2017, centenaire de l'offensive manquée du Chemin des Dames, paroxysme de l'absurdité, de l'imbécillité et de la violence de la Grande Guerre. Au terme de cette offensive mal préparée moururent 30 000 poilus en 10 jours, pour gagner 500 mètres de terre picarde dévastée par les bombardements.
2017, centenaire des explosions de colère qui suivirent cette boucherie et qu'on appela, à tort peut-être car les soldats ne braquèrent pas leurs armes contre les gradés, les mutineries du printemps 1917. Des dizaines d'exécutions et de condamnations aux travaux forcés pour les malheureux qui osaient relever la tête s'ensuivirent.
2017, centenaire de la révolution d'Octobre, révolution des partisans de la Paix, du Communisme, de la rupture avec le colonialisme et l'impérialisme, qui alluma un feu d'espoir et de rêve pour les dominés partout dans le monde pendant plusieurs décennies.
Le Parti Communiste Français allait naître sur la foulée du Congrès de Tours de décembre 1920, trois ans plus tard.
Que de chemin parcouru depuis cent ans, que de progrès, d'inventions, de bouleversements culturels, sociaux, anthropologiques, que de désillusions aussi, de tragédies et de boucheries aussi.
Depuis 30 à 40 ans, chacun le constate, le vivant plus ou moins mal et intimement suivant sa condition, le monde est complètement sous la botte du capitalisme financier et les peuples se débattent face à la pauvreté tolérée de millions d'hommes, la précarisation, la montée des inégalités, des prédations des ultra-riches, des multinationales, tandis que les démocraties occidentales sont de plus en plus formelles, vidées de toute souveraineté populaire et menacées par les progrès des idées réactionnaires, autoritaires et xénophobes, et que guerres, impérialismes, terrorisme mettent aussi, avec souvent l'argent comme ressort et moteur, la planète à feu et à sang.
Il y a quelques semaines, Fidel Castro mourrait, Donald Trump était élu aux États-Unis, nommant, tout en prétendant représenter les laissés pour compte du libéralisme et de la mondialisation, un cabinet ministériel de milliardaires pesant à eux seuls le niveau de richesse des 60 pays les plus pauvres de la planète.
Un symbole de l'état actuel du rapport de force international en faveur du capital, de la difficulté à mettre au pouvoir et en œuvre des politiques progressistes d'émancipation humaine.
Est-ce à dire qu'il faut rendre les armes, se résigner aux régressions sociales et démocratiques, à la montée de la barbarie, cultiver son jardin ? C'est évidemment impossible pour qui se soucie de ses devoirs d'humanité, des hommes autour de lui, des générations futures.
Le centenaire de 1917 doit nous convaincre que la volonté humaine, la résistance, le sursaut et le courage des peuples peuvent toujours renverser des montagnes, changer et réenchanter l'histoire.
L'important est de ne pas proportionner nos rêves et nos projets à l'existant mais à notre idée de la grandeur essentielle et potentielle de l'homme, aux exigences d'une société pleinement humaine, libre, solidaire et juste, où chacun pourrait se réaliser individuellement et collectivement dans l'égalité des droits des peuples et des hommes, le dépassement de l'exploitation, de l'impérialisme, de la guerre. En cette année d'élections présidentielles et législatives en France, l'enjeu est la possibilité de faire échec au scénario catastrophe de l'élection d'un Fillon ou d'une Le Pen, tous deux capables d'enfoncer le pays dans une crise démocratique et sociale encore plus grande. Nous devons impérativement rendre possible une dynamique victorieuse pour une gauche de progrès social, écologique, démocratique qui rompe avec le libéralisme austéritaire et autoritaire du quinquennat Hollande. Rien n'est perdu ! Nous sommes condamnés à y croire et à tout faire pour faire mentir les prévisions raisonnables qui débouchent sur des régressions de civilisation parfaitement déraisonnables dont il est difficile de mesurer les conséquences.
Ensemble, allumons et entretenons l'étincelle de l'espoir de progrès humain, d'une révolution citoyenne et sociale. Ne laissons pas la droite et les ultra- libéraux saborder ce qui a été l'héritage des luttes des travailleurs et en particulier des perspectives, des engagements et des combats communistes : la Sécurité Sociale, les retraites par répartition, les conquêtes inscrites dans le droit du travail.
Soyons exacts au rendez-vous de l'histoire en affirmant l'exigence de l'unité et du rassemblement du camp des hommes de progrès, des dominés, des exploités, de tous ceux qui ont intérêt à un changement de politique se traduisant par un combat contre les logiques capitalistes et néo-libérales.
Faisons en sorte que l'année 2017 soit utile pour construire une société, un monde meilleur.
Bonne année 2017 à tous.
En vous souhaitant une bonne santé, une vie familiale et personnelle épanouissantes et heureuses.
Je conclus avec les paroles qui "raisonnent bien" en nous de poètes si chers à la mémoire communiste, Eugène Pottier et Louis Aragon.
« Il n'est pas de sauveurs suprêmes Ni Dieu ni César ni Tribun Producteurs sauvons-nous nous-mêmes Décrétons le salut commun » ( L'Internationale, 1871) « Je salue ici ceux qui se mutinèrent au Chemin des Dames en mil neuf cent dix-sept Je salue ici ceux qui surgirent de la boue avec à la bouche un grand cri et tournèrent leurs armes du côté de la Marseillaise Et ceux qui dirent Feu sur eux sont encore de ce monde Je salue ici les ouvrières de Saint-Étienne qui sesont couchées en travers des rails pour arrêter les trains porteurs d'hommes et d'obus cahotants de chants et de cocardes et que les trains écrasèrent Je salue ici le Prolétariat contre la guerre pour la transformation de la guerre en Révolution Je salue ici l'Internationale contre la Marseillaise Cède le pas ô Marseillaise à l'Internationale car voici l'automne de tes jours voici l'Octobre où sombrent tes derniers accents » « Aragon, Hourra l'Oural – extrait de « Réponse aux Jacobins » (1932) Fraternité, Ismaël Dupont, secrétaire départemental de la fédération du Finistère du Parti Communiste
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