ENVERS LES KURDES , A NOUVEAU, UN DEVOIR DE SOLIDARITÉ !
Existe-t-il attitude plus lâche que celle de Donald Trump , qui vient de livrer les combattants et combattantes kurdes des YPG et YPJ du nord de la Syrie à leur ennemi mortel : Erdogan ?
Rappelons que ces militants et militantes constituent le noyau décisif des « forces démocratiques syriennes », une coalition militaire créée en octobre 2015 pour chasser le groupe « Etat islamique » (Daesh) de la zone. Unanimement admirés pour leur courage et leur efficacité à libérer ces territoires des troupes de Daesh -on se souvient de leur victoire héroïque contre « l’Etat islamique » à Kobané en 2014 !- , ces hommes et ces femmes ont été, depuis plus de trois ans, soutenus par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, notamment sous la forme d’un indispensable appui aérien ainsi que de livraisons d’armes.
Depuis le début, Erdogan s’insurge auprès de Washington contre ce soutien. Sa priorité n’est, en effet, non la défaite des djihadistes -parmi lesquels il compte nombre d’alliés- mais celle des Kurdes de Syrie . Leur crime ? Avoir conquis une certaine autonomie ainsi qu’un réel prestige international, dont il craint l’effet contagieux sur leurs frères de Turquie. Déjà, en mars dernier, bravant Trump lui-même, -qui envisageait alors d’installer dans le nord de la Syrie une « force de sécurité » de 30 000 combattants, essentiellement kurdes, pour empêcher le retour de Daesh- Erdogan avait lancé ses troupes contre les Kurdes de Syrie à Afrin. A présent, il veut aller plus loin, en pénétrant dans la ville syrienne de Manbij (100 000 habitants) pour y affronter les combattants kurdes, et détruire leurs institutions originales patiemment mises en place ces dernières années. Mais cette fois, c’est le Président américain qui lui ouvre la voie en annonçant -contre l’avis de tous ses propres responsables- le retrait précipité de ses forces et équipements militaires. Autrement dit, en plaçant désormais ses anciens alliés kurdes entre la marteau de l’armée turque (secondée par ses milices supplétives syriennes) et l’enclume des troupes de Bachar el-Assad.
Quels peuvent bien être les termes du « deal » ignoble passé entre le milliardaire fantasque et sans scrupule de la Maison-Blanche et le dictateur nationaliste d’Ankara pour conduire le premier à faire ce cadeau cynique au second ? Qu’a donc pu obtenir Trump de la part d’Erdogan, en échange de cet incroyable camouflet infligé par le Président américain à tous les siens et au risque inouï qu’il fait ainsi courir au monde : celui d’un nouveau chaos propre à revivifier ce qu’il reste du groupe « Etat islamique » dans la région , voire à offrir aux djihadistes étrangers aujourd’hui retenus prisonniers par les Kurdes une chance de pouvoir se libérer et de retourner en Europe ? Il semble que la Turquie ait, en retour, accepté de revenir sur le crime de lès-OTAN qu’elle s’apprêtait à commettre en achetant à la Russie son nouveau système de défense antimissile S-400, jugé incompatible avec la sécurité d'armes de fabrication américaine utilisées par l'armée turque, notamment les avions de combat F-35...La sécurité des États-Unis contre celle de ses « alliés » ? Quelles conclusions vont en tirer les dirigeants concernés, en France et en Europe ? Pour nous, aucune hésitation possible : nous avons collectivement envers les Kurdes un devoir de solidarité .
Soutien à la grève de la faim des militant-e-s kurdes: l'Europe et la France doivent s'engager pour stopper la politique fasciste d'Erdogan!
« Abdullah Öcalan a un rôle important à jouer pour assurer la paix sociale en Turquie et le régime d’isolement qui lui est imposé est en réalité imposé à l’ensemble du peuple » a déclaré Leyla Güven, députée HDP de Hakkari, coprésidente du Congrès de la Société démocratique (DTK), ex co-maire de Viranşehir et membre du Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe (CPLRE).
En grève de la faim depuis le 8 novembre à la prison de Diyarbakir, elle a suscité un mouvement de solidarité au Kurdistan et en Turquie, mais aussi en Europe et dans le reste du monde. Des grèves de la faim sont actuellement menées dans les prisons de Turquie et dans des villes comme Urfa, Van, Mardin, Mersin, Adana, La solidarité se répand également au Rojava, en Europe et en France.
Amara, la Maison du Peuple kurde de Rennes, accueille les grévistes de la faim
Les revendications des Kurdes que nous soutenons sont claires : le régime carcéral imposé au leader kurde, Abdullah Öcalan (le « Nelson Mandela kurde »), emprisonné depuis bientôt 20 ans est intolérable et il est urgent d’exiger du Comité de prévention de la torture du Conseil de l’Europe qu’il se saisisse de cette question malgré les obstacles que ne manque pas de dresser la Turquie, en tant que membre de ce même Conseil de l’Europe.
« Détruire le fascisme » écrivent aussi les Kurdes : ils dénoncent un pays, la Turquie, qui n’est plus un État de droit. Le président dictateur enferme tout opposant.
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