Voici un témoignage poignant de notre camarade des Jeunesses Communistes du pays de Morlaix, Enzo de Gregorio, sur la brutalité policière et gouvernementale, qu'il a subi comme animateur du mouvement lycéen contre la réforme des retraites à Concarneau et Quimper:
"A l’heure où les témoignages de violences policières ce multiplient sur la toile.
A l’heure où nous réclamons justice pour toutes les victimes, je vais témoigner de mon vécu du 16 Janvier 2020 à Quimper.
Mais avant tout, je tenais à ne pas mettre tout les policiers dans le même sac, deux notamment (ils se reconnaîtrons) à qui je porte un immense respect.
C'était un Jeudi de janvier 2020, comme chaque jour de manifestation, je partais de mon lycée seul. Seul physiquement mais pas mentalement, je savais qui m’attendrais à Quimper.
Ce jeudi là avait un goût particulier, cela devait être ma dernière manifestation contre les retraites. Après, cela serait un fond pour le Bac 2020 et mon orientation.
Arrivé à Quimper, je pris la direction (à pied) du siège du MEDEF, après avoir attendu quelque instant, les premiers camarades de la CGT arrivent puis l’ensemble des manifestants du jour (800 personnes).
Comme à l’habitude, les discours intersyndicaux sont scandés à la sono de la CGT puis direction le Géant de Quimper.
Décision est prise, nous le bloquerons, avec mes camarades lycéens, GJs et SUD, nous prenons une bretelle dangereuse.
Après qu’une voiture nous ait foncé dessus, nous plaçons des branchages sur la routes.
Quelques instants plus tard, les premiers véhicules de la PN de Quimper et les policiers équipés comme des CRS, viennent vers nous, la matraque à la main.
Nous avons donc rejoint les autres camarades afin de faire front, les policiers charge, nous partons quelque minutes après, pensant que tout était fini.
Il est 13h30-14h, les policiers de la BAC de Quimper arrêtent violemment un jeune camarade, quelque instant plus tard cela fut mon tour.
J’ai toujours à cet instant l’image de Krissa et Denis, qui tout comme moi ne comprennent pas.
Direction donc le commissariat, sirène hurlante, et à des vitesses excessives.
C’est parti pour 6h00 de Garde à vue, 6h à se faire insulter, à se faire aboyer dessus.
6 longues heures, je me souviendrai à vie des mots de la commissaire envers nous.
Je me souviendrai également d’avoir chanté « L’Internationale » dans ma cellule ainsi que « ON EST LÀ » durant mon interrogatoire.
Chaque heure de chaque jour, j’ai l’image de cette Garde à vue, les mots de ces policiers.
Ces visages me hanteront à jamais, la peur de cette police me suivra jusqu’à la mort.
Cette journée là a détruit une partie de moi".
Enzo De Gregorio
Précisions.
La manifestation du 16 janvier devant le siège quimpérois du Medef puis aux entrées de Géant, à laquelle nous avions apporté notre soutien, avait lieu à l'appel de l'intersyndicale qui s'était constituée contre la réforme des retraites.
Nous avons tous participé au blocage des entrées de Géant, décision collective.
A la dislocation, qui s'est faite à partir des différents points de blocage où nous étions présents, la police a visiblement ciblé les deux jeunes lycéens Enzo et Matéo, Enzo étant évidemment particulièrement repéré car c'est lui qui prenait la parole avec talent au nom des lycéens aux côtés des organisations syndicales dans les manifs.
Leur interpellation a été particulièrement brutale, mais seule une partie des manifestants a vu ce qui s'était passé et ont alerté les orgas participantes, moi j'ai eu l'info par la CGT et je suis allée rejoindre les syndicalistes présents devant le commissariat, nous étions plusieurs dizaines dont des camarades de la section dans l'après-midi.
Garde à vue très longue, en plus il s'agissait de mineurs. L'autre jeune avait 15 ans...
Devant le tribunal le 19 février, en plein après-midi il y avait pas loin de 150 personnes pour soutenir Enzo et Matéo convoqués devant le procureur, j'y étais aussi avec plusieurs camarades. Sandrine avait imprimé pour l'ul Cgt une affichette "Je suis Enzo et Matéo" "Nous étions en manif le 16 janvier devant le Géant" que tous brandissaient car effectivement la police, et le préfet, ont voulu faire un exemple en s'attaquant à ces 2 jeunes qui ont écopé d'un rappel à la loi alors que nous avions tous participé à cette action.
Yvonne Rainero, secrétaire de section du PCF Quimper - membre de la direction départementale du PCF
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