Repatha et Praluent: une pénurie exemplaire des abus de l’industrie pharmaceutique aux dépens de la santé des personnes
Les maladies cardiovasculaires représentent environ un tiers de la mortalité en France. On sait depuis longtemps que le cholestérol synthétisé dans le foie et circulant dans le sang au sein de particules appelées LDL (ou « mauvais cholestérol ») est un facteur de risque de ces maladies. Depuis la fin du siècle dernier, un groupe de médicaments, les statines, est prescrit chez de nombreuses personnes pour diminuer la synthèse de cholestérol dans le foie. Les brevets sur les statines sont désormais tombés dans le domaine public. Mais les statines sont soit inefficaces ou déclenchent des effets secondaires chez certaines personnes.
Dans les années 2000, les recherches menées dans les laboratoires publics ont identifié une protéine qui diminue l’élimination des particules LDL et des inhibiteurs de cette protéine sous forme d’anticorps la bloquant ont été développés. A l’heure actuelle, deux inhibiteurs sont commercialisés, l’Alirocumab (nom commercial : Praluent) et l’Evolocumab (nom commercial : Repatha).
Le premier est commercialisé par la SANOFI, 5ème groupe pharmaceutique mondial avec son siège en France, un chiffre d’affaires en 2024 de 41 milliards d’€ et un résultat net de 5,7 milliard d’€. Sanofi prétend que le prix accordé par la sécurité sociale pour le Praluent qui avoisine les 5000 € annuels par patient ne couvrent pas les coûts de production et a entamé une démarche de déremboursement. Le prix aux USA de ce type de médicaments sous forme d’anticorps avoisine ou dépasse les 30000 € annuels par patient. Cette demande de déremboursement qui exposerait les patients traités à payer le prix imposé par la SANOFI est un chantage pour que la Sécurité sociale accepte un prix plus proche des taris américains. Devant le tollé, la SANOFI a annoncé le retrait de sa demande mais le chantage continue via l’entretien d’une pénurie chronique. SANOFI a touché 1 milliard d’€ au titre du crédit d’impôt recherche depuis sa création par F Hollande tout en supprimant 3500 postes y compris dans la recherche. En outre, la nécessiteuse SANOFI a récemment annoncé 20 milliards d’€ d’investissement non pas en France mais aux USA. Sortez vos mouchoirs pour pleurer avec ces pauvres industriels….
Le second est commercialisé par la société américaine AMGEN. Cette société qui a un chiffre d’affaires en 2025 de « seulement » 33 millions de $ US mais avec un résultat net de 10,5 $ US (soit des marges bénéficiaires approchant 30%), s’est fait connaitre dès les années 1990 par son activité boursière de rachat de start-ups. Dans les années 2010, elle se lance dans la production de médicaments biosimilaires (médicaments produits par des méthodes biologiques dont les brevets sont tombés dans le domaine public) et est entrée en conflit juridique avec plusieurs sociétés dont la SANOFI qui a attaqué ses brevets portant sur le Repatha devant la cour suprême des USA. Aujourd’hui AMGEN prétexte qu’elle ne peut répondre à l’augmentation importante de la demande mondiale….ou préfère se concentrer sur le juteux marché américain.
Les patients ne peuvent plus compter sur un approvisionnement régulier et sont conduits à interrompre leur traitement avec un risque sur leur santé. Ils risquent d’avoir à payer plus cher leur traitement pour satisfaire les actionnaires de la SANOFI et d’AMGEN, d’autant que les ex-gouvernements Bayrou et Lecornu ont clairement annoncé leurs intentions de s’en prendre aux assurés sociaux plutôt qu’aux financiers en sabrant la prise en charge des affections de longue durée. Stéphane Peu, député communiste de Seine Saint Denis a posé une question en juillet au gouvernement sur ce qu’il comptait faire face à cette situation. La question est restée sans réponse pour l’heure.
L’exemple du Repatha et du Praluent montrent qu’il est fondamental que la France se réapproprie les fruits de la recherche scientifique, la production des médicaments en particulier de produits innovants et leur distribution à des prix cohérents avec les coûts réels par un pôle public du médicament au besoin en utilisant des licences d’office.
Jean-Luc Olivier
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