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13 juillet 2020 1 13 /07 /juillet /2020 05:53

 

L’Académie des sciences préoccupée des conséquences du changement climatique, alors que l’accord de Paris apparaît comme étant déjà hors de portée, a consacré un colloque à examiner les possibilités pour faire face.

*Ivan Lavallée est directeur de la rédaction de Progressistes

**Geoffrey Bodenhausen est chimiste, professeur à l’ENS

 

Dans l’atmosphère feutrée de l’auditorium André-et-Liliane-Bettencourt, l’Académie des sciences a organisé les 28 et 29 janvier 2020 un colloque consacré à la crise climatique.Nous revenons ici sur ces deux journées, dont les organisateurs principaux furent Sébastien Balibar, Jean Jouzel et Hervé Le Treut. Le colloque était introduit comme suit :

« Notre planète se réchauffe, l’acidité des océans augmente, la sécheresse sévit par-ci et les pluies torrentielles par-là, les forêts prennent feu, les ouragans battent tous leurs records, les glaciers fondent, la biodiversité recule… »

Réunis à Paris en 2015 pour la 21ème édition de la COP (conférence des parties), les pays du monde entier avaient reconnu la responsabilité humaine dans ce changement climatique et proposé de limiter le réchauffement nettement en dessous de 2 °C par rapport aux années 1880-1900. Pour y parvenir, chaque pays avait présenté des transitions énergétiques ambitieuses. Mais quatre ans plus tard, les transports, l’habitat, l’activité industrielle et agricole émettent toujours plus de gaz à effet de serre, et l’objectif semble hors d’atteinte. Il faudra s’adapter au réchauffement, mais les transitions énergétiques doivent être engagées d’urgence sur la base de solutions réalistes. Cela nécessite des efforts solidaires, de la recherche et beaucoup d’information.

Au lendemain de la COP 25 tenue en Espagne sous la présidence du Chili, et à l’occasion de ce colloque ouvert à tous, l’Académie des sciences propose au public de venir débattre des problèmes scientifiques, sociaux et politiques qui se posent à nos sociétés. »Des vingt-quatre interventions nous avons relevé les propos particulièrement alarmants de Valérie Masson-Delmotte sur les mesures de température et les conséquences du réchauffement degré après degré. Nicolas Meilhan a fait remarquer que les malus sur les voitures lourdes étaient tout à fait inopérants, que la mode des SUV a complètement annulé les progrès de l’efficacité des moteurs thermiques, que les mesures d’émissions de CO2 se feront en laboratoire, et non en conditions réelles, jusqu’en 2030.

 

DES PERSPECTIVES

Nous avons aussi relevé les propos qui, à défaut d’être rassurants, ouvrent des perspectives nouvelles. Ainsi, Isabelle Czernichowski-Lauriol a parlé du captage et du stockage du CO2 à grande échelle ; Philippe Malebranche de l’Alliance solaire internationale, donnant une vision assez optimiste des sources d’énergie renouvelables (éoliennes et panneaux photovoltaïques), sans trop s’attarder toutefois sur les problèmes d’intermittence ni de la logistique associée (quantité de béton nécessaire, centrales à gaz de recouvrement…). Jean-Marie Tarascon a évoqué des batteries moins coûteuses basées sur des matières abondantes, équipées de circuits de diagnostic, voire d’autoréparation en cas de défaillances.

Yves Bréchet a brossé des perspectives du potentiel de la production électrique nucléaire en circuit fermé avec recyclage partiel des combustibles, qui permettrait de retarder l’épuisement de ressources non renouvelables de 100 à 1000 ans, sans émettre du CO2, ce qui rejoint le propos de Valérie Masson-Delmotte sur la nécessaire électrification massive des activités humaines.

Posant le problème de la globalisation prise comme une possible chance pour l’humanité, Mireille Delmas-Marty a brossé un tableau des ressources contestées du droit supranational (« flou, mou ou doux ») et d’une refondation des nations, qui ne seraient plus fondées sur un récit national plus ou moins mythologique mais sur une anticipation commune du futur sanctionnée par un droit international RCD, à savoir responsabilité commune et différenciée. Elle pose là de fait un problème fondamentalement politique auquel d’une façon où d’une autre l’humanité sera confrontée bon gré mal gré, et plus tôt que tard. Pierre Léna a appelé à une meilleure préparation des instituteurs et autres enseignants.

Céline Guivarch et Henri Waisman ont essayé de nous montrer à quoi pourrait ressembler un monde atteignant l’objectif de l’accord de Paris « de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement sous les deux degrés ». Hervé Le Treut a abordé l’évolution des territoires sous l’influence des changements climatiques. Il note que nous avons de moins en moins la possibilité de modifier significativement l’évolution climatique par nos actions locales. Il est donc nécessaire de nous adapter préventivement à des évolutions qui relèvent à la fois de la part déjà irrémédiable des changements à venir et des retards ou échecs possibles des actions internationales. Les territoires ont dans ce cadre un rôle privilégié à jouer.

 

LE FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME CLIMATIQUE

Anny Cazenave a discuté du fonctionnement complexe du système climatique et de son évolution sous l’effet des forçages naturels et anthropiques, ainsi que des impacts du changement climatique sur les systèmes naturels et les sociétés humaines, les grands organismes internationaux et les agences spatiales que nombre de pays ont mis en place depuis environ trois décennies, qui fournissent une grande variété de systèmes d’observation de paramètres climatiques, aux échelles globales, régionales et locales. Ainsi, le GCOS (Global Climate Observing System) a permis de définir plusieurs dizaines de variables climatiques, essentielles appelées ECV (Essential Climate Variables), devant être observées de façon très précise sur le long terme, depuis l’espace ou du sol, pour mieux comprendre les processus en jeu et leurs interactions, et valider les modèles simulant les évolutions futures. Jean-Pierre Gattuso évoqua les services que nous rendent les organismes et les écosystèmes marins, soulignant les risques qu’ils encourent du fait de l’acidification de l’océan. Deux scénarios seront pris en compte : la poursuite des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur le rythme actuel et leur diminution de manière à limiter la hausse de la température de la planète au-dessous 2 °C d’ici à 2100, en adéquation avec l’accord de Paris.

Le niveau de l’océan est monté de 5 cm en un siècle. L’océan est à la fois un acteur et une victime des changements climatiques. Olivier Boucher disserta sur les modèles  du  climat et  leurs limites. Ce propos est poursuivi par les  interventions de Venkatrami Balaji, Sonia Seneviratine et Isabelle Chuine, qui précisa les technologies disponibles et la prise en compte des événements extrêmes. Elle a donné une perspective de ces événements extrêmes : ainsi, une augmentation moyenne de 1,5°C n’exclut pas des augmentations locales de 5, voire 8 °C. Isabelle Chuine a montré à quel point la biosphère est menacée, et comment les arbres et autres végétaux auront de la peine à migrer vers des latitudes plus clémentes.

 

UN PEU DE POLITIQUE TOUT DE MÊME

La rédaction de Progressistes, invitée et présente en force, a été frappé par l’absence de toute dimension politique des débats. Le terme « capitalisme » n’a pas été mentionné une seule fois, le terme « sociétal » permettant de masquer les enjeux réellement politiques. Les appels aux normes et aux règles qui devraient être édictées par les États n’ont jamais été accompagnés d’avertissements du fait que nombre de ces mêmes États sont tombés sous la coupe d’oligarques peu enclins à se battre pour la planète. L’enjeu qui apparut en filigrane tout au long des exposés est que la préservation du climat et de l’environnement est incompatible avec une vision à court terme à l’échelle d’un territoire ou d’un pays. La question se pose à l’échelle  planétaire, comme relevé par Mireille Delmas-Marty, et nécessiterait une gestion à cette échelle et sur des constantes de temps incompatibles avec la boulimie d’accumulation de capital qui caractérise le système actuel de production et d’échanges. Mais, comme lors d’un célèbre procès,« la question ne sera pas posée ».

Ce sont là les limites de l’exercice, car si la technique et la science ne sont que des outils, c’est au niveau politique que ces outils doivent être mis en œuvre. Si le capital trouve profit dans le dérèglement climatique, alors il n’y a pas de raison pour qu’il actionne résolument lesdits outils. Une quinzaine de jeunes étudiantes et étudiants, emmenés par Serge Planton, avaient préparé quelques questions, assez timorées au demeurant, par exemple sur le rôle de l’expertise scientifique dans la parole politique. En effet, nombre de politiques émettent des avis, voire des injonctions, sans justification scientifique. Seule une question, du troisième groupe de jeunes intervenants, faisant allusion aux politiques publiques, aux innovations sociales et sociétales, aux conséquences de la sobriété choisie, a attiré quelques applaudissements. Les journées se sont conclues par quelques mondanités assez convenues de Cédric Villani, du prince de Monaco et de Laurent Fabius.

 

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15 juin 2020 1 15 /06 /juin /2020 05:32

 

Le 29 Mai dernier, au-delà du cercle polaire arctique, environ 20 000 tonnes de diesel se sont déversées près de la ville minière russe de Norilsk, se dirigeant de fait vers l’Océan Arctique. Il a fallu attendre deux jours pour que les autorités russes soient informées de cette catastrophe. Causé notamment par le dégel du permafrost, cet événement préfigure pour une bonne part ce qui se trame pour l’Arctique au cours de ce siècle et au-delà. Plus largement, marqué par la hausse constante des températures due aux émissions de gaz à effet de serre, le climat planétaire voit très certainement son avenir se jouer dans cette région.

Cette catastrophe environnementale et l’absence de réactivité ont provoqué l’ire du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, qui a déclaré l’état d’urgence dans cette zone sinistrée. La fuite massive a finalement été contenue, et ce sont près de 200 tonnes de diesel qui ont été collectées. S’il est soupçonné que l’installation à l’origine de ce dégât environnemental n’ait pas été réellement entretenue au cours des trente dernières années, il n’en demeure pas moins que cela ne peut masquer un problème émergent dans l’Arctique. Particulièrement marqués dans l’Arctique en comparaison au reste du globe, les effets du réchauffement climatique ont une conséquence directe : le dégel progressif du permafrost, ce sol gelé de manière quasi-permanente au cours de l’année.

Au-delà de la zone située près de Norilsk où se trouve l’installation concernée de l’entreprise Norilsk Nickel, c’est l’ensemble de la région Arctique qui est touché par ce fléau émergent. Le dégel croissant du permafrost a des conséquences directes et visibles en Alaska, au Canada, au Groenland, en Islande, en Scandinavie et en Russie. Les villes et les routes qui ont été et sont construites sur ce sol particulier sont menacées, puisque les infrastructures perdent leur stabilité sous l’effondrement de ce sol gelé. Ce phénomène tend à s’amplifier avec la hausse globale des températures dans cette région causée par le réchauffement climatique, et cela va de pair avec une érosion accrue des sols. Si des carcasses d’animaux datant de la dernière ère glaciaire peuvent refaire surface avec ce phénomène, les littoraux sont véritablement menacés et des villes et villages commencent à se poser la question de quitter les lieux pour vivre ailleurs.

Mais de manière plus inquiétante, ce dégel pourrait contribuer à amplifier à terme le réchauffement climatique de manière significative à l’échelle planétaire. En effet, le permafrost contient en nombre des restes d’animaux et de végétation : au contact avec l’air et les bactéries qui y sont contenues, ces restes entrent alors en décomposition. Cela a ainsi pour effet de générer une source potentiellement majeure de carbone, et donc de gaz à effet de serre notoires que sont le dioxyde de carbone et le méthane, tout en sachant que le méthane a un pouvoir réchauffant plus important que le dioxyde de carbone.

Selon les estimations, environ 1500 gigatonnes de carbone sont piégées par le permafrost, soit deux fois plus que dans l’atmosphère. À l’heure actuelle, il est également suggéré que seulement 10% du carbone présent dans ce permafrost pourrait être libéré d’ici 2100. Les relargages plus conséquents auront très probablement lieu dès le 22ème siècle, sans mesures efficaces pour agir sur les causes du réchauffement climatique. Mais avec la récurrence d’hivers plus chauds en Arctique, les inquiétudes peuvent être de mise et les estimations peuvent être revues à la hausse d’ici 2100, qu’il s’agisse de la hausse des quantités de carbone libérées dans l’atmosphère et de la contribution à l’élévation globale des températures à l’échelle de la planète.

Les prévisions actuelles du GIEC entrevoient une hausse des températures planétaires dues aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre pouvant aller aux alentours de 5°C d’ici la fin du siècle, soit autant que lors des changements climatiques naturels majeurs qui se sont étalés sur des dizaines de milliers d’années. Pour garantir un monde viable pour l’ensemble de la population humaine et du reste du monde vivant, il est clair que l’avenir du climat planétaire se joue dès maintenant avec des mesures fortes à tous les échelons. Des pistes pleines d’avenir existent déjà pour y contribuer, pour renverser la vapeur et faire de la lutte contre le réchauffement climatique une bataille centrale. Les recherches multiples pour développer des industries et des modes de transports limitant drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre sont plus que jamais à soutenir. Et cela peut et doit se faire dès l’échelon local, dès l’entreprise, et être coordonné aux niveaux supérieurs notamment en engageant des coopérations scientifiques et diplomatiques résolues au niveau mondial pour relever efficacement le défi climatique.

Jérémy Roggy est chimiste et historien des sciences de formation

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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 05:56
UN POMPIER PYROMANE EN CHARGE DU « PACTE VERT EUROPÉEN » (L’HUMANITE – Vendredi 5 Juin 2020 - Gérard Le Puill)

Ce 5 juin  est la journée mondiale pour le climat. Elle se déroule deux semaines après la journée mondiale  pour la biodiversité qui avait lieu le vendredi 22 mai. Histoire de donner à penser qu’elle prend en compte de tels dossiers, la Commission européenne a récemment publié un texte sur axé sur la protection de la nature intitulé « Biodiversité »  et un autre intitulé « De la ferme à la fourchette ». Ce second texte doit inspirer les ministres de l’Agriculture  des 27 pays membres de l’Union européenne  dans leurs débats  sur la prochaine réforme de la Politique agricole commune (PAC). Mais le premier préconise de laisser en friche 10% des terres agricoles en Europe, ce qui se traduirait par plus d’importations  et donc de déforestation en Amazonie et ailleurs !   

Au fil des ans  et des élargissements  de l’Europe,  la Politique agricole commune  devient  de moins en moins commune  et de plus en plus incohérente. Ainsi,  selon le texte intitulé « Biodiversité », dont la charge a été confiée  au vice-président de nationalité néerlandaise Frans  Timmermans, la biodiversité sera  favorisée en Europe en laissant  10% des terres agricoles européennes sans la moindre culture. Parallèlement, 25%  de la surface  agricole utile passerait en agriculture biologique d’ici  2030, une préconisation qui semble ignorer que les conversions dépendent  du nombre de paysans se sentant capable de sauter le pas chaque année, ce qui suppose aussi d’avoir de marchés en face. Toujours selon la Commission, l’usage des produits de traitement des cultures diminuerait de 50% en cinq ans tandis que la plantation 3 milliards d’arbres augmenterait les superficies forestières en Europe.

Une course à handicap pour les paysans européens

Avec toutes ces mesures mises bout à bout, la production agricole européenne reculerait sensiblement. De plus, une Europe qui imposerait  de telles mesures   à ses paysans handicaperait la compétitivité de ces derniers par rapport à ceux des pays tiers qui exportent des céréales, des viandes, du soja, du sucre de canne, de l’huile de palme, de l’éthanol et du diester en Europe. D’autant que la Commission continue de négocier  des accords de libre échange avec de nombreux pays tiers. Le CETA conclu avec le Canada est entré en vigueur dès sa signature, avant même d’avoir été ratifié par les pays membres de l’Union européenne. L’accord conclu en juin 2019 entre la Commission européenne et les pays de Mercosur  permettra à ces quatre pays d’Amérique du sud, dont le Brésil de Bolsonaro,   d’exporter des volumes accrus  de viandes bovines, porcines et de volailles   en Europe  sans prélèvements douaniers aux frontières communes  de l’Union. S’y ajoute un accord de même type qui vient d’être conclu entre le Mexique et la Commission. Parallèlement,  cette dernière négocie toujours avec l’Australie et la Nouvelle Zélande  qui veulent aussi exporter des quantités croissantes  de viandes et des produits laitiers en Europe.

La Commission n’a pas calculé ce que  seraient les conséquences d’un recul sensible de la production agricole en Europe. Elle semble ignorer que nous sommes  dans un monde où le réchauffement climatique  accroît  l’insécurité  alimentaire. Laisser 10% des terres agricoles européennes en friche  et étendre  la superficie  forestière sans même évoquer l’agroforesterie  est pour le moins incohérent. De plus, la Commission occulte-  de manière totalement cynique, où par une totale méconnaissance de réalité- le fait  que pratiquer de la sorte  revient à ruiner les paysans  européens en les soumettant   à une concurrence encore plus déloyale que celle qu’ils subissent aujourd’hui. Car les exportateurs des pays tiers que nous avons cités  n’ont pas ces contraintes environnementales  à respecter. Cette double peine obligerait les paysans européens à moins produire via le gel des terre et la réduction des fertilisants. Mais elle leur imposerait des prix plus bas, en même temps, via la concurrence des produits importés depuis des  pays pratiquant le dumping  social, fiscal et environnemental.

Incompétence  et lobbying potentiellement corrupteur

Pendant  que l’Europe  planterait 3 milliards d’arbres dans les 27 pays membres, ses importations accrues de viande bovines, porcines et de volailles auxquelles s’ajouteraient  le sucre de canne et le soja, cette politique d’importations accrues depuis le Brésil  se traduiraient par plus de 3 milliards d’arbres supplémentaires abattus  dans la forêt amazonienne. Dès lors se posent plusieurs questions. Faut-il  attribuer ces propositions de la Commission à  une incompétence  globale du collège des commissaires ? Doit ajouter que cette incompétence et  le cynisme qui va avec sont aggravés par le poids  des lobbyistes potentiellement corrupteurs  qui agissent en permanence  dans les locaux de la Commission comme dans ceux du Parlement européen ?

Car le lobbying est une pratique admise de longue date  auprès de la Commission européenne,  comme auprès du Parlement européen. Pour le «moraliser», la  Commission et le Parlement ont même créé le 23 juin 2011 « un registre  de la transparence, commun et public, en vue  de fournir des informations sur ceux qui cherchent  à influencer les politiques européennes». Ecrire cela c’est déjà  reconnaître que ces lobbyistes ont des intentions plutôt louches et ce rappel figure dans une note récente du Parlement  européen. Cette note nous indique aussi  qu’en « janvier 2020, 11.882 organisations  étaient inscrites au registre, dont  7.526 personnes accréditées auprès  du Parlement européen. L’inscription à ce registre  est obligatoire pour obtenir un badge d’accès en tant que lobbyiste pour le Parlement européen », lit-on dans cette note. Mais on n’y trouve aucune information sur les méthodes utilisées  par ces lobbyistes  pour tenter d’influencer la politique de la Commission et du Parlement en faveur d’intérêts très particuliers.

Ne pas confier  à des pyromanes la mission de pompier

 A Paris, le Conseil économique,  social et environnemental (CESE) a rendu public le 27 mai dernier son avis intitulé «Le rôle de l’Union européenne  dans la lutte contre la déforestation importée ». La déclaration du CESE  indique que  « la déforestation en Amazonie  atteignait un nouveau record, avec la disparition  de 1.202 kilomètres carrés  de forêt de début janvier à la fin janvier  2020, soit une augmentation  de 55% par rapport à la même période l’année dernière, selon   les données de l’Institut national de recherche spatiale  du Brésil (INPE) ». Du coup, « le CESE préconise d’adopter en 2020 un Plan d’action de l’UE contre la déforestation importée sous la responsabilité du Conseil européen, dont le suivi  et la coordination seront confiés au vice-président  de la Commission européenne en charge du Pacte vert pour l’Europe, sous la supervision et le contrôle du Parlement  européen ».

Cette préconisation  semble cohérente a priori. Mais elle semble ignorer les conséquences à venir  du « Pacte vert » de Bruxelles sur « la déforestation importée ». Agé de 59 ans, l’actuel  vice-président  de la Commission européenne  en charge du Pacte vert  pour l’Europe  est le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans. Sa carrière débute en 1987 comme diplomate, mais il rejoint la Commission européenne den  1994 comme assistant  du commissaire  Hans van den Broek . De 2007 à 2014, il a été ministre des Affaires étrangères de son pays avant de devenir commissaire européen en 2014, puis  vice-président depuis 2019 dans le cadre de son second mandat.

C’est donc à cet homme  que le CESE demande  d’arrêter « la déforestation importée».

Le CESE  demande donc  au pompier Frans Timmermans d’éteindre l’incendie   en Amazonie en ne voyant pas que ce qu’il préconise pour l’Europe  fait de lui un pyromane en Amérique du sud et ailleurs.

 

 

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16 mai 2020 6 16 /05 /mai /2020 05:52

 

Dans une longue tribune collective, 150 personnalités du monde politique, associatif, syndical et culturel appellent à " préparer l’avenir ".  " Nous ne sommes pas condamnés à subir ! " assurent-elles.  Elles  proposent qu’un grand événement, une " convention du monde commun ", réunisse dans les prochains mois " toutes les énergies disponibles ".

 

 

La France affronte un séisme d’une ampleur inouïe. Favorisée par la destruction de la nature, la pandémie a généré une crise économique de grande ampleur, une commotion sociale brutale, notamment pour les plus précaires, et une mise entre parenthèse du fonctionnement démocratique. Elle a révélé l’improvisation des pouvoirs publics face à cette crise majeure. L’engagement extraordinaire des soignantes et des soignants, le courage de celles et ceux qui n’ont cessé de travailler sans relâche au service de tous et le civisme de millions de personnes confinées dans des conditions difficiles appellent une reconnaissance unanime. Dès maintenant, il s’agit d’éviter le pire et de préparer l’avenir. La réparation des dégâts annoncés, la défense des libertés, l’obligation de préparer une société résiliente nécessitent de fortes dynamiques collectives. La crise confirme l’urgence radicale des grandes transitions. De cette impérieuse nécessité, faisons naitre une espérance. Nous ne sommes pas condamnés à subir ! 

 

Au coeur de cette crise, il nous faut tourner la page du productivisme. Il faut affronter les périls immédiats, s’accorder pour engager la transition écologique et dans un même mouvement les transformations sociales et économiques trop longtemps différées. L’impasse où nous ont conduits les politiques dominantes depuis quarante ans et le capitalisme financier exige une offensive résolue. Avec cette initiative commune, dans le respect de nos différences, nous nous engageons à la hauteur des principes que nos prédécesseurs ont affirmés dans la « reconstruction » qui suivit la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, en temps de paix, nous devons faire preuve d’une égale ambition, avec la volonté que les Français s’emparent de ces débats. 

L’état d’urgence sociale doit se déployer dès maintenant dans l’ensemble du pays, à commencer par les quartiers populaires et les territoires ruraux, partout où la crise remet à vif la grande pauvreté et les inégalités. Les familles déjà vulnérables, comme celles qui viennent brutalement de plonger dans le chômage et la pauvreté, se comptent par millions. La solidarité nationale doit intervenir pour aider les locataires, contribuer à payer les factures d’eau et d’électricité, par l’aide alimentaire et la fourniture gratuite de masques, par des soutiens exceptionnels individualisés pour que vivent décemment celles et ceux, y compris les jeunes, qui ont vu leur travail et leurs revenus disparaitre. Cette crise doit enfin imposer un basculement des politiques publiques : « sortir » des dizaines de milliers de personnes de la rue, c’est affaire de dignité d’abord, mais aussi d’ordre public sanitaire et social. 

 

Pour aller plus loin, la France, comme d’autres en Europe, doit imaginer et mettre en chantier dès cette année un nouveau modèle de protection sociale. Pour ces temps de grande transition, il y a urgence à assurer un revenu digne rendant possibles à toutes et tous la formation, l’accès à un nouvel emploi ou un projet professionnel. Compte tenu de la hausse explosive du nombre des sans-emplois, ce serait une faute historique de maintenir la « réforme » de l’assurance chômage de 2020. Il faut permettre dès maintenant à tous les territoires volontaires de mettre en oeuvre la belle initiative Territoires zéro chômeur de longue durée, inspirée des expériences du mouvement associatif. Quant aux travailleurs étrangers en situation irrégulière, soutiers plus anonymes encore de nos économies, leur accès au droit au séjour doit être facilité. 

 

Pour pouvoir mobiliser les énergies de toutes et tous, il faudra inventer et consolider des protections collectives plus adaptées à notre temps, combler les failles majeures que la crise a soulignées, agir pour l’accès à la santé et des retraites décentes. Certains, à l’inverse, manifestent déjà la volonté de réduire les droits sociaux à la faveur de l’émotion générale, notamment sur la question du temps de travail. Nous ne laisserons pas faire, et nous demandons qu’il soit renoncé définitivement au projet de réforme des retraites qui mine la cohésion nationale dont nous avons tant besoin. Face à la précarité ou aux inégalités femmes-hommes, tous les travailleurs et travailleuses, indépendants, artisans et commerçants, professionnels des plates-formes, salariés en CDD, intermittents ou intérimaires, doivent être dotés de droits sociaux individuels complets et d’une capacité réelle de négociation collective. 

 

Le statu quo n’est plus possible. Nous défendons une société de la reconnaissance, qui sache valoriser celles et ceux sans lesquelles elle ne tiendrait pas, dans la crise comme après. Travailleurs de l’aube et du soir, fonctionnaires de jour comme de nuit, soignants et enseignants dévoués, elles (très souvent) et ils sont en droit d’attendre bien sûr des primes immédiates et légitimes, mais aussi une amélioration significative et sans délai de leurs conditions d’emploi et de salaire, à commencer par le Smic. Lorsque ces personnes ont des enfants, la prise en charge par les employeurs des frais de garde, l’organisation de nouveaux centres de vacances dès 2020 avec les mouvements d’éducation populaire seraient aussi de justes rétributions. Le confinement a mis également en exergue la nécessité de reconnaitre le féminicide en droit français et de ne plus reporter un plan national d’ampleur contre les violences faites aux femmes et aux enfants, en doublant le budget alloué aux associations venant en aide aux victimes et aux lieux de prise en charge. 

 

Les Français vivent intensément les effets de l’affaiblissement de notre système de santé. Sous tension bien avant le tsunami du Covid19, l’hôpital public a été asphyxié par des années d’austérité budgétaire et la marchandisation de la santé. Une loi de programmation doit assurer au plus vite un financement pérenne des investissements des hôpitaux et des Ehpad, rompre avec la spirale des fermetures de lits et permettre la revalorisation des métiers de soignantes et soignants. Cette refondation permettra de retrouver une capacité de prévision et d’anticipation, et les moyens d’affronter collectivement les chocs de grande ampleur. Elle devra également garantir à tout moment la disponibilité des principaux médicaments sur le territoire national. Elle assurera enfin la réhabilitation des soins de premiers recours, efficients et réactifs face à de nouvelles crises et la fin des déserts médicaux, indignes de notre pays. 

 

L’avenir de notre économie et sa conversion écologique se jouent en ce moment. Le soutien public à la survie du système productif est vital. Il doit être associé à une conditionnalité environnementale et sociale exigeante. Des fleurons de notre économie sont au bord de la faillite, avec le cortège habituel de restructurations brutales et de chômage massif. Face à ces risques, la réaction de l’État en faveur de l’emploi doit être couplée à la mise en oeuvre accélérée de la transition écologique, à commencer par le respect des Accords de Paris sur le climat. C’est seulement ainsi que le sauvetage des emplois sera durable. Une politique industrielle crédible implique des choix stratégiques nationaux ; elle se construit dans chaque région avec toutes les parties concernées, entreprise par entreprise, branche par branche. La mobilisation doit intégrer pleinement les enjeux d’indépendance et de relocalisation, de recherche et d’innovation, mis en lumière de façon éclatante dans la crise actuelle. 

 

D’ici la fin de cette année, il appartient à la puissance publique d’identifier avec tous les acteurs les secteurs stratégiques à relocaliser au niveau français ou européen, les chaines de valeurs à contrôler et les productions à assurer au plus proche des lieux de consommation. Les événements récents confirment une fois de plus les fragilités de l’Europe quand elle se limite à n’être qu’un marché livré aux excès du libre-échange, renonçant à protéger son économie. La signature des traités qui amplifient cet abandon doit être stoppée, et ceux qui existent déjà révisés. Rien ne sera possible sans un pilotage ambitieux du système de crédit, avec un pôle public de financement et la BPI jouant enfin réellement son rôle. La mise en oeuvre de nationalisations là où il le faut doit permettre non de mutualiser les pertes, mais d’atteindre des objectifs d’intérêt général. Dans ce but, il faudra aussi miser davantage sur l’économie sociale et solidaire pour mieux ancrer l’économie dans les territoires et impulser le nouveau modèle de développement. 

 

Cette épidémie et sa propagation rapide sont liées à la destruction accélérée des habitats sauvages combinée à une mondialisation insuffisamment régulée. Elles renforcent l’urgence d’une remise en cause de notre mode de production et de consommation : la transformation écologique de la France est le nouveau défi de notre République au XXIème siècle. Cette prise de conscience des communs naturels à protéger et de l’impasse des modes de consommation actuels est essentielle, tout comme les combats de la gauche. Les propositions des participants de la Convention citoyenne pour le climat et sa méthode ont permis que progressent dans la société des projets d’une grande richesse. Les politiques publiques doivent être au rendez-vous de cette urgence planétaire. 

 

Nous proposons que soit discutée et mise en oeuvre rapidement une Prime pour le climat, afin d’éliminer en priorité les passoires thermiques et sortir les plus pauvres de la précarité énergétique. Elle accompagnera aussi les travaux de rénovation énergétique rendus obligatoires pour l’ensemble du bâti afin d’atteindre deux millions de logements par an, en privilégiant les rénovations complètes. Des dizaines de milliers d’emplois non délocalisables pourraient être ainsi créés. 

 

La France a besoin également de bâtir un plan ambitieux de transition vers une mobilité durable, pour soutenir l’électrification des motorisations, les modes de transports collectifs et partagés, la relance des réseaux ferroviaires, mais aussi l’extension du droit au télétravail dans des conditions protectrices pour les salariés. 

Conçue pour éviter un recours accru aux énergies fossiles, dont les prix baissent du fait de la crise, la Contribution Climat Énergie doit s’accompagner de mesures de redistribution de grande ampleur pour en compenser les effets sur les plus vulnérables. Une relance publique du soutien à la transition écologique locale est plus que jamais indispensable afin d’impliquer beaucoup plus les territoires et les citoyen.ne.s dans le déploiement des projets collectifs d’énergies renouvelables. Ces investissements supplémentaires dans la transition écologique devront être sortis des critères budgétaires européens. 

 

La refonte des aides de la PAC en soutien des petites et moyennes exploitations doit être accélérée, pour permettre une agriculture respectueuse de l’environnement, la croissance des productions bio, et pour développer le paiement des services environnementaux (stockage du carbone, arrêt des intrants chimiques...). Il faudra enfin donner toute sa place dans nos textes fondamentaux au droit de la nature et mettre en oeuvre de façon strict sur l’ensemble du territoire la politique du « zéro artificialisation nette » et la protection de la biodiversité. 

 

Ces investissements massifs, pour l’immédiat ou le futur, exigent un financement soutenable et équitable. L’engagement de l’Europe en est l’une des clés. C’est une nécessité qui conditionne la survie de l’Union, quand les forces de démembrement prospèrent grâce au manque de solidarité européenne dans chaque moment de crise. On attend de l’Europe qu’elle conduise durablement une politique monétaire à la hauteur du risque actuel, mais aussi qu’elle mette en oeuvre des formes inédites de financement en commun pour empêcher une hausse de l’endettement des États, en particulier les plus affectés par la crise sanitaire. Il faudra aussi dès les prochains mois engager le chantier de la restructuration des dettes héritées des crises successives. 

 

Tous les pays en ont en effet un urgent besoin pour permettre un nouveau départ et la transformation de leurs économies tellement interdépendantes. Ces financements européens ne sauraient être assortis des mesures d’austérité qui ont creusé entre les peuples des blessures encore inguérissables. Les conditionnalités aujourd’hui se nomment écologie, cohésion sociale et respect de la démocratie. Une transformation profonde des structures de l’Union européenne est indispensable pour rendre possibles ces politiques ambitieuses de solidarité. Cela implique la remise en cause du pacte budgétaire. 

 

Mais l’Europe ne pourra pas régler seule l’addition de la crise. Les États devront eux aussi apporter une réponse fiscale et budgétaire dans un esprit de justice. Pour corriger les inégalités creusées au cours des dernières décennies et aggravées par la crise, et pour prévenir l’effondrement de nos sociétés. La France doit rétablir un Impôt de solidarité sur la fortune, mettant à contribution les patrimoines les plus élevés, et renforcer la progressivité de sa fiscalité sur les revenus, notamment ceux du capital, largement érodée depuis 2017. Compte tenu de l’ampleur des dépenses engagées pour faire face à la crise, elle devra appeler une contribution anti-crise des citoyens les plus aisés. La taxation des secteurs qui ont bénéficié de la crise et de ceux qui ont décidé, au coeur de la tempête, de continuer à distribuer des dividendes ou à s’enrichir à l’abri des paradis fiscaux doit être proposée sans délai au Parlement. La maitrise à l’avenir des écarts de salaires au sein des entreprises participe de ces préalables de justice : au-delà d’un écart d’un à douze, il ne serait plus possible de déduire les rémunérations et les cotisations de l’impôt sur les sociétés. Ces choix sont inséparables d’une action ambitieuse pour que les bénéfices des sociétés multinationales cessent d’échapper largement à la fiscalité française, notamment en les obligeant à une totale transparence sur leurs activités et les taxes payées dans les pays où elles sont présentes. Cette reconquête ne sera complète que lorsque les géants du numérique contribueront par un impôt juste aux efforts d’investissement qui attendent la France et l’Europe. 

 

Ces mesures n’auront de sens et d’efficacité que si dans l’après-crise, une transition démocratique offre à tous la capacité d’agir pour un monde commun. La verticalité du pouvoir fracture la société. Elle alimente l’impuissance et la défiance. C’est l’échec de la Vème République. Seule une refondation de nos institutions permettra de le dépasser. Il est impératif de ne pas confier à un « sauveur suprême » ou au pouvoir technocratique « la sortie de crise », mais au contraire d’augmenter la participation des citoyen.nes aux décisions qui les concernent et cela à tous les niveaux. 

 

Réussir les transitions exige un développement des emplois publics partout où leur manque cruel se vérifie aujourd’hui. Il faudra aussi rénover l’action publique en inventant les outils, l’organisation, les métiers du secteur public de demain. Rien ne progressera sans des délibérations collectives, valorisant bien davantage les citoyens et leurs compétences, l’éducation, l’innovation sociale et la création culturelle, les territoires, villes et villages. 

 

Cet impératif s’adresse aussi aux entreprises : pour réussir la sortie de crise, il faut y faire entrer la démocratie en associant réellement les salariés à leur stratégie. Cela doit s’incarner dans une codétermination à la française avec la présence de 50% de représentants des salariés dans les conseils de surveillance ou les conseils d’administration des grandes entreprises et le renforcement des pouvoirs des représentants des salariés à tous les niveaux. 

 

Lourde de souffrances inédites, cette période ne doit pas confisquer les espoirs de changement, bien au contraire. Faisons place à l’action collective et à ces premières convergences. Pour être à ce rendez-vous de notre Histoire, nous proposons qu’un grand événement, une « convention du monde commun », réunisse dans les prochains mois toutes les énergies disponibles, les citoyennes et citoyens épris de profonds changements, les formations politiques, les forces associatives, les initiatives que portent syndicats et ONG. C’est une première étape cruciale et attendue pour une alternative démocratique, écologique et sociale. Nous voulons lui donner la force de notre engagement.

Premiers signataires* :

 

Syamak Agha Babaei, Christophe Aguiton, Amandine Albizzati, Claude Alphandery, Nathalie Appéré, Guillaume Balas, Jeanne Barseghian, Marie-Laure Basilien-Gainche, Laurent Baumel, Romain Beaucher, Anne-Laure Bedu, Jacqueline Belhomme, Esther Benbassa, Patrice Bessac, Olivier Bianchi, Habiba Bigdade, Loïc Blondiaux, Alice Bosler, Maurice Braud, Rony Brauman, Axelle Brodiez, Ian Brossat, Philippe Brun, Julia Cagé, Sophie Caillat, Andrea Caro, Fanélie Carrey-Conte, Lucas Chancel, Pierre Charbonnier, Christian Chavagneux, Alain Coulombel, Annick Coupé, Jezabel Couppey-Soubeyran, Françoise Coutant, Thomas Coutrot, Cécile Cukierman, Ronan Dantec, Joël Decaillon, Laurence De Cock, Carole Delga, Stéphane Delpeyrat, Laurianne Deniaud, Emmanuel Denis, Gregory Doucet, Marie-Guite Dufay, Cécile Duflot, Antoine Dullin, Jérôme Durain, Guillaume Duval, Timothée Duverger, Nicolas Duvoux, Anne Eydoux, Olivier Faure, Rémy Féraud, Aurélie Filippetti, Diana Filippova, Alain Foix, Didier Fradin, Philippe Frémeaux, Guillaume Garot, Karl Ghazi, Jean-Luc Gleyze, Raphael Glucksmann, Daniel Goldberg, Guillaume Gontard, Gaëtan Gorce, Aziliz Gouez, Bernadette Groison, Florent Gueguen, Denis Guenneau, Hélène Hardy, Jean-Marie Harribey, Anne Hessel, Catherine Hoeffler, Pierre Hurmic, Marie-Hélène Izarn, Pierre Jacquemain, Yannick Jadot, Hugues Jallon, Vincent Joineau, Régis Juanico, Nina Karam-Leder, Pierre Khalfa, Yazid Kherfi, Hella Kribi-Romdhane, Thierry Kuhn, Joël Labbé, Guillaume Lacroix, Delphine Lalu, Aurore Lalucq, François Lamy, Sandra Laugier, Pierre Laurent, Guillaume Le Blanc, Joël Le Coq, William Leday, Claire Lejeune, Corinne Lepage, Elliot Lepers, Nadine Levratto, Medhi Litim, René Louail, Benjamin Lucas, François Mandil, Bénédicte Manier, Edouard Martin, Gus Massiah, Nora Mebarek, Dominique Meda, Philippe Meirieu, Claire Monod, Beligh Nabli, Naïri Nahapetian, Alexandre Ouizille, Christian Paul, Renaud Payre, Willy Pelletier, Camille Peugny, Maxime Picard, Thomas Piketty, Eric Piolle, Dominique Plihon, Dominique Potier, Alexis Poulin, Angèle Préville, Audrey Pulvar, Valérie Rabault, Jean-Paul Raillard, Gilles Raveaud, Sandra Regol, Nadine Richez-Battesti, Martin Rieussec-Fournier, Jacques Rigaudiat, Marie-Monique Robin, Johanna Rolland, Barbara Romagnan, Laurence Rossignol, Muriel Rouyer, Virginie Rozière, Michèle Rubirola, Bernard Saincy, Eva Sas, Mounir Satouri, Frédéric Sawicki, Laurence Scialom, Sabrina Sebaihi, Aissata Seck, Gabrielle Siry, Emmanuel Soulias, Jo Spiegel, Olivier Szulzynger, Sophie Taille, Bernard Thibault, François Thiollet, Isabelle This Saint-Jean, Stéphane Troussel, Henri Trubert, Hulliya Turan, Boris Vallaud, Najat Vallaud-Belkacem, Shahin Vallée, Antoine Vauchez, Denis Vicherat, Anne Vignot, Patrick Viveret.

* à titre personnel

 

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14 mai 2020 4 14 /05 /mai /2020 05:26

 

Le confinement obligé a été le révélateur frappant d’aspects négatifs de nos sociétés sur la préservation de la planète et des écosystèmes. L’obligation de remiser nos voitures au garage a fait fortement baisser les émissions de CO2 ainsi que la pollution de l’air. Même conséquences écologiques pour la forte réduction de l’activité industrielle.

 

 

Le confinement obligé a été le révélateur frappant d’aspects négatifs de nos sociétés sur la préservation de la planète et des écosystèmes. L’obligation de remiser nos voitures au garage a fait fortement baisser les émissions de CO2 ainsi que la pollution de l’air. Même conséquences écologiques pour la forte réduction de l’activité industrielle.

C’est une bonne nouvelle pour la lutte contre le réchauffement climatique. L’amélioration de la qualité de l’air est aussi une bonne nouvelle pour la santé de nos concitoyens (cette pollution provoquant une surmortalité non négligeable). Cependant, il y a fort à parier que ces aspects paradoxalement positifs de la crise sanitaire ne soient que provisoires si le jour d’après ne change pas radicalement nos modèles de sociétés.

Comment doit-on envisager un après écologique … sachant que ne se perpétueront ni un confinement généralisé, ni    une industrie réduite à l’indispensable survie ?

Il convient d’avoir des propositions pour révolutionner notre société, nos modes de production, dépasser un système capitaliste obnubilé par l’argent, sur-exploiteur des ressources naturelles et impliqué dans la dégradation de la planète. Car ce même système capitaliste, mis en accusation par nombre de nos concitoyens, va préparer sa défense, proposer des solutions pour accroitre sa main mise sur la planète et accroitre ses profits, comme il en est capable avec le réchauffement climatique où le droit à émettre du CO2 se négocie sur les marchés financiers.

Ainsi, même un Macron, chaud partisan de l’argent- roi, défenseur du temple capitaliste, empêtré dans les contradictions du système et sa mise en accusation, s’oblige à des entorses aux lois du marché en relocalisant des productions. Je pense aux masques qui ne sont plus que rarement produits en France quand l’essentiel provient de pays à bas coûts salariaux, et, dans ce cas, de la Chine.

C’est un bel exemple de ce qu’il faudrait généraliser demain pour combiner protection de nos concitoyens et de la planète. Relocaliser ! Produire local ! C’est mettre en place des circuits courts. Circuit court ne vaut pas que pour les produits agricoles, l’alimentation. Cela vaut pour l’industriel également : il est indispensable de faire décroître fortement le transport de marchandises sur des milliers de kilomètres, déplacements engendrés par les logiques de délocalisation des productions et de dumping social, fiscal et donc de dumping environnemental. A titre d’exemple, le caractère ubuesque de la chaîne de valeur qui conduit à faire décortiquer au Vietnam des crustacés écossais, puis les faire fumer à Madagascar pour finalement les vendre dans des magasins en Europe…

 

Les circuits courts sont un des moyens de réduire l’empreinte carbone exorbitante que représentent les transports. Cette logique écologique est couplée à des vertus sociales en termes de création d’emplois. Ces circuits courts doivent être combinés à un effort d’investissement, de développement vigoureux dans les modes de transports les plus propres ! Pour le transport des personnes, il faut aller vers une réduction du transport individuel en voiture, en favorisant le ferroviaire, les transports en commun, le co-voiturage, le vélo et la marche à pied. Pour le transport des marchandises, ferroviaire, fluvial et maritime (cargos à voile) doivent être favorisés au détriment du tout camion et des avions.

A l’objectif, idéalisé par certains, d’une société totalement décroissante qui prendrait le risque de ne pas répondre à des besoins fondamentaux des sociétés humaines (vaincre la faim et la pauvreté, améliorer la santé, rénover thermiquement des logements …), il convient de plaider pour une décroissance des activités inutiles et une croissance de ce qui est utile socialement. Il convient de plaider pour des relocalisations, une production agricole et industrielle de proximité, en investissant dans la recherche pour que les process agricoles comme industriels soient respectueux de l’environnement, et n’épuisent pas les ressources. A l’obsolescence programmée, concept certifié capitaliste, destiné à accentuer la vente de nouveaux produits pour faire de nouveaux profits, préférons l’économie circulaire qui implique éco-conception des produits, réparation, économie des ressources pour les produire. Il faut imaginer une société qui produise, si elle se donne les moyens de produire propre et de produire utile.

Voilà quelques pistes de réflexions qui n’épuisent pas le sujet !

Alain Pagano, membre du CEN, responsable de la commission Écologie.

 

 

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2 mai 2020 6 02 /05 /mai /2020 05:53

 

Tous les grands rendez-vous sur le climat et la biodiversité ont été annulés. Alors que les plans de relance, eux, se décident et s’apprêtent à lâcher des milliards pour relancer la machine, comment penser l’ambition climatique ?

2020 devait être l’année de l’ambition climatique et de la biodiversité… Sera-t-elle celle des plans de relance qui lâchent des milliards sur les secteurs les plus polluants ? Partout, les plans de sorties de crise commencent à être annoncés. Avec ou sans contreparties.

Mais « on ne doit pas sortir de cette crise, comme on y est entrés », prévient Laurence Tubiana, la présidente de la Fondation européenne pour le climat, qui fut la négociatrice de l’accord de Paris de la COP21 en 2015. Lors d’un séminaire organisé par l’Iddri (l’institut du développement durable et des relations internationales) le 30 avril, la question de l’ambition pour le climat a été longuement débattue. Quelle stratégie adopter ? Quel agenda ? Quels risques ? Dans quelle mesure parvenir à imposer la question dans la sortie de crise ?

 

Le virus a tout chamboulé

Il faut dire que la COP 25 à Madrid en décembre dernier avait déjà été un échec. « Elle s’est mal passée, il y a eu beaucoup de dysfonctionnement dans le multilatéralisme. On n’a pas réussi à dépasser les divergences », reconnaît Paul Watkinson, l’ancien président de l’Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique, en charge de faire l’interface entre les décideurs politiques et la communauté scientifique lors des COP.

Et le Covid-19 est venu chambouler l’agenda du climat et de la biodiversité. Tous les grands rendez internationaux ont été annulés : la COP 26 sur le climat, prévue en novembre à Glasgow au Royaume-Uni, mais aussi la COP 15 sur la biodiversité, prévue en octobre à Kunming, en Chine.

« Sans oublier le sommet des Nations unies sur l’Océan, tout comme le Congrès mondial pour la nature, le lancement de la décennie pour la restauration des écosystèmes… ça devait être l’année de la nature et de nouveaux engagements politiques », détaille Jeanne N’tain, négociatrice à la Convention sur la diversité biologique (CDB) pour la Côte d’Ivoire. Tous reportés à 2021. Tout comme les ambitions qu’ils portent ?

 

Trente pays appellent à ne pas occulter la crise climatique

Pour l’instant, seuls huit pays (Japon, Nouvelle-Zélande, Norvège, Chili, Singapour, îles Marshall, Surinam, Moldavie) ont déposé auprès de l’ONU de nouveaux engagements climatiques, comme le prévoit l’accord de Paris. 106 pays se sont également engagés à accroître leurs plans climat avant fin décembre, selon Climate Watch… Mais ils ne représentent que 15 % des émissions mondiales.

Du côté des signaux positifs : lors du « dialogue de Petersberg », une conférence annuelle organisée par l’Allemagne et maintenue en visioconférence les 27 et 28 avril, un front commun d’une trentaine de pays a appelé à « ne pas occulter la crise climatique » et intégrer dans les plans de relance de l’économie « des objectifs environnementaux et climatiques afin de rendre les sociétés et les économies plus résilientes aux prochains chocs ». Parmi ceux-là : la France, mais aussi l’Allemagne et l’Italie, ainsi que la Chine, des pays parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre.

 

Green Deal ou Greenwashing ?

En Europe, la France, tout comme la Finlande, veulent faire du « Green Deal », le projet de transition écologique portée par la commission européenne, le cadre des plans de relance. Mais le Green Deal va-t-il survivre ou seulement glisser vers le greenwashing ? Dès la fin mars, il a été mis sous pression par les gouvernements et lobbies. « Tous les jours, il y a des hauts et des bas », reconnaît Laurence Tubiana. Et avec quel financement ? « Le risque, c’est que les pays fassent d’abord les pompiers, sur l’urgence. Et puis, ils verront après pour le climat, les océans, la biodiversité… Mais après, il sera trop tard », souligne-t-elle.

Car la crise du coronavirus est bien celle du système.  « Elle appelle à tout revoir, nos modes de vies, de consommations, nos rapports aux écosystèmes animaux », argumente Jeanne N’Tain, la négociatrice de la Côte d’Ivoire. D’autant plus que ce n’est peut-être que le début. « La communauté scientifique a identifié depuis longtemps les liens entre santé humaine et biodiversité. On ne peut pas limiter cette crise à un événement unique qui n’arriverait plus à cette génération. Il est fort probable qu’une crise du même type se reproduise », défend pour sa part le canadien Basile van Havre, Coprésident du Groupe de négociation sur le cadre post-2020 de la Convention sur la diversité biologique (CDB).

 

La crise sociale oblige à adopter une approche intégrée

Mettre la nature au centre, c’est le sens de l’appel de 4 experts de l’IPBES (la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) - le « Giec de la biodiversité » - publié le 27 avril (en anglais) : il faut choisir des politiques et des actions qui protègent la nature, afin que celle-ci puisse nous aider à nous protéger. « La réponse à la crise du Covid-19 exige que nous affrontions tous les intérêts qui s’opposent à un changement transformateur et que nous mettions fin au business as usual. »

Mais comment intégrer toutes ces dimensions ? Laurence Tubiana, celle qui a négocié les accords de Paris, connue plutôt pour sa modération, « ne croit plus à une approche trop spécifique, le climat d’un côté, la biodiversité ou l’océan de l’autre. La crise sociale nous oblige à adopter une approche intégrée. Il faut un autre agenda, une diplomatie de la reconstruction vers la transition écologique qui donne une place essentielle à la question sociale et à la réduction des inégalités ». Enfin… ONG et syndicats le construisent déjà ensemble. (Voir aussi notre émission spéciale 1er Mai)

 

Pia de Quatrebarbes

 

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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 05:58

Alain Pagano est maitre de conférences en écologie et responsable de la commission environnement du PCF

 

La crise sanitaire, les trop nombreux décès qu’elle provoque, la mobilisation pour des solutions de protection de nos concitoyens. C’est ce qui anime la vie des français en ce moment. Point d’ajouts sur ces éléments, mais la volonté de nourrir la réflexion sur cette pandémie sous le seul prisme de l’écologie.

Comment en est-on arrivé là ?

La maladie induite par le Covid-19 est, très probablement, une zoonose, c’est-à-dire une maladie qui a été transmise par des animaux sauvages, et ceux qui sont très fortement suspectés sont des pangolins, des chauves-souris, et ou des civettes, pour les espèces qui sont présentes en Chine, foyer originel de la pandémie. Le virus présent dans ces animaux aurait muté pour passer à l’humain. Ce qui permet de le penser, selon les scientifiques, c’est la très forte ressemblance génétique entre les coronavirus de ces 3 groupes d’espèces[1].

Cette interprétation scientifique s’appuie sur d’autres exemples comparables de zoonoses, ce qui fait dire à d’autres experts que l’humain a une vulnérabilité croissante face aux pandémies de ce type à cause de la destruction accélérée des habitats[2][3].

Le changement climatique est-il responsable ?

La question qui vient est comment est-il possible que ce virus soit arrivé à l’Humain ? Le changement climatique en est-il la cause ? Ou bien à tout le moins des modifications environnementales ? Il est important de répondre à ces questionnements.

 

Figure du ministère de l’agriculture ; https://agriculture.gouv.fr/les-zoonoses-ces-maladies-transmissibles-entre-lhomme-et-lanimal)

Au-delà du fait qu’en Chine il y a commerce d’animaux sauvages vivants pour des usages d’alimentation, et qu’il aurait favorisé le passage du virus de l’animal à l’humain, des scientifiques pointent également d’autres facteurs : les déforestations, la réduction des écosystèmes favorables aux espèces sauvages, à laquelle s’ajoute l’étalement urbain. Tout cela favorise la probabilité de contacts plus fréquents entre humains et faune sauvage, donc augmente la probabilité de transmission du virus. C’est l’hypothèse la plus fondée scientifiquement aujourd’hui.

Si les virus existent et se propagent de façon naturelle, les activités humaines sont parfois aggravantes pour faire survenir de nouvelles pandémies. La modification de l’environnement consécutive à la surexploitation des ressources naturelles est bien en cause, car la déforestation répond souvent aux besoins de l’agrobusiness plus qu’à la paysannerie de proximité. Cela questionne nos modes de production et de développement, notre respect de la planète, nos modèles de société.

Certains militants de la cause environnementaliste invoquent, un peu vite, le réchauffement climatique comme responsable de cette pandémie. Au stade de nos connaissances scientifiques, c’est périlleux de l’affirmer de manière péremptoire. En effet, on n’en a aucune preuve ! Et donc parler du changement climatique sur cette question, c’est aller vite en besogne, voire contribuer à passer à côté d’autres combats à mener comme la nécessaire protection des écosystèmes et de leur biodiversité.

En revanche, ce que l’on sait, c’est que des mutations génétiques peuvent survenir et être favorisées dans le cadre de changements environnementaux. Ce que l’on peut suspecter, c’est que nouvelles maladies peuvent survenir à cause des changements environnementaux (cf. cas du virus Ebola au Libéria et en Sierra Leone, du virus Chapare identifié en Bolivie, ou encore de la malaria à Bornéo[4]). Les effets du réchauffement climatique pourraient avoir pour effet de faire réapparaitre des maladies ou des virus aujourd’hui non actifs mais qui pourraient le devenir avec la fonte des glaces. Des espèces animales, vecteurs de maladie[5] comme les moustiques, aujourd’hui présents dans des pays tropicaux atteignent ou pourraient atteindre des pays tempérés comme le nôtre[6].  La lutte pour le respect de la planète et des écosystèmes est aussi une lutte pour la santé humaine dans nombre de cas. C’est vrai. Le changement climatique en est parfois la cause. Mais l’exemple le plus probant n’est pas le Covid-19.

 

Confinement, conséquences écologiques et les jours d’après.

Le confinement est une épreuve pour chacun. Mais, en parallèle des conséquences économiques, politiques et sociales, il a aussi des conséquences écologiques et systémiques marquées. En rupture avec l’avant crise. Suite à la réduction des transports et de l’activité industrielle, les émissions de CO2 ont fortement baissé, ce qui est positif pour la lutte contre le réchauffement climatique. La pollution de l’air a diminué également, ce qui est une bonne nouvelle paradoxale pour la santé de nos concitoyens, cette pollution provoquant de la surmortalité. Cependant, il y a fort à parier que ce ne soit que provisoire si l’après ne change pas de l’avant crise.

Si on peut se féliciter de ces bonnes nouvelles environnementales dans un contexte de mauvaises nouvelles, doit-on envisager l’après comme cela ? Avec une industrie réduite à l’indispensable survie et un confinement généralisé ? La question est volontairement polémique pour susciter le débat.

En effet, alors que nos concitoyens commencent à s’interroger sur les jours d’après, sur la société qu’il faudra réinventer, je crois qu’il convient de réfléchir à quelques propositions pour révolutionner notre société, nos modes de production, dépasser un système capitaliste obnubilé par l’argent, sur-exploiteur des ressources naturelles et impliqué dans la dégradation de la planète. Car ce même système capitaliste, mis en accusation par nombre de nos concitoyens va préparer sa défense, proposer des solutions pour accroitre sa main mise sur la planète et accroitre ses profits, comme il en est capable avec le réchauffement climatique où le droit à émettre du CO2 se négocie sur les marchés financiers.

Ainsi, même un chaud partisan de l’argent roi, défenseur du temple capitaliste, empêtré dans les contradictions du système et sa mise en accusation, s’oblige à des entorses sévères aux lois du marché en relocalisant des productions. Je pense aux masques chirurgicaux et ffp2 qui ne sont plus que rarement produits en France quand l’essentiel provient de pays à bas coûts salariaux, et dans ce cas la Chine.

C’est une bonne chose, surtout si ce n’est pas que provisoire. C’est un bel exemple de ce qu’il faudra généraliser demain pour combiner la protection de nos concitoyens et celle de la planète. Relocaliser ! C’est mettre en place des circuits courts. Circuit court ne vaut pas que pour les produits agricoles, l’alimentation. Cela vaut pour l’industriel également : il est indispensable de faire décroitre fortement le transport de marchandises sur des milliers de kilomètres, déplacements engendrés par les logiques de délocalisation des productions et de dumping social, fiscal et donc de dumping environnemental

Car en effet, les circuits courts sont un des moyens de réduire l’empreinte carbone exorbitante que représentent les transports[7]. Ils doivent être combinés à un effort d’investissement, de développement vigoureux dans les modes de transports les plus propres ! Pour le transport des personnes, il faut favoriser le ferroviaire et les transports en commun dans nos sociétés de demain. Pour le transport des marchandises, ferroviaire, fluvial et maritime (cargos à voile) doivent être favorisés au détriment du tout camion et des avions.

A l’objectif idéalisé par certains d’une société totalement décroissante qui prendrait le risque de ne pas répondre à des besoins fondamentaux des sociétés humaines (vaincre la faim et la pauvreté, améliorer la santé, rénover thermiquement des logements …), il convient de plaider pour une décroissance des activités inutiles et une croissance de ce qui est utile socialement. Il convient de plaider pour des relocalisations, une production agricole et industrielle de proximité, en investissant dans la recherche pour que les process agricoles comme industriels soient respectueux de l’environnement, et n’épuisent pas les ressources. A l’obsolescence programmée, concept certifié capitaliste destiné à accentuer la vente de nouveaux produits pour faire de nouveaux profits, préférons l’économie circulaire qui implique éco-conception des produits, réparation, économie des ressources pour les produire. Il faut imaginer une société qui produise, si elle se donne les moyens de produire propre et de produire utile.

Par ailleurs, la crise liée au Covid-19 a favorisé nombre de « fake news » voire des théories complotistes sur une fabrication humaine du virus. Il n’en est évidemment rien mais cela montre qu’il faut appeler à la prudence face aux propos hâtifs et aux fausses nouvelles. Cette note montre également la nécessité, au-delà de la recherche médicale sur les traitements et les vaccins possibles pour soigner la maladie qu’il est nécessaire de booster la recherche publique (en postes comme en moyens budgétaires, en possibilités de coopération internationale plutôt qu’en tentations de replis sur soi nationaliste) sur nombre d’aspects et évidemment pour ce qui nous concerne, sur les recherches en écologie. Si l’on se doit agir dans l’immédiateté de la crise, une vision et une action de long terme sont nécessaire, notamment en matière de recherche.

L’hôpital public sort renforcé de cette crise dans son évidence et son utilité. Ce besoin d’un service public fort devrait s’étendre aux médicaments, mais aussi à tout ce qui touche à la gestion des ressources naturelles, à la protection de la santé de la planète car il y a solidarité de destin avec celle des humains. Et il y a solidarité de destins entre humains. La coopération internationale plus que les replis sur soi nationalistes et égoïstes, voilà une valeur pilier de « l’Humain et la Planète d’abord ».

Enfin, pour changer notre société, il faut qu’elle soit beaucoup plus démocratique.  Que l’exigence démocratique prenne le pas sur l’appât du gain. Que la santé des salariés prime sur le taux de profit. Dans les entreprises, les CSE (ex CHS) pour le secteur privé comme les comités sociaux (dont l’existence devrait être généralisée dans le secteur public) doivent avoir un pouvoir accru en matière de sécurité au travail et de santé.

Voilà quelques pistes de réflexions qui n’épuisent pas le sujet !

Alain Pagano

 


[1] Donc, je me permets de le préciser ici, point d’inquiétude à avoir pour votre animal de compagnie, car il n’est a priori pas impliqué dans la zoonose, et ne transmet donc pas le Covid-19 à ce stade.

[2] Cf Actu Environnement du 24 mars. Interview du scientifique C. Lebarbenchon « Le problème ne vient pas des espèces animales mais des changements environnementaux issus de nos activités »

[3] Voir dans le dernier Monde Diplomatique (Mars 2020) l’article D’où viennent les coronavirus ? Contre les pandémies, l’écologie.

[4] cf. « Les épidémies couvent sous les cendres des forêts » de Marina Aizen – Anfibia Buenos Aires traduit dans un récent Courrier International

[5] Par exemple dengue, fièvre jaune, Zika et chikungunya pour le moustique tigre

[6] Le moustique tigre est dorénavant installé dans la majeure partie du Pays sans être, pour l’instant, vecteur de maladies en France métropolitaine

[7] A titre d’exemple, le caractère ubuesque de la chaîne de valeur qui conduit à faire décortiquer au Vietnam des crustacés écossais, puis les faire fumer à Madagascar pour finalement les vendre dans des magasins en Europe…

 

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25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 06:17

 

Les mesures prises un peu partout dans le monde  pour lutter contre la propagation du Covi -19 vont réduire considérablement l’activité économique sur toute la planète. Du coup, les émissions de gaz à effet de serre  pourraient baisser en 2020 par rapport à 2019. Car il y aura eu, des semaines durant, des milliers d’usines à l’arrêt, des milliards de voitures en moins sur les routes, des milliers d’avions en moins dans le ciel. Toutefois, il ne faudra pas interpréter cela comme une inversion  durable de la courbe des émissions de CO2 pouvant nous conduire à la neutralité carbone à l’horizon 2050. D’autres chiffres ont récemment confirmé la tendance inverse. 

Un peu partout dans le monde, les fermetures d’usines, pendant quelques semaines, vont se traduire par une moindre consommation d’énergie électrique en provenance des centrales fonctionnant au charbon, au fioul ou au gaz. De même, il y aura, dans de nombreux pays,  moins de voitures sur les routes du fait même de la mise en arrêt des entreprises. Mais ces changements ne seront que provisoires. L’Organisation météorologique mondiale(OMM) nous informait le 10 mars que 2019 a été, après 2016, la seconde année la plus chaude dans le monde depuis que l’on pratique des relevés réguliers de température. D’après l’OMM, les cinq dernières années qui viennent de s’écouler figurent toutes dans les  années les plus chaudes depuis 1950.

Au niveau planétaire, le réchauffement global  est désormais de + 1,1°C par rapport à la période préindustrielle du début XIXème siècle. Mais ce réchauffement est plus élevé sur terre qu’au niveau des océans, bien que ces derniers continuent aussi de se réchauffer. Voilà un peu plus de quatre ans,  l’accord conclut lors de la COP 21 à Paris en décembre 2015 prévoyait de contenir le réchauffement à +2°C à la fin de ce XXIème siècle, et, si possible, à +1,5°C afin d’en limiter les conséquences désastreuses pour la vie sur terre. Mais, selon Omar Baddour, chargé de mission à  l’OMM « certaines projections montrent que l’on pourrait attendre + 1,5°C de réchauffement global dans cinq ans», soit à la fin du premier quart de ce siècle et non en 2100 !

40 milliards de tonnes de CO2 émises chaque année dans le monde 

 

Quelques chiffres doivent être rappelés  pour comprendre que la partie est loin d’être gagnée. Les émissions mondiales annuelles de CO2 sont de l’ordre de 40 milliards de tonnes en ce début de XXIème siècle alors qu’il faudrait les diviser par quatre  pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050. Un pays comme la France, en dépit des faibles émissions imputables à sa production électrique, a émis dès le début de mois de mars, autant de CO2 qu’il émettrait en douze mois, s’il respectait  aujourd’hui ce que l’on nomme la neutralité carbone que l’Europe se fixe comme objectif pour 2050. Nos secteurs les plus émetteurs sont dans l’ordre les transports avec près de 30%, le bâtiment, l’agriculture et l’industrie. Les émissions de l’industrie sont  passées sous la barre des 20% de nos émissions globales. Mais c’est par le biais des délocalisations de productions dans les pays à bas coûts de main d’œuvre. Dit autrement, le bilan carbone imputable à la production des biens industriels que nous utilisons est plus élevé que celui de la production  de ceux que nous fabriquons.      

Un dépérissement des forêts est déjà en cours 

Nous voyons déjà  les conséquences négatives du réchauffement global s’aggraver  avec ses périodes de sécheresse et de canicule. Nous avons vu la température à l’ombre monter à plus  de 46°C dans un village de l’Hérault en juin dernier et à 42,6°C dans la ville de Paris au cours de l’été. Nous voyons aussi se succéder les tempêtes et les pluies diluviennes de plus en plus fréquentes avec de toujours  plus de dégâts provoqués par le vent et les inondations.

Dans un tout autre domaine, on constate dans plusieurs régions du monde un dépérissement des forêts.  Avec les longues périodes de sécheresse qui se succèdent, une forte densité de plantation dans la forêt ne permet plus à tous les  arbres de trouver assez d’eau dans le sol pour survivre. Dans cette concurrence pour la survie, les arbres les plus faiblement enracinés dépérissent et finissent par mourir. Nous le voyons désormais dans plusieurs régions forestières de France  à commencer par les Vosges. Ces arbres qui sèchent sur pied, captent de moins en moins de carbone et offrent aussi un bon combustible aux incendies.

L’évolution rapide du réchauffement climatique permet de mieux comprendre l’importance du message des scientifiques du GIEC quand ils insistent sur le fait que la bataille du climat sera gagnée ou perdue dans les toutes prochaines années, à savoir d’ici 2030 pour l’essentiel. Mais force  est de constater qu’on n’en prend pas le chemin, y compris en France. Nos gouvernants laissent toujours le marché spéculatif concentrer les emplois au cœur des capitales régionales tandis que les zones d’habitation de ceux et celles qui occupent ces emplois s’éloignent de plus en plus loin en banlieue. Face à la spéculation immobilière, de plus en plus de salariés  n’ont pas les moyens de se loger au cœur des villes. Voilà qui met toujours plus de voitures sur les routes deux fois par jour. De même, les normes de construction des bâtiments ne sont pas, loin s’en faut, suffisamment orientées vers les économies d’énergie.

 

Réduire le bilan carbone des transports, des bâtiments et des aliments 

 

Dans deux semaines, les 150 membres de la «Convention citoyenne», tirés au sort l’an dernier  pour faire des propositions aux pouvoirs publics, vont rendre leurs conclusions. Il faudra les examiner le moment venu  et il y aura probablement beaucoup de propositions de bon sens. Mais il suffit d’observer l’évolution de la conduite de l’économie en France, comme en Europe et au-delà,  pour constater que, pour le moment, les décisions permettant d’aller vers la neutralité carbone en 2050 risquent fort de ne pas être prises. Dans le cas précis de la France  il faudrait, en même temps, réduire la circulation sur route, mieux isoler les bâtiments et réduire la distance entre les lieux de production de nos principaux produits alimentaires et les lieux de consommation. En dépit de quelques bons exemples qu’il est toujours possible de mettre en exergue, ici ou là, c’est le contraire qui prédomine un peu partout dans le pays.

Au niveau de l’Union européenne, la Commission de Bruxelles et les pays membre continuent  de négocier des accords de libre échange avec les pays tiers. Du coup, la «compétitivité» continue d’être recherchée via le dumping, social, fiscal et environnemental; ce qui augmente les émissions de CO2 dans le processus de production et dans l’allongement des transports. Le manque de pièces dans les usines européennes suite à l’arrêt de la production en Chine est venu nous le rappeler ces dernières semaines.

Face à toutes ces contradictions et dépit de leur bonne volonté, les 150 citoyens tirés au sort  ne pourront guère changer cette réalité tant que la politique globale se fera dans l’intérêt exclusif des firmes multinationales.

                  

 

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16 février 2020 7 16 /02 /février /2020 06:46

 

Quand il sort du pis de la vache, le bilan carbone du lait est plus élevé dans le Grand-Ouest de la France qu’en Franche-Comté. Quand le produit laitier arrive sur la table du consommateur, cette différence  s’est encore  accrue. Pourtant,  une récente étude réalisée en France  sur la compétitivité   des filières laitières  dans le monde par le cabinet Agrex Consulting  gomme totalement le bilan carbone  des différents systèmes de production. Voilà qui ne contribuera à mettre en place une production laitière durable en France et dans le monde.

Parmi les propos tenus par  Emmanuel Macron  le 10 janvier dernier lors de sa rencontre avec les membres de la « Convention climat», il faudra se souvenir de  cette phrase : « Je défendrai une économie de marché libre et ouverte  et je pense qu’elle est compatible avec l’écologie».  Plutôt que de polémiquer sur cette phrase   lâchée ce jour-là  par le  chef de l’Etat, nous proposons d’analyser l’étude que vient de publier  le cabinet Agrex Consulting  sur le marché mondialisé  des produits laitiers. Ses travaux ont été vendus  à FranceAgriMer, l’organisme parapublic  qui travaille à l’organisation  des principales filières agricoles  et des produits de la mer en France.

Dans un document de 36 pages,  Agrex Consulting analyse les atouts  de la filière laitière dans huit   pays  de l’Union européenne (France, Allemagne, Pays Bas, Danemark, Irlande, Italie, Royaume Uni, Pologne)    et ceux de cinq pays tiers  qui sont l’Argentine, l’Australie, le Brésil, les Etats Unis   et la Nouvelle Zélande. L’étude retient 7 axes de compétitivité pour   chacun de ces pays. Ils vont  du « poids de l’agroalimentaire  dans les exportations » jusqu’à la « capacité  à conquérir des marchés » en passant par la « durabilité des ressources », le « potentiel de production des filières », la « maîtrise technique ». Il manque  juste le bilan carbone du litre de lait quand il sort du pis de la vache  et celui du produit laitier quand il arrive  sur la table du consommateur.  Et comme ce produit laitier  a parfois  fait le tour du monde  avant d’être consommé, on peut dire que l’étude d’Agrex Consulting, occulte totalement la contribution de cette filière  agricole, agro-industrielle et commerciale,  au réchauffement climatique global.

 

Un bilan carbone différent de la Bretagne à la Franche-Comté

Nous allons, dans cet article, nous limiter au cas de la France en partant de deux exemples précis. Dans l’article suivant, nous évoquerons surtout la situation des Pays Bas. En France, les principales zones laitières sont situées au nord de la Loire. Les régions   Bretagne,  Pays de la Loire  et Hauts de France  sont parmi celles  qui produisent chaque année les plus gros volumes de lait. Ce sont aussi celles où les traditions fromagères sont moindres qu’en Normandie, en Franche Comté ou en Auvergne. Quand il sort du pis des  vaches, le lait  produit en Bretagne présente un bilan carbone nettement plus élevé  que le lait produit en Franche-Comté. En Bretagne, les vaches laitières consomment beaucoup de maïs broyé  et conservé dans un silo. Sa culture a nécessité des labours, du carburant  et des engrais  très émetteurs de gaz à effet de serre. Comme cet aliment énergétique  est pauvre  en protéines, la ration quotidienne des vaches  est complétée par des tourteaux de soja  importés  d’Amérique du sud, ce qui contribue  à la déforestation de l’Amazonie.

En Franche-Comté, dans la zone d’appellation du fromage connu sous le nom de  comté, le cahier des charges de l’appellation fromagère, interdit les aliments fermentés comme le maïs en silo ou l’herbe  d’ensilage.  Les vaches consomment l’herbe des prés à la belle saison et du foin durant la saison hivernale. Les apports de  soja sont limités et l’on recherche plutôt une herbe enrichie  avec des mélanges appropriés  de graminées  et de légumineuses que l’on retrouve aussi dans le foin. C’est donc l’existence  de ce cahier des charges rigoureux destiné à produire un fromage de qualité qui fait que le bilan carbone de chaque litre de lait sortant du pis des vaches en Franche Comté est nettement plus bas  qu’en Bretagne. Les critères utilisés par Agrex Consulting  occultent cette différence.

 

400 litres de lait pour une meule de fromage pesant 40 kilos

Mais il nous faut aussi regarder le bilan carbone du produit laitier arrivant sur la table du consommateur. En Franche-Comté, le lait  est collecté par des « fruitières », ces petites coopératives qui rayonnent au niveau d’un canton. Cela diminue la distance parcourue   par les camions citernes  qui  transportent de lait de la ferme à la fruitière. Ensuite, ce lait  est surtout transformé  en fromage d’appellation comté,  à quoi s’ajoutent  souvent un peu de beurre et de crème, des produits souvent consommés localement. Comme  il faut 400 litres de lait pour produire  une meule de comté pesant une quarantaine de kilos et que les  protéines du  «petit lait»  sont récupérées localement  pour l’alimentation des animaux, toute la matière première  est valorisée. Une fois affiné, le poids du fromage est dix fois moindre que celui du lait  utilisé pour le produire dans la fruitière. Le transport  de ce  fromage  dans tout l’Hexagone comme sur des marchés  d’exportation dans quelques pays frontaliers  présente donc un bilan carbone modeste.

 

20% du lait de vache produit sur 7% du territoire

En revanche, le lait breton sera souvent transformé en lait de grande consommation, en beurre, en yaourts, en emmental  d’entrée de gamme. Comme la Bretagne produit  environ 20% de lait de vache en France sur seulement 7% du territoire, les laits liquides, les fromages, le beurre et les autres produits frais sortis de laiteries   bretonnes   devront parcourir une distance moyenne relativement longue avant d’arriver sur la table du consommateur, y compris sur le seul territoire français. C’est d’autant plus vrai que l’on produit peu de lait liquide en France en dessous d’une ligne qui va de La Rochelle à Lyon.

Cette comparaison franco-française nous montre que l’analyse  produite par  Agrex Consulting  s’inscrit dans « une économie libre et ouverte » telles que la défend Emmanuel Macron. Mais la comparaison de nos deux exemples démontre qu’elle n’est pas « compatible avec l’écologie». Les auteurs de l’étude, eux,  ne se posent même pas ce genre de question. Voilà  qui montre à quel point une réflexion économique fondée sur la seule conquête des parts de marché dans une économie capitaliste mondialisée accentue  le réchauffement climatique alors qu’il est vital de le freiner.

 

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15 janvier 2020 3 15 /01 /janvier /2020 06:38

 

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Cette citation, entrée dans l’Histoire, a aussi dorénavant une dimension prémonitoire. Après le gigantesque brasier qui a consumé la forêt amazonienne l’année dernière, c’est au tour de l’Australie de partir en cendres ! Et certains experts de pronostiquer que cela se reproduira dans d’autres zones de la planète.

Drame humain avec des dizaines de morts. Émotion. Solidarité aux Australiens, dans un pays où l’assurance habitation n’est hélas pas toujours la règle.


Drame pour la biodiversité, particulièrement fragile dans un contexte insulaire, avec de nombreuses espèces qu’on ne trouve que dans cette partie du globe (on pense aux marsupiaux, notamment) qui sont menacées d’extinction après la disparition de millions d’individus (et probablement un milliard).


Drame pour le climat qui voit s’accentuer les émissions de CO2 résultant de l’incendie. Et cela alors que 2019 vient d’être classée 3e année la plus chaude en France, confortant toujours un peu plus la réalité du réchauffement climatique.


Alors que l’Australie subit en ce moment des températures caniculaires et une sécheresse forte, facteurs favorisant les incendies, le climato-scepticisme n’est plus de mise. L’inaction climatique n’est plus permise. Elle conduit à ce type de drames. Et pourtant, ironie du sort, le Premier ministre conservateur australien est climato-sceptique, et critiqué par son peuple pour son inaction. Les Australiens le payent au prix fort ! Le capitalisme est mis en cause, se préoccupant plus du profit à tout prix, quitte à mettre en péril ressources naturelles et populations.


Dans ce contexte de montée planétaire des préoccupations environnementales, Macron tente de redorer son blason vert. D’un côté, il n’écoute pas son peuple, en faisant la sourde oreille sur la question des retraites mais, de l’autre, se veut à l’écoute des citoyens qui planchent sur des solutions écologiques, en leur promettant un référendum ou l’application de lois qui seraient issues des travaux de la convention citoyenne pour le climat. Duplicité démocratique. Et les doutes sont permis sur cette promesse au regard de la politique actuelle négative du gouvernement en matière d’écologie. D’ailleurs Greenpeace ne se prive pas de critiquer cette politique et fustige, à juste titre, que Macron n’assume pas ses propres responsabilités.


En effet, lutter contre le réchauffement climatique devient urgent. On ne comprend donc pas bien pourquoi Macron va tirer au sort des citoyens pour travailler aux solutions climatiques (si ce n’est pour faire de la com’ et renvoyer à des solutions individuelles qui ne questionnent pas l’incongruité du système capitaliste pollueur) mais n’écoute pas les suggestions d’associations environnementales, des syndicats ou des partis politiques qui proposent des solutions pour changer le système et des solutions d’applications immédiates. On pourrait, sans attendre, prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique, ce qui demande sur la durée de réelles politiques publiques… mais manifestement la volonté politique réelle manque !
Alors, en cette nouvelle année 2020, il faut faire un vœu collectif : mettre nos forces en commun pour construire une alternative politique à Macron, un changement de politique réellement écologique et social.

 

Alain Pagano

Membre du CEN,

Responsable de la commission Écologie

 

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