Devant les Basquiat de l'exposition - Visite de l'exposition Figurations Libres organisée par la fédération du Parti Communiste du Finistère, 10 février 2018 à l'espace des Capucins à Landerneau (photo Dominique Gontier)
La peinture underground des années 80 à Landerneau, punk, marginale, contestatrice, influencée par l'art brut, la culture populaire et l'art de rue, la BD, c'était l'exposition "Libres Figurations. Années 80" et grâce au médiateur de l'espace des capucins, et surtout à notre conférencier préféré, Renaud Faroux, déjà venu le 1er novembre nous parler de l'oeuvre de Picasso pendant deux heures, historien et critique d'art, organisateur d'expositions, un grand connaisseur de Robert Combas, Hervé Di Rosa, François Boisrond, Louis Jammes, photographe attitré de la Figuration Libre qui a fait un travail militant magnifique à Sarajevo en 1993 et auprès des enfants soldats en Afrique (il vient d'être censuré à Narbonne autour de son travail sur les réfugiés).
Renaud Faroux est aussi un grand connaisseur de l'oeuvre de Ladislas Kijno (1921-2012: voir le site: Kijno.com ), un artiste communiste qui a réalisé et c'était une de ses dernières oeuvres un "Chemin de Croix" avec Combas conservé à la cathédrale de Lille, avec qui il a travaillé sur des projets d'édition et des expositions, mais aussi des oeuvres des américains Basquiat et Keith Haring, dont il a su restituer, plus que l'exposition de l'espace des Capucins elle-même, la force contestatrice de la peinture et son engagement social et politique, cela a été un régal pour les yeux et surtout pour l'esprit.
C'est un art qui voulait toucher tout le monde, le plus grand nombre, qui était fait par des artistes souvent issus de milieux populaires, révoltés contre la culture bourgeoise. Hervé Di Rosa était fils de dockers communistes de Sète, sympathisant communiste lui-même, Robert Combas était lui aussi très subversif par rapport à l'ordre établi et issu d'un milieu prolo. Remi Blanchard, qui a fait l'école des beaux-arts de Quimper, faisait une peinture puissamment onirique et spirituelle: c'était un fan de la beat-génération. Il est mort trop tôt d'une overdose, comme Basquiat.
Cette génération a été marquée par la culture populaire, les BD ships, la télé, les flippers, le rock, mais aussi par l'art brut des Dubuffet, Chayssac, par l'expressionnisme allemand et le Pop Art. Elle a cherché à démythifier et démystifier l'art, à rompre avec l'élitisme des minimalismes conceptuels des années 60-70 par un retour à la figuration et au jeu.
Elle a voulu insérer l'art dans la vie, et la vie dans l'art, avec une volonté de parler du quotidien.
Elle a exercé un compagnonage avec des groupes rock comme Nina Hagen comme les représentants allemands des Figurations Libres, ou avec les Rita Mitsouko en France. Robert Combas est lui-même un rocker.
Le monde de l'adolescence n'est pas loin: les tableaux ressemblent eux-mêmes à des chambres d'adolescents saturées de symboles fétichistes et d'érotisme.
"La "figuration libre", disait Ben, c'est 30% de provocation anti-culture, 30% de figuration libre, 30% d'art brut, 10% de folie: le tout donne quelque chose de nouveau".
Le groupe qui a participé à l'initiative de la Fédération PCF du Finistère à cette visite guidée de l'exposition "Libre figuration" en partenariat avec le Fond Hélène et Edouard Leclerc, puis à la conférence de Renaud Faroux, n'a vraiment pas eu à le regretter: ce fut un moment de découverte esthétique et culturelle intense, accessible à tous, et qui donne envie d'aller plus loin. Nous rééditerons ces matins artistiques dans les prochains mois.
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