révolutionnaire des cent jours de l’Unité populaire, le rôle de Salvador Allende, les figures du grand poète, Nobel de littérature, Pablo Neruda, de Victor Jara ou de la figure communiste historique Gladys Marin font revivre cette période et éclairent les raisons du coup d’État puis de la répression sanglante qui s’est ensuivie.

Ce hors-série Chili, l’espoir assassiné est exceptionnel aussi par la richesse de ses illustrations, avec un travail iconographique qui en fait un outil historique à part entière, avec, en particulier, un reportage photo de Raymond Depardon réalisé, à l’époque, à Santiago sous la botte.

Portraits, analyses, points de vue rythment ce numéro exceptionnel, avec les témoignages de José Fort et Jean Ortiz, journalistes à l’Humanité envoyés au Chili en 1973 et 1978, et les contributions de Patrick Apel-Muller, Fabien Cohen, Frank Gaudichaud…

Enfin, des documents d’époque vous donneront à voir comment l’Humanité en a rendu compte et a accompagné le vaste mouvement de soutien au peuple chilien, au Chili même et en exil. À lire en exclusivité : un entretien avec Amaya Fernandez Allende, petite-fille du président assassiné" . 

 

A lire dans un des livres de mémoires de Pablo Neruda, J'avoue que j'ai vécu, Pablo Neruda qui fut avant d'être l'allié son adversaire communiste aux élections présidentielles, ce portrait d'Allende et de la République sociale chilienne de 1970 à 1973:

 

"Mon peuple a été le peuple le plus trahi de notre temps. Du fond des déserts du salpêtre, des mines de charbon creusées sous la mer, des hauteurs terribles ou gît le cuivre qu'extraient en un labeur inhumain les mains de mon peuple, avait surgi un mouvement libérateur, grandiose et noble. Ce mouvement avait porté à la présidence du Chili un homme appelé Salvador Allende, pour qu'il réalise des réformes, prenne des mesures de justice urgentes et arrache nos richesses nationales des griffes étrangères.

Partout où je suis allé, dans les pays les plus lointains, les peuples admiraient Allende et vantaient l'extraordinaire pluralisme de notre gouvernement. Jamais, au siège des Nations Unies à New York, on n'avait entendu une ovation comparable à celle que firent au présent du Chili les délégués du monde entier. Dans ce pays, dans son pays, on était en train de construire, au milieu des difficultés immenses, une société vraiment équitable, élevée sur la base de notre indépendance, de notre fierté nationale, de l'héroïsme des meilleurs d'entre nous. De notre côté, du côté de la révolution chilienne, se trouvaient la constitution et la loi, la démocratie et l'espoir.

De l'autre côté il ne manquait rien. Ils avaient des arlequins et des polichinelles, des clowns à foison, des terroristes tueurs et des geôliers, des frocs sans conscience et des militaires avilis. Tous tournaient dans le carrousel du mépris. Main dans la main s'avançaient le fasciste Jarpa et ses neveux de Patrie et Liberté, prêts à casser les reins et le coeur à tout ce qui existe, pourvu qu'on récupère l'énorme hacienda appelée Chili. A leur côté, pour égayer la farandole, évoluait un grand banquier danseur, éclaboussé de sang: Gonzalez Videla, le roi de la rumba, lequel, rumba par-ci, rumba par-là, avait depuis belle lurette livré son parti aux ennemis du peuple...

Le Chili a une longue histoire civile qui compte peu de révolutions et beaucoup de gouvernements stables, conservateurs et médiocres. De nombreux présidaillons et deux grands présidents: Balmaceda et allende. Curieusement, l'un et l'autre sortent du même milieu: la bourgeoisie riche, qui se fait appeler chez nous "aristocratie". Hommes de principes, obstinés à rendre grand un pays amoindri par une oligarchie médiocre, ils eurent la même fin tragique. Balmaceda fut contraint au suicide parce qu'il refusait de livrer aux compagnies étrangères nos riches gisements de salpêtre. Allende fut assassiné pour avoir nationalisé l'autre richesse du sous-sol chilien: le cuivre. Dans les deux cas, les militaires pratiquèrent la curée. Les compagnies anglaises sous Balmaceda, les trusts nord-américains sous Allende, fomentèrent et financèrent des soulèvements d'état-major. 

Dans les deux cas, les domiciles des présidents furent mis à sac sur l'ordre de nos distingués "aristocrates". Les salons de Balmaceda détruits à coups de hache. La maison d'Allende, avec le progrès, fut bombardée par nos héroïques aviateurs.

Pourtant, les deux hommes se ressemblent peu. Balmaceda fut un orateur fascinant. Il avait une nature impérieuse qui le rapprochait chaque jour davantage du pouvoir personnel... Allende ne fut jamais un grand orateur. Gouvernant, il ne prenait aucune décision sans consultations préalables. Il était l'incarnation de l'anti-dictateur, du démocrate respectueux des principes dans leur moindre détail. Le pays qu'il dirigeait n'était plus ce peuple novice de Balmaceda mais une classe ouvrière puissante et bien informée. Allende était un président collectif; un homme qui, bien que n'étant pas issu des classes populaires, était un produit de leurs luttes contre la stagnation et la corruption des exploitateurs. C'est pourquoi l'oeuvre réalisée par Allende dans un temps si court est supérieure à celle de Balmaceda; mieux, c'est la plus importante dans l'histoire du Chili. La nationalisation du cuivre fut une entreprise titanesque. Sans compter la destruction des monopoles, la réforme agraire et beaucoup d'autres objectifs menés à terme sous un gouvernement d'inspiration collective.

Les oeuvres et les actes d'Allende, d'une valeur nationale inapréciable, exaspérèrent les ennemis de notre libération. Le symbolisme tragique de cette crise se manifeste dans le bombardement du palais du gouvernement; on n'a pas oublié la Blitzkrieg  de l'aviation nazie contre des villes étrangères sans défense, espagnoles, anglaises, russes; le même crime se reproduisait au Chili; des pilotes chiliens attaquaient en piqué le palais qui durant deux siècles avait été le centre de la vie civile du pays.

J'écris ces lignes hâtives pour mes Mémoires trois jours seulement après les faits inqualifiables qui ont emporté mon grand compagnon, le président Allende. On a fait le silence autour de son assassinat; on l'a inhumé en cachette et seule sa veuve a été autorisée à accompagner son cadavre immortel. La version des agresseurs est qu'ils l'ont découvert inanimé, avec des traces visibles de suicide. La version publiée à l'étranger est différente. Aussitôt après l'attaque aérienne, les tanks - beaucoup de tanks- sont entrés en action, pour combattre un seul homme: le président de la république du Chili, Salvador Allende, qui les attendait dans son bureau, sans autre compagnie que son coeur généreux, entouré de fumée et de flamme...."

 

(Pablo Neruda, J'avoue que j'ai vécu , Folio p. 514 à 517).  

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011