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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 08:20
Signalée par Alain David, voici une réaction intéressante  d'André Chassaigne sur son blog à l'échec du G20 de Paris (faisant suite à 8 mois de négociation) des ministres de l'agriculture organisé en France qui devait limiter la spéculation sur les matières premières agricoles et réguler les marchés pour contenir les fluctuations des prix agricoles afin de faire face aux besoins alimentaires des plus pauvres et aux besoins de rémunération des paysans. A l'horizon 2050, selon les experts, il faudra augmenter de 70% la production pour faire face aux besoins alimentaires de la population mondiale, en augmentation principalement dans les pays en voie de développement. 
Avec quelles conséquences sur l'environnement et la santé si on fait face à ces besoins en faisant appel aux seules entreprises privées et à leur logique de rendement et de rentabilité à court terme? Avec quelle garantie que la hausse de la production agricole soit bien une visée des Etats (ce qui suppose d'aider l'agriculture locale et non de la sacrifier sur l'autel de l'ouverture des marchés ou de la modernisation de l'économie) et qu'elle s'accompagne, grâce à des prix rémunérateurs pour les matières premières produites par les paysans des pays pauvres et à des mécanismes de coopération, d'une meilleure ventilation de cette production alimentaire et du nombre de calories disponibles? Rappelons qu'une personne sur six sur la planète est sous-alimentée et que la crise capitaliste de 2007-2008 (qui a transformé les matières premières agricoles en valeur refuge pour la spéculation), combinée à la destructuration des politiques agricoles nationales, régionales et mondiale, et à l'exode rural, a fait basculer en seulement 2 ans près de 200 millions de personnes supplémentaires vers la faim.  
Quels sont les investissements publics dans la recherche et l'expérimentation agronomique pour les pays en voie de développement qui sont réellement libérés de la tutelle du profit capitaliste à court terme des grands groupes agro-alimentaires? Quels sont les moyens que se donne la communauté internationale pour lutter contre l'accaparement des terres par les puissances financières et l'expulsion des paysans traditionnels pratiquant une culture vivrière au profit des monocultures d'exportation (pour pallier aux besoins de l'élevage surdimensionné des pays riches, pour fabriquer des agro-carburants, ou confisquer la terre aux mains de puissances financières nationales et étrangères pour la revendre ou l'exploiter plus tard...)?  Comment lutter contre les égoïsmes des pays producteurs et exportateurs (Etats-Unis, Brésil, Argentine, par exemple) qui cherchent à maximiser les prix des matières premières agricoles en faisant des stocks qui condamnent à la famine des pans entiers des populations des pays pauvres, que le libéralisme du FMI et de leurs gouvernements a rendu dépendantes des cours mondiaux et des importations? Comment créer des réserves d'urgence, des stocks de régulation, détenues par la communauté internationale pour des objectifs de coopération et de lutte contre la faim et l'exode rural, qui pourraient permettre de lutter contre la volatilité des prix et ses conséquences?
Si le G20 agriculture de Paris a été un échec, c'est que la France a accepté, pour ne pas aboutir sur une impasse totale, que l'engagement de rendre public pour les Etats leurs stocks de matière agricole afin de limiter la spoéculation liée aux attentes de remontée des cours et aux incertitudes sur l'état de la production mondiale ne soit que facultatif. Une déclaration de principe de plus, sa valeur contraignante... C'est aussi qu'on ne s'est pas réellement attaqué au business des cinq multinationales qui contrôlent 75% du commerce international de céréales (cf. La Croix, 22 juin 2011), ce qui aurait impliqué de revenir sur leurs stratégies de pénétration des marchés régionaux par leur intégration à l'économie-monde financiarisée et l'imposition à tous les Etats du modèle libéral de libre circulation des marchandises et des capitaux.      

   

 

Une nouvelle fois, la « politique-réclame » du chef de l'État se conclut par un fiasco : les représentants des vingt économies les plus puissantes de la planète refusent de faire face à leurs responsabilités pour sortir l’agriculture des griffes des intérêts privés et de la fuite en avant dans la spéculation.

Ce jeudi 23 juin, les conclusions de l’initiative française se résument ainsi à un copié collé pour l’agriculture des mauvaises recettes appliquées à l’ensemble de l’économie mondiale après la crise financière de 2008.

L’accord des 20 pays se limite ainsi à améliorer la « transparence » des marchés et la « connaissance » des stocks agricoles, « en encourageant les pays à partager leurs données » et « à prendre des mesures appropriées pour une meilleure régulation ».

En dehors de ces vagues intentions, et de quelques vœux pieux sur l’augmentation de la production mondiale, aucune volonté politique n’a transparu pour extirper l'agriculture des dogmes libre-échangistes, et des dumpings sociaux, économiques, environnementaux conduits par l'OMC, le FMI, la Banque mondiale.

Comme l’a affirmé le ministre français de l’Agriculture, il s’agit bien d’un accord « historique », puisqu’il prétend tout résoudre sans rien changer sur le fond de la politique agricole et alimentaire mondiale. Les représentants des grandes puissances ont tourné le dos à l’humanité en montrant une nouvelle fois l’immense hypocrisie qui consiste à faire croire que tout change sans rien changer. L’instabilité des prix et la spéculation sur les marchés agricoles n’ont donc pas fini d’affamer les peuples du monde.

Saisir l’enjeu de civilisation d'un nouvel ordre alimentaire mondial suppose au contraire de mettre en place une véritable réforme agraire de dimension internationale, avec pour principes fondateurs la souveraineté alimentaire des peuples, et la protection de marchés communs régionaux fondés sur le développement d’une agriculture paysanne et la complémentarité des productions.

Plus que jamais, il faut en finir avec l’incantation politique. Plus que jamais, l'agriculture doit être considérée comme un bien commun de l'humanité.

 

                                                             André Chassaigne.

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