L'écrivaine Fabienne Juhel sera sur Morlaix le vendredi 10 janvier à 18h, invitée de la librairie Dialogues, pour une causerie débat sur son dernier roman autour de Tristan Corbière et de la "Pastorale de Conlie".
L’AUTRICE
Née à Saint-Brieuc, Fabienne Juhel est professeure de lettres dans les Côtes-d’Armor. Son premier roman, La Verticale de la lune, a été publié en 2005 par Zulma, les suivants au Rouergue, dans « la brune » : Les bois dormants (2007), À l’Angle du Renard (2009) pour lequel elle a obtenu le Prix Ouest France / Étonnants Voyageurs, Les Hommes Sirènes (2011), Les Oubliés de la Lande (2012), Julius aux alouettes (2014), La Chaise numéro 14 (2015) et La femme murée (2018).
En 1995 elle est nommée commissaire de l’exposition qui célèbre la naissance de Tristan Corbière et est chargée, en 2006, du contenu du site officiel du poète par la ville de Morlaix. En tant que spécialiste du poète, il lui a fallu de l’audace pour oser le placer au coeur du camp de Conlie, alors même qu’il n’y est allé qu’en imagination. Mais le génie de la romancière est là : elle qui tricote souvent ses livres avec le fil de l’Histoire, et adore les personnages écorchés par la vie sait nous faire ressentir la pulsation du poète au souffle de son indignation devant le massacre.
L’HISTOIRE
Novembre 1870, Conlie. Un jeune homme malingre, affublé d’un uniforme trop grand pour lui, se fait passer pour un soldat et pénètre dans le camp où l’armée de Bretagne est rassemblée. Tristan Corbière ne vient pas se battre, il vient pour dénoncer, avec sa plume de poète, la plus monstrueuse trahison qui soit. Les milliers de Bretons qui se sont mobilisés pour rejeter les Prussiens hors de France, croupissent ici, dans la boue et le froid, sans ravitaillement et sans armes, en proie aux maladies et au désespoir, abandonnés par le gouvernement français. Novembre 1930, Quimper : le sous-préfet Jean Moulin découvre, stupéfait, grâce à « La pastorale de Conlie » que Corbière écrivit, cette honteuse tragédie oubliée. Un roman poignant qui révèle une vérité brûlante au souffle de la poésie.
EXTRAIT
"– Je crois que tu es venu ici pour rien, Corbière. Veni, vidi… et nul vinci sur ta feuille de route, l’ami...
Mais tu n’es pas venu pour te battre, tu es venu pour voir. Tu es venu pour raconter Conlie, t’improviser journaliste de terrain ; journaliste poétique, correspondant de guerre, et croquer quelques dessins par là-dessus, écrire des couplets bien sentis.
Une diatribe pour crier à la trahison !
Le ver est dans le fruit.
La pomme est pourrie.
Le poète est dans la place...
D’ici peu, tu pourras dire :
– J’ai tout vu à Conlie, j’en suis sûr".
LE MOT DE L’ÉDITRICE chez Bruno Doucey
"– Le Breton est un peu le Nègre blanc du Français dit Tristan Corbière à Jean Moulin. Laisse-moi te conter le désastre de Conlie ainsi que la trahison des politiques, lui annonce-t-il.
Des jambes de sauterelles, une longue pipe, une barbichette bravache : la silhouette dégingandée du poète de Roscoff hante les pages de ce livre avec panache. Et l’on sent Fabienne Juhel jubiler de faire ainsi revivre Tristan Corbière, s’amuser d’oser le voir pénétrer dans le camp de Conlie, pour témoigner de l’intérieur de cette grande tragédie méconnue. Le poète maudit fut en réalité réformé, mais que diable le réel ! Il n’a évidemment pas pu croiser Jean Moulin, mais peu importe la chronologie !
Ce fantôme est si présent, si vivant, qu’il nous entraîne à ses côtés donnant à voir la boue, le froid, la faim, la souffrance, la mort mais aussi la colère et le désespoir des Bretons trahis par la République. Dans une langue aussi chatoyante et piquante que celle de Corbière, l’autrice nous offre une découverte haletante".
Lire aussi sur le Chiffon Rouge:
La Pastorale de Conlie - Tristan Corbière dénonce dans un poème de facture novatrice et populaire le martyre des soldats Bretons de novembre à décembre 1870 sur le plateau de Conlie
Tribut à Tristan - 1. Epitaphe
Tribut à Tristan: 2- A la mémoire de Zulma, vierge-folle hors barrière et d'un LOUIS - Colonelle à la Commune
Tribut à Tristan - 3. Bohème de chic
Tribut à Tristan - 4. Le poète contumace
Tribut à Tristan 5 - Frère et soeur jumeaux (Les Amours Jaunes, 1873)
Tribut à Tristan - 6 : Le bossu Bitor (Gens de Mer, Les Amours Jaunes, 1873)
A noter que le poète morlaisien Jean-Albert Guénégan sera lui-même le 23 janvier à 17 h 30 à la MJC de Morlaix à propos de Corbière.
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