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11 mai 2020 1 11 /05 /mai /2020 05:31
Simone Bastien (à gauche) en compagnie d'amies dont Angèle Le Nédelec (à droite) Source: lecteur de l'Humanité (Livre Héroïques Femmes en Résistance tome 1, Antoine Porcu, Le Geai Bleu, 2006)

Simone Bastien (à gauche) en compagnie d'amies dont Angèle Le Nédelec (à droite) Source: lecteur de l'Humanité (Livre Héroïques Femmes en Résistance tome 1, Antoine Porcu, Le Geai Bleu, 2006)

1920-2020: 100 ans d'engagements communistes en Finistère:

95/ Simone Bastien (1921-2006)

Simone Bastien n'est pas finistérienne mais rémoise mais elle va jouer un rôle important dans la résistance finistérienne.

Elle est née le 8 février 1921 à Reims (Marne), et décédée le 16 novembre 2006 à Quetigny (Côte-d’Or) ; ouvrière du textile puis dans l'armement ; elle fut responsable des jeunesses communistes dans le Finistère puis dans les Côtes-du-Nord ; arrêtée à Guingamp le 5 août 1943 puis déportée à Ravensbrück ; responsable nationale de l’ANACR.

Le père de Simone, Louis Bastien, apprêteur à Reims, revint gazé à l’ypérite de la première guerre mondiale. Malade de la tuberculose, il fit de très nombreux séjours en sanatorium. Sa mère Lucie née Larue, couturière, fut ouvrière chez Panhard pendant le conflit, tournant des obus. Les parents de Simone Bastien n’étaient pas politisés. En 1935, à la mort de son père, Simone, l’aînée d'une famille de sept enfants, travailla dans une biscuiterie comprenant une vingtaine de salariés.

Adhérant aux Jeunesses communistes et à l'Union des Jeunes filles de France à Reims en 1936, elle participa à la campagne des élections législatives. Très active pour venir en aide aux républicains espagnols, elle donna son adhésion au Parti communiste en 1938, militant à la cellule du troisième canton de Reims dont elle fut la trésorière.

À l’automne 1939, avec sa mère et ses frères et sœurs, elle rejoignit la région parisienne chez un oncle à Thiais dans la Seine. Elle travailla dans une manufacture d’armes de Courbevoie jusqu’en juin 1940 au moment de la débâcle. Devant l’avance des nazis, les ouvriers qui voulaient détruire l’outil de travail se heurtèrent à la direction de l’entreprise. En septembre 1940, elle regagna Reims tentant de renouer les fils avec les organisations communistes, en particulier avec Armande Gandon. Elle y rencontre François Lescure qui accomplit la même mission auprès des membres du parti dispersés. A plusieurs reprises, elle fait la navette entre Paris et Reims, transportant tracts et affichettes.

Le 22 janvier 1941, son groupe de jeunesses communistes, à peine reconstitué, fut démantelé. Elle fut condamnée à huit mois de prison, avec cinq autres camarades, pour infraction au décret du 26 septembre 1939 sur la dissolution du PCF. Elle fut emprisonnée à La Petite Roquette, puis à Fresnes avant d’être transférée à la centrale de Rennes.

Libérée le 23 septembre 1941, elle regagna Reims mais n’y resta pas craignant une mesure d’internement administratif. Jo, responsable interrégionale des jeunes, lui demanda de « se planter » dans le vignoble champenois, pour faire les vendanges.

Début 1942, après avoir repris contact avec lui à Épernay, elle fut mise en contact avec Mariette, Madeleine Vincent, membre de la direction clandestine des jeunesses communistes à Paris, qui lui demanda de s’occuper de l’organisation des jeunesses communistes en Bretagne. Elle doit assurer la responsabilité régionale des JC. Des priorités lui sont fixées: recruter, répartir le matériel de propagande, assurer la distribution de tracts, coller des affichettes, couvrir les murs d'inscriptions.

Fin 1941, Simone Bastien, dite "Monique", la jeune militante communiste champenoise envoyée dans le Finistère pour réorganiser départementalement les Jeunesses Communistes, travaille à Brest depuis le domicile de Jeanne Goasguen-Cariou.  Les femmes communistes sous la direction de Marie Miry, sage-femme, de Angèle Le Nédellec, de Marie Salou, de Simone Bastien, d'Aline de Bortoli, d'Yvette Richard-Castel, organisent des soins, des manifestations pour la libération des prisonniers de guerre et contre la fin des restrictions alimentaires.

Elle rejoignit le Finistère, en avril 1942, où elle remplaça Jean Kérautret, appelé à d’autres tâches en particulier à l’OS (organisation spéciale). Les groupes armées de l'OS sont mis sur pied par le PCF, avec l'appui de la JC, à Brest, Quimper, Concarneau, Pont-l'Abbé, Douarnenez, Châteaulin, Landerneau, Morlaix... Elle sillonna le département du Finistère afin d’organiser ces petits groupes de jeunesses communistes à Quimper, Concarneau, Morlaix et principalement à Brest. Elle participa à des manifestations illégales comme celle du 14 juillet 1942 à Brest pour célébrer la Révolution de 1789 et manifester l'opposition à la Révolution Nationale anti-républicaine et anti-démocrate du régime de Pétain.

À l’automne 1942, devant la vague d'arrestations ayant lieu chez les communistes finistériens, sentant l'étau se resserrer autour de Simone Bastien, Jacqueline, interrégionale pour la jeunesse, Lucienne Michaut, lui demanda de rejoindre les Côtes-du-Nord où elle fut en contact avec les principaux responsables politiques communistes du département : Antoine ; André, Léon Renard ; Maurice, Louis Pichouron ; Yves, Marcel Brégeon, Kervarec, Louis Picar, et Edmond, André Cavelan.

Les conditions de survie dans la clandestinité sont assez difficiles. Les illégaux ne possèdent pas de cartes de ravitaillement, sans lesquelles les épiceries et autres magasins alimentaires ne délivrent aucune denrée. Au printemps, Simone, en compagnie de deux autres camarades "visite" nuitamment la mairie de Ploumiliau. Ils récupèrent les indispensables cartes d'alimentation. 

En juillet 43, au cours d'une réunion importante dans un bois de Guingamp, Simone, consciente que ses responsabilités qui la conduisent à sillonner plusieurs départements bretons depuis vingt mois, risquent à tout moment de se conclure par son arrestation, demande à être déchargée de cette responsabilité et à intégrer un maquis. Combattant FTP, un certain "Max", que Simone regarde avec méfiance, s'y oppose et argumente pour qu'elle reste à son poste.

Le pressentiment de Simone va se révéler juste quelques jours plus tard. Alors qu'elle se rend à un rendez-vous fixé dans un square, elle est arrêtée avec Marie Miry le 5 août 1943 à Guingamp, place du Champ au Roy, par la SPAC (section la police anticommuniste) dans le cadre d’une très vaste opération de démantèlement de l’organisation clandestine du PCF dans les Côtes-du-Nord.

Elle fut blessée par balle par un des inspecteurs lors de son arrestation.

50 militants dont 17 femmes furent ainsi arrêtés puis déportés.

Après les premiers soins chez un médecin du quartier à Guingamp, escortée par des policies, Simone est conduite à l'hôpital de Guingamp avant d'être transférée à celui de Saint-Briève. Enfermée dans un cabanon réservé aux fous, une surveillante implacable s'exerce jour et nuit. Malgré la complicité des religieuses qui s'efforcent de lui trouver de la fièvre, Simone Bastien fut transférée à la maison d’arrêt de Rennes où elle fut emprisonnée de longs mois, à la prison Jacques Cartier, jusqu'en mai 1944. A Rennes, elle partage sa cellule avec Madeleine Allard, la fille du général Allard, chef de l'armée secrète dans la zone M2, arrêtée avec sa belle-mère à Messac le 1er décembre 1943.

Transférée à Romainville, elle fit partie d’un convoi de 50 femmes qui quitta le pays le 6 juin 1944. Elle fut déportée à Ravensbrück, matricule 43048. Elle fit partie du kommando de Leitmeritz, dépendant du camp de concentration de Flossenburg. Elle fut libérée le 10 mai 1945 dans les Sudètes en Tchécoslovaquie où le groupe de déportées avait été évacué devant l’avance des troupes alliées.

Simone Bastien se maria à Reims le 27 février 1946 avec Guy Lecrux, cheminot, ancien déporté à Auschwitz, qu'elle avait connu à la prison de Rennes . Installée en Côte-d’Or à Dijon, à la mort de son mari en 1963 (les séquelles de sa déportation avaient gravement détérioré sa santé), elle eut des responsabilités nationales à l’ANACR. Jusqu’à son décès elle est restée fidèle au PCF.

Sa soeur Marcelle* participa à la Résistance fut déportée et eut une fille de Lucien Dupont*.

Sources:
 
https://maitron.fr/spip.php?article15875, notice BASTIEN Simone, Monique [épouse LE CRUX] par Alain Prigent, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 19 octobre 2010.
 
Antoine Porcu, Héroïques. Femmes en résistance. Tome 1, éditions le Geai Bleu, 
 
Article sur Simone Bastien dans memoiredeguerre.free.fr
 
Eugène Kerbaul - Chronique de la section PCF de Brest pendant l'occupation 
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