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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:36
En France, face aux violences contre les électeurs du référendum catalan, l'Elysée et la droite soutiennent Rajoy, la gauche est plus divisée (2 octobre, Médiapart)
En France, l'Elysée et la droite soutiennent Rajoy, la gauche est plus divisée
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La droite comme le gouvernement ont redit lundi leur soutien au président du gouvernement espagnol dans son bras de fer contre les indépendantistes catalans, en dépit des violences policières observées dimanche. À gauche, le vieux fond jacobin pèse lui aussi.

Silence radio ou presque au plus haut sommet de l’État. Le fil Twitter de l’Élysée n’a rien publié depuis le 29 septembre, celui d’Emmanuel Macron, quant à lui, a condamné « l’acte barbare » commis dimanche à Marseille, ou retweeté la solidarité exprimée par la ministre des sports, Laura Flessel, aux victimes de l’effondrement d’une barrière au stade d’Amiens samedi. Mais le référendum en Catalogne – le “oui” l'a très largement emporté à 90 % avec une participation de 42,38 % – et, surtout, les violences policières qui se sont ensuivies ne semblent absolument pas concerner la présidence française. « Je n’ai aucun conseil à donner à Mariano Rajoy », le chef de l’État espagnol, a simplement dit Macron vendredi soir. Le président français s’est entretenu lundi avec le président du gouvernement espagnol, l’assurant de son « attachement à l'unité constitutionnelle de l'Espagne ». Le 7 septembre dernier pourtant, à Athènes, Emmanuel Macron estimait tenir « un discours de vérité, un discours sans ambages : en Europe aujourd’hui, la souveraineté, la démocratie et la confiance sont en danger » et n’hésitait pas : « Nous devons avoir l'autre courage de retrouver la voie de la démocratie. »

Le Quai d’Orsay a réagi en début d’après-midi lundi : « Nous avons pleinement confiance dans la capacité de la démocratie espagnole à conduire un dialogue politique apaisé, dans le cadre de la légalité constitutionnelle », a déclaré son porte-parole. Une position qui ne varie guère de celle exprimée le 21 septembre dernier, quand le porte-parole avait indiqué qu’« à l'heure où l'esprit d'unité et de solidarité doit plus que jamais nous guider dans la relance du projet européen, les autorités françaises rappellent leur attachement à une Espagne forte et unie ». Les fils Twitter des conseillers à l’Élysée ou à Matignon sont restés tout aussi silencieux dimanche. Au gouvernement, seul Bruno Le Maire, ministre de l’économie, a été interrogé dimanche au Grand Jury de RTL. « Je crois à titre personnel à l’Europe des nations, pas des régions », a déclaré le ministre, seul membre du gouvernement à avoir réagi dimanche.

Les députés LREM ne sont guère plus bavards. Le président de l’Assemblée, François de Rugy, a estimé qu’il « ne faut pas chercher qui a tort ou qui a raison, il faut trouver une solution. Il faut négocier ». Sa collègue Albane Gaillot, députée de la 11ecirconscription du Val-de-Marne, a tweeté que « rien ne peut justifier l'utilisation d'une telle violence » quand son collègue de la 4e circonscription du Morbihan Paul Molac a juste relevé les « files d'attente en Catalogne pour pouvoir voter. Le peuple catalan se prononce de manière pacifique et démocratique ».

Chez Les Républicains, les voix sont rares à se faire entendre. Dominique Bussereau, ancien ministre des transports, est rigoureusement contre l’indépendance, une idée« stupide et indécente ». Philippe Bas, président de la commission des lois au Sénat, est lui aussi « profondément hostile au référendum », synonyme de « fin des grandes nations européennes », de « mort de l’Europe puissance » et de « déclin »

François Bayrou, président du Modem, est le plus modéré à droite. Sur Europe 1, il a estimé qu’il fallait « trouver une démarche pour que la reconnaissance d’identité ne mène pas à la division et l’affrontement »

À gauche, les lignes de partage sont mouvantes. Le PS dénonce les violences policières et appelle à une solution négociée sans soutenir l’indépendantisme catalan. Le Parti de gauche et La France insoumise restent sur une ligne jacobine : s’ils estiment que les violences sont inacceptables, ils rappellent leur attachement à l’État-nation, et sont donc, en creux, contre l’indépendance catalane. Seuls les Verts, le PCF et le NPA se prononcent franchement pour le droit à l’autodétermination. « Les images venues de Catalogne sont sans ambiguïté : ce dimanche 1er octobre est un jour noir pour la démocratie dans l’État espagnol », déclare le NPA dans un communiqué. Avant d’ajouter : « Le NPA condamne fermement la répression policière et le silence complice des autorités françaises, réaffirme son soutien aux droits démocratiques du peuple de Catalogne, et participera aux initiatives allant en ce sens. »

Les Jeunes Écologistes, dans un communiqué, jugent « intolérable que dans un pays se voulant démocratique, le souhait des citoyen-nes d’exprimer leur opinion par la voix des urnes, seule voie légitime, ne soit pas respecté ». « La Catalogne est, depuis plusieurs décennies, le lieu de questionnement sur son éventuelle indépendance portée par divers mouvements politiques. Les Jeunes Écologistes regrettent que le débat de fond sur l’autonomie de la région soit confisqué par le gouvernement espagnol », ajoutent les Jeunes Écologistes. 

Le PCF, par la voix de Pierre Laurent, son secrétaire général, appelle à une « solution politique démocratique » mais soutient pleinement « les efforts et initiatives de la gauche espagnole et catalane, qui, dans sa diversité, vient de publier un “Manifeste pour la liberté, la fraternité et la coexistence” appelant à sortir de cette crise dans le respect du droit des peuples à s’exprimer librement »

Le Parti socialiste parle pour sa part de « scènes de violence inacceptables » dimanche, et a appelé à « leur arrêt immédiat ». En forme de « ni-ni », le secrétaire national à la mondialisation, Maurice Braud, estime que « le nationalisme du gouvernement catalan ne peut continuer d’avancer à marche forcée vers son autodétermination et le gouvernement central madrilène du Parti populaire au pouvoir ne peut persister durablement sur une ligne d’intransigeance totale ». Le PS appelle finalement à une« solution négociée »

La France insoumise est sur une ligne de crête. Jean-Luc Mélenchon a toujours affirmé qu’il voyait les mouvements indépendantistes comme des menaces pour l’État-nation. En septembre 2016, lors d’un entretien à Mediapart, il avait de nouveau déclaré à propos de l’Irlande ou de l’Écosse qu’il fallait faire « attention à la boîte de Pandore qu’on ouvre ! ». Et l’alors candidat à la présidentielle ajoutait : « Car ensuite viendront tout aussi légitimement la Catalogne, la Flandre belge… En Europe, certaines nations sont des constructions récentes. Les royaumes sont par nature hétéroclites. Et les eurolâtres sont très friands de la mise en cause des États-nations. Après la destruction des acquis sociaux, la pente vers la destruction de la souveraineté nationale des peuples est déjà bien prise. Est-on prêt à voir bouleverser toutes les frontières en Europe ? » 

Bis repetita dimanche. Dans un billet de blog, Jean-Luc Mélenchon explique que la« question » des frontières « implique directement et immédiatement la question de la sécurité des États dans ce qu’ils ont de plus intrinsèquement constitutifs ». Et le député de Marseille de rappeler le précédent yougoslave : « L’explosion de l’ancienne Yougoslavie ne semble avoir laissé aucune trace dans les esprits. Au lieu d’un pays, on en a dorénavant sept et un d’entre eux est une invention dont la création est un précédent explosif : le Kosovo. »

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