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2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 08:51

RENCONTRES DU FRONT DE GAUCHE 29

Pont de Buis

SAMEDI 25 OCTOBRE

 1er débat de l'après-midi

 

CARREFOUR DES RESISTANCES ET DES LUTTES

La culture, la paix, la souveraineté des peuples et des citoyens : première table-ronde - débat.

Rencontres-departementales-FDG-2014 0336 

René Férec (agriculteur, producteur de lait, animateur du collectif pour la souveraineté alimentaire)

Le collectif pour la souveraineté alimentaire cherche à défendre le principe de souveraineté alimentaire contre le libre-échange et le business international pour l'émergence des pays en voie de développement. Ce collectif a été créé en 2012. Il se donne aussi pour objet de plaider cette cause auprès des responsables politiques. A ce titre, il a rencontré plusieurs candidats aux législatives, dont Noëlle Péoc'h à Lopéret. En ce qui concerne l'Europe, par le biais de la PAC, on peut mettre en avant la souveraineté alimentaire. Le problème c'est que les principes fondamentaux de la PAC n'ont pas été modifiés. Nous défendons une agriculture paysanne, que l'on retrouve encore majoritairement en Europe même si elle recule devant l'agro-industrie, ou l'agriculture industrielle en Europe de l'est. Cela provoque l'éviction de millions de paysans à l'échelle mondiale tous les ans. Aujourd'hui, il y a 400 accords de libre-échange. TAFTA est la copie conforme du CETA accepté par l'UE (avec le Canada). Il y a aussi le traité transpacifique. Si on met ces 3 traités bout à bout, cela représente 50 % du commerce mondial. Cela va s'imposer à l'ensemble de la planète. La Chine est absente de ces traités là : c'est pour faire contrepoids, contenir son influence sur la scène internationale. TAFTA, cela représente un processus d'accaparement des biens, de l'accès à la terre. Si on commence à chercher des compromis, on n'aura que des miettes pour faire passer le reste. Les barrières tarifaires représentent en moyenne 3 %. Mais pour certains produits agricoles comme la viande bovine c'est beaucoup, plus élevé. Pour certaines parties de la viande bovine, cela peut atteindre 60 %. Si on les supprime, ces taxes douanières, on va liquider tout un pan de l'élevage paysan en France. Ce qui peut nous préoccuper aussi c'est que les normes sanitaires sont plus restrictives en Europe qu'elles ne le sont aux USA. Les bêtes gavés d'hormones, le porc à la ractopamine, on va y avoir droit. Les différences culturelles entre la France et les USA font qu'on aura du mal à trouver un accord. Ici le principe de précaution, c'est tant qu'on a pas prouvé qu'un produit n'est pas nocif, on ne le met pas sur le marché. Aux USA, c'est l'inverse, tant qu'on a pas produit que le produit est nocif, on le met sur le marché. C'est la même chose pour les appels d'offre. 

 Rencontres-departementales-FDG-2014 0339

Jean-Pierre Jeudy (groupe Association France Palestine Solidarité Carhaix) : l'AFPS se donne pour but de développer dans l'opinion publique les explications sur les conflits du moyen-orient et l'injustice fondamentale faite au peuple palestinien : le droit d'avoir son État qui lui dénié. Les grandes puissances, qui se font volontiers champions du droit international et de l'ingérence en Ukraine, au Mali ou ailleurs, ferment les yeux sur les violations du droit international en Palestine. La violence au Moyen-Orient repose d'abord sur ce sentiment d'injustice. Cet été, pendant l'agression israélienne à Gaza, e gouvernement français a eu pour priorité d'interdire en France les manifestations contre ce coup de force et ces crimes de guerre. Nous cherchons à inverser cette opinion, à faire pression auprès des élus, du gouvernement dans toutes nos actions. Nous soutenons l'appel au boycott des produits venant des colonies illégales. Y compris des produits israéliens. Il faut savoir que la France est le seul pays de l'UE à criminaliser l'appel au boycott (circulaire Alliot-Marie maintenue en l'état par Mme Taubira). Il faut imposer à Israël des sanctions économiques tant que le gouvernement israélien n'applique pas le droit international. Quand on est sur place, on se rend compte de ce que veut dire le régime d'occupation. On ne peut plus être indifférent. C'est pourquoi notre boulot consiste aussi à y conduire des élus. Nous avons d'ailleurs réussi à faire que Carhaix soit jumelé avec une ville palestinienne. Dans la région d'Hébron, nous avons été témoin de l'apartheid quotidien auquel sont soumis les palestiniens : la route est pour les colons israéliens, ils ne peuvent pour se déplacer d'un lieu à l'autre de la ville qu'emprunter un trottoir sous la surveillance de l'armée et des colons en arme.

 Rencontres-departementales-FDG-2014 0340

Christian Collimard (représentant le Mouvement de la Paix) : La question de la paix, de la construction de la paix comme outil premier pour régler les dimensions conflictuelles, est décisive et trop souvent reléguée en appendice de nos réunions progressistes. La paix pour placer l'humain comme priorité et moyen de développement. Aujourd'hui, on assiste plutôt à l'apologie de la militarisation jusqu'à la guerre. C'est une logique d'accaparement des richesses, de subordination à l'OTAN, de lobbys industriels qui tiennent le haut du pavé. Il y a une banalisation des logiques de confrontation militaire pour régler les questions internationales. Allons-nous nous installer dans un état de guerre perpétuelle ? Les forces de transformation seront-elles à la hauteur de cet enjeu ? La paix est trop souvent considérée comme un sujet annexe. Notre conviction, c'est que la paix est primordiale socialement. La paix, le pain, la liberté sont justement des revendications associées dans le mouvement ouvrier et  progressiste depuis le 19 e siècle.

 Rencontres-departementales-FDG-2014 0342

Henri Guillou (représentant Attac 29) : Attac a 15 ans d'existence. Le mouvement est né d'une plate-forme du Monde diplomatique en 1998, signée par les syndicats FSU, Solidaires, La Confédération Paysanne, des économistes. Ce manifeste visait à dénoncer et sortir de la domination des marchés financiers sur les politiques publiques, responsable de l'aggravation des inégalités partout dans le monde, du recul de la démocratie au profit d'une oligarchie financière. Dès le début, Attac se revendique comme un mouvement d'éducation populaire tourné vers l'action. Aujourd'hui, la tyrannie de l'austérité liée au poids de la dette publique révèle le choix depuis plus de 30 ans de baisser les impôts pour les riches et les entreprises. Le « collectif pour un audit de la dette publique » dont nous sommes partie prenante a mis au jour dans un document de mai 2014 qu'une bonne part de la dette publique française est illégitime. Cette dette représente 68 milliards d'euros d'intérêt à verser en 2014. Pour comparaison, le budget de l'éducation nationale est de 65 milliards d'euros. Les déficits budgétaires de l’État représentent chaque année 95 milliards. Le 7 novembre à l'Assemblée Nationale aura lieu une réunion d'information du collectif pour un audit de la dette publique et des économistes attérés à l'intention des parlementaires de gauche sur les données recueillies sur l'origine et les responsabilités de la dette. En 2014, nous observons une aggravation de la crise démocratique, y compris dans ses aspects institutionnels. Le Medef est aux commandes de l’État. Le pouvoir politique est soumis aux pouvoirs financiers. Quelle sortie de crise ? Quelle refondation de la démocratie ? Il faut s'emparer des innovations démocratiques portées par les mouvements sociaux, des nouveaux mouvements comme Podémos en Espagne (capable de réunir 7000 militants en congrès à Madrid les 18 et 19 novembre), les Indignés, Occupy Wall Street. Nous voulons des réprésentants élus sous le contrôle des électeurs. Travailler des mécanismes de démocratie directe : démocratie délibérative, tirage au sort... Actuellement, Attac développe 4 types d'Attac :

1/ la lutte contre le libéralisme, les multinationales et le monde de la finance :

CETA, l'accord économique et commercial global conclu le 26 septembre entre l'UE et le Canada qui devrait être validé par le Conseil Européen fin novembre, préfigure le TAFTA, traité qui devrait aboutir fin 2015. S'ajoutent à ces 2 traités de libre échange les négociations sur le TISA. Cet accord sur le commerce des services est en cours de négociation à Genève et concerne les 50 plus grandes économies mondiales. Dans le Finistère, il existe 4 collectifs Stop Tafta, Tisa, Ceta : Brest, Morlaix, Quimper, Concarneau, dont la constitution a été largement à notre initiative.

2/ la lutte contre les multinationales prédatrices, les « requins de la finance » : Société Générale, BNP, Crédit Agricole.

3/ la lutte pour l'avenir de la planète et contre le déréglement climatique

4/ un travail de réflexion et de proposition pour le devenir économique, social, écologique de nos territoires dans le contexte de l'effondrement de l'agroalimentaire (Doux, Tilly, Gad...?), de suppression annoncée des quotas laitiers, de réduction des volumes de pêche pour la pêche bretonne. Attac Morlaix a par exemple été initiateur du Forum pour une Economie Responsable à Morlaix. Actuellement, nous travaillons sur un « Alternativa », festival des alternatives concrètes, en Bretagne. A Bordeaux, « l'Alternativa » a réuni 15000 personnes, dans le pays basque 12000 personnes.

 Rencontres-departementales-FDG-2014 0343

Emile Turlan (représentant le collectif « Landivisiau doit dire non à la centrale »).      

La Centrale à cycle combiné Gaz de Landi s'inscrit dans le service public de l'électricité, relève d'une décision de l'Etat. Le plan pluri-annuel d'investissement de l'Etat définissant les infrastructures d'ensemble à prévoir jusqu'en 2020 ne prévoyait pas cependant cette Centrale à Gaz à la pointe bretonne mais seulement une centrale de 200 MGW dans l'ère de Saint Brieuc. C'était pas lié tellement au manque de production d'électricité en Bretagne mais à un diagnostic de RTE sur des difficultés d'acheminement de l'électricité dans la zone Saint Brieuc-Saint Malo. L'idée invoquée de la menace d'un « black out » ou d'un « break down » probable lié à un pic de consommation en Bretagne est une affabulation ne s'appuyant sur aucun précédent, sur aucun argument sérieux. D'ailleurs, les pics de consommation en Bretagne, c'est quelques dizaines d'heures ou centaines d'heures par avant, et là on a une centrale profilée pour produire de l'électricité toute ou la moitié de l'année. La France est un très gros exportateur d'électricité: elle exporte plus de 12-13% de son électricité. Si elle en produit davantage, ce sera pour l'exporter. On essaye de culpabiliser les bretons en disant qu'ils ne produisent pas assez d'électricité. Mais en réalité on ne leur demandait pas de produire du charbon au XIXe et début XXe, ni aux parisiens de produire du poisson. Les régions sont interdépendantes et complémentaires: ça ne date pas d'hier. Il n'y a pas de besoin d'un gros outil de production en Bretagne. En plus, la circulation de l'électricité qui sortirait de cette centrale est aberrante: elle serait acheminée dans le Morbihan avant de revenir dans les Côtes d'Armor: pour approvisionner la Centrale, on construirait sur 110 km un gazoduc à 1 millions d'euros le km, soit 120 millions d'euros d'investissements. Ce projet de centrale repose sur des mensonges d'Etat. Sciemment, l'Etat sarkozyste via les ministres de tutelle Borloo et Besson a favorisé le PDG de Direct Energie, un financier au passé louche et un ami du Fouquet's, qui cherche à faire des profits juteux grâce à la libéralisation du secteur de l'énergie imposée par l'Europe qui permet aux distributeurs, purs groupes financiers, de gagner de l'argent sur l'électricité produite par EDF grâce aux investissements du contribuable et vendue plus chère. Depuis le départ, la démocratie, le débat public ont été refusé. On a écarté les habitants des sujets qui les concernent. En tant qu'élus, on doit intervenir dans les Conseils Municipaux pour exiger le débat, la consultation des habitants. On a écarté le développement plus important de l'éolien, de l'hydrolien, qui sont les atouts de la Bretagne. L'énergie fossile, c'est fini: on continue à l'exploiter alors qu'elle provoque avec le méthane des perturbations climatiques aux conséquences incalculables et que la France va accueillir la conférence mondiale sur le Climat en 2015. Le gaz carbonique et le méthane: deux principaux gaz à effet de serre. La demande auprès de la Commission Nationale du Débat Public a pourtant été refusée.Cette centrale a été attribuée à Direct Energie pour des raisons louches, car Direct Energie n'a pas d'expertise technique, n'a jamais produit de Centrale fonctionnant en France. 3 candidats s'étaient présenté à l'appel d'offre de l'Etat: EDF sur Brennilis, les Allemands de Siemens sur Guipavas, Direct Energie sur Landivisiau. Eric Besson a accordé cette centrale à la seule compagnie qui n'a jamais construit une centrale dans le pays. Dans l'Oise, le projet de Verberie, géré par Direct Energie, a été annulé par le tribunal suite à la mobilisation citoyenne, en Alsace, le projet de Hambach a connu le même sort, annulé par le tribunal administratif de Strasbourg. La juridiction administrative nous donne raison: Direct Energie n'est pas crédible financièrement, techniquement. Stephane Courbit, actionnaire principal de Direct Energie et de LOV Group, gravitant dans les milieux de l'extrême-droite, proche de Sarkozy, faisait partie des invités du Fouquets. Il a aussi fait partie de ceux qui ont extorqué des fonds à Liliane Bettencourt.

Ce chantier ne créera pas beaucoup d'emplois sur la région: ces grosses boîtes font appel à des sous-traitants, dont beaucoup ne craignent pas de faire appel à des travailleurs détachés. Fonctionnant, la Centrale emploierait une trentaine de salariés tout au plus. Direct Energie donnerait soi-disant 4 millions d'euros par an aux collectivités territoriales (les 19 communes de la Communauté de Commune). Mais la contribution financière ce divise en une part fixe, bénéficiant à la commune de résidence, et en une part variable, sur la valeur ajoutée de l'entreprise, bénéficiant à toute la communauté d'agglo, et qui est versée à condition qu'il y ait valeur ajoutée, ce qui n'est pas certain. Pour exemple, la centrale de Toul a rapporté combien de millions, produit combien de KWH: zéro! La ressource fiscale, c'est aussi un véritable leurre. Et quand bien même ça serait effectif, il faut voir les conditions: 42 millions d'€ d'argent public par an, prélevés sur la contribution des usagers, sur leur facture d'électricité! Dans le cas de Verberie dans l'Oise, d'Hambach en Moselle: il n'y avait pas d'engagement de l'Etat a versé une prime à l'opérateur, car il n'y avait pas d'appel d'offre de l'État. Il en est tout autrement pour Landivisiau. Au nom de quoi ce passage d'argent public à un opérateur financier privé? Le déficit électrique, c'est de la flûte. La seule chose qui compte pour Direct Energie, avoir la prime! Des propositions alternatives ont été faites alors qu'on essaie de faire passer les opposants à la centrale pour des  « anti-tout ». Ils sont, nous sommes pour une vraie mutation, mais pas celle-ci.

Rencontres-departementales-FDG-2014 0345

Yves Jardin (intervenant comme adhérent Ar Falz Skol Vreizh et militant du Front de Gauche). Nous avions invité le président d'Ar Falz Skol Vreizh, Paolig Combot, mais il était indisponible (salon du livre de Carhaix). Du coup, même si je suis simplement adhérent et plus militant depuis quelques années, je vais présenter brièvement la problématique de la défense de la culture bretonne comme adhérent à Ar Falz et militant du Front de Gauche (Douarnenez). Pour nous, il n'existe pas de langue supérieure ou inférieure. En dignité, toutes les langues sont égales. Il n'y a pas de langue de l'universel, du progrès, de la rationalité, des Lumières, et des langues de la réaction, des ploucs. Ce qui est important, c'est ce que transporte chaque langue. Les résistants de Basse-Bretagne pendant la guerre s'exprimaient en Breton, les régimes fascistes de tout poil ont souvent à l'inverse opprimé l'expression des cultures minoritaires. Il y a aujourd'hui 4000 langues parlées dans le monde. Cette diversité linguistique est très menacée. Aucun pays n'est homogène sur le plan linguistique. Le Breton, pour le mouvement Ar Falz (la faucille), à base communiste ou communisante au départ, c'était d'abord la langue des travailleurs de Basse Bretagne. Ar Falz Skol Vreizh est créé en 1933 par Yann Sohier, un ami à Marcel Cachin, qui voulait développer le breton à l'école publique contre une tradition bien installée qui le considérait comme un reste de tradition obscurantiste à détruire. Auparavant, il y a plusieurs exemples dans la gauche de courants et de personnalités qui ont pris la défense des langues régionales et minoritaires, Jaurès en premier lieu avec l'occitan. Marcel Cachin, le directeur de l'Humanité avant et après le congrès de Tours, avec le breton. Président du cercle des « bretons de Paris », initiateur de la revue War Sao. Il y a un beau film « Breizh Névé » (1934) qui montre Marcel Cachin prendre la défense du breton, langue du peuple, à Pont Labbé, lors d'une fête du Parti Communiste avec des pêcheurs, des paysans, des travailleurs. Aujourd'hui, le breton est clairement en recul. A la fin de la seconde guerre mondiale, il y avait 1 million de personnes qui le parlait quotidiennement : aujourd'hui, il n'y en a plus que 30 000 environ, et ceux qui peuvent le parler sont au nombre de 150 000. Cela s'explique, mais pas seulement, par la politique de la langue unique menée par les gouvernements français successifs. Cela n'est d'ailleurs pas particulièrement spécifique à la France et à son jacobinisme (le club des jacobins était d'ailleurs le club breton, et il faut se méfier d'associer trop facilement les courants les plus avancées et démocratiques de la révolution à la répression des cultures locales). Dans tous les grands états européens, les impérialismes du 19e siècle répriment les langues minoritaires : Russie tsariste, Prusse, Angleterre. Pourtant, la diversité culturelle et linguistique est une richesse sur le plan collectif et individuel. La défense des langues minoritaires s'imposent comme c'est le patrimoine commun de l'humanité et des biens irremplaçables portant aussi des manières d'être au monde, des racines historiques. Il y a deux revendications que nous demandons au Front de Gauche, et particulièrement à l'intérieur du Front Thématique des Cultures et des Langues :

- une loi cadre garantissant un statut pour les langues et les cultures de France.

- la ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires amendée avec la reconnaissance des langues de l'immigration.

Le Parti Communiste a défendu de manière constante une amélioration de la reconnaissance et de la promotion des langues et cultures régionales. Il à l'origine de la loi Deixone, qui allait moins loin à l'époque que son projet de loi, et dans les années 80, Guy Hermier et Michel Vaxes ont fait beaucoup pour la défense des langues régionales. Le PCF veut la ratification des langues régionales  aujourd'hui. Il faut aussi que le breton et les langues régionales trouvent toute leur place dans le secteur public d'éducation. En même temps, nous refusons tout chauvinisme, tout ethnisme, tout rempli identitaire. Nous refusons aussi l'utilisation du globish – cette langue anglaise mondialisée et appauvrie avec laquelle on voudrait enseigner pour être dans le coup dans certaines universités françaises. Nous sommes convaincus qu'il n'y aura pas de régionalisation réussie, de démocratie directe, sans prise en compte du fait culturel. Cela nous amène à regretter et à constater qu'en Europe il n'y a pas actuellement de politique publique de la culture.

 Rencontres-departementales-FDG-2014 0346

Roland Penanros (Université Européenne de la Paix). D'habitude, c'est nous qui invitons les mouvements politiques à venir discuter de questions de défense. Nous sommes agréablement surpris que ce soit aujourd'hui l'inverse et qu'un mouvement politique nous invite à venir nous exprimer et débattre. Nous n'avons pas hésité à venir. Un principe auquel nous tenons, qui déroges aux habitudes de pensée de la realpolitik : si tu veux la paix, prépares la paix. Notre Université de la Paix est basée à Brest. Louis Aminot en est un des initiateurs. On est parti du constat que l'essentiel de la population brestoise vit des activités militaires. Dans les années 80, grosse crise de l'arsenal, suite aussi à la chute de l'URSS. Comment on peut avoir peur de la paix ? Il faut reconvertir les activités militaires, trouver des filières de reconversion industrielle. Préparer la conversion à une économie de paix. Tout cela demande de l'anticipation, des études, du travail, des débats. Par exemple, pourquoi aller déconstruire des bateaux ailleurs qu'à Brest ? Pourquoi nos technologies servant à l'armement, à la métallurgie, ne pourraient pas être remobilisées pour des énergies marines renouvelables ?  Il fallait installer le débat au cœur de la cité. Il y a une présence militaire terrifiante à une portée de fusil de Brest : l’équivalent de 1000 ou de 3000 Hiroshima. Le nucléaire militaire et le nucléaire civil sont deux choses étroitement liées. Nous voulons une éducation à la paix. Ainsi, nous avons été à l’initiative de l’ouverture au public comme lieu de mémoire de l’abri Sadi Carnot à Brest où 400 brestois ont trouvé la mort pendant les bombardements, et peut-être autant d’allemands. Samedi prochain, nous organisons dans nos locaux une séance de cinéma pour commémorer la répression des mutineries de 1917 avec le film « Pour l’exemple ».

 

Le débat :

Stephane Poupon (FDG Bannalec) : Dans le cadre du pacte d’avenir, il est prévu de doper la présence des méthaniseurs en Bretagne en en construisant 300 à coups d’aide publique. Cela va être un encouragement à une agriculture ultra-intensive car, outre des boues, des déchets d’abattoir, qui produisent peu de méthane, il faudra beaucoup de maïs pour faire tourner ces méthanisateurs, qui deviendront bientôt une source de revenu essentielle pour les agriculteurs. La méthanisation pousse à la monoculture et à l’agrandissement des exploitations : cela menace l’agriculture de qualité à taille humaine.

Olivier Cuzon (Solidaires) : Il faut se poser la question du « tout fossile ». Par rapport au débat sur la centrale à gaz, je me dis en même temps si on veut progressivement réduire la part du nucléaire, ce qui est souhaitable, il faudra des sources d’énergie alternatives : les allemands font tourner beaucoup de centrale à charbon, de centrales à gaz. Pourra-t-on l’éviter, ne recourir qu’à des énergies propres ?

Emile Turlan (Landivisiau doit dire non à la Centrale) : Le constat c’est que la production d’électricité est l’objet d’une organisation industrielle à base publique qui n’est pas sous le contrôle des citoyens. Il faut un contrôle démocratique des citoyens sur ces questions de l’énergie. C’est ce qui peut nous réunir comme réquisit minimal. Le nucléaire, cela ne fait pas consensus. Cela n’est pas un obstacle au rassemblement de la lutte. Avec la revendication du débat public et du référendum sur les questions énergétiques, nous étions dans le juste au Front de Gauche en 2012. La meilleure des énergies, c’est encore à mon sens celle qu’on ne consomme pas parce qu’on ne la gaspille pas. Cela implique une rénovation thermique des bâtiments. Cela télescope largement la question de l’austérité. Le réchauffement climatique, ce n’est pas le produit du hasard. Cette centrale à gaz, c’est 1 million de tonnes de CO2 déversés par an. Il y a un débat d’une grande complexité technique sur l’énergie mais il faut remettre les citoyens dans la course. Aujourd’hui, à l’inverse, on est dans le secret et une volonté d’éloigner les citoyens. La transition écologique est une question primordiale pour l’avenir de l’humanité et on cherche à en déposséder les citoyens.

 Alain David (PCF/FDG Morlaix) : Je suis d’accord que l’on donne la priorité à la réduction de la consommation d’énergie. Encore faut-il qu’on donne aux gens les moyens de consommer moins. Il y a sur la planète un certain nombre de pays pour qui la problématique, c’est de consommer de l’énergie tout court. Il y a une problématique globale de répartition, de transport de l’énergie. On dit qu’il faut décarboner la production d’énergie, qu’il faut supprimer ou réduire la part du nucléaire pour des questions de dangerosité, et de pollution durable. Mais il faut se poser la question aussi du : comment on fait ? On commence à être bon sur ce qui ne va pas, sur ce qu’il faudrait faire, mais souvent on est moins prolixe sur le : comment on fait ? Or, c’est à cette question qu’il faut travailler à répondre si on veut être entendu et gagner en crédibilité.

Louis Aminot (Ensemble ! Brest) : Appréhender la question de la guerre et de la paix, c’est lutter contre le capitalisme lui-même. Aujourd’hui, nous devons regarder autour de nous, être attentif au nouvel ordre mondial qui se crée autour de nous, avec un appareil militaro-industriel moteur du capitalisme et des armées vectrices de sa diffusion.  

Yves Cam : Je suis d’accord avec l’idée que nous sommes souvent plus dans la description de ce qui ne va pas que dans la proposition : il y a une difficulté à trouver l’angle par où il faut aborder les problèmes. Construire la démocratie dans la société, c’est un problème, la construire parmi nous, c’est aussi un problème. Les questions de la finance, du commerce, de l’échange, sont importantes mais la question essentielle, c’est celle de la production. Il faut que la population s’approprie les appareils productifs. Quand nous avançons des solutions, nous savons mieux dire ce que devrait faire l’Etat que ce que devrait devenir l’économie privée. On voit bien que ces questions mériteraient chacune un traitement approfondi pendant un après-midi avec les acteurs : consacré par exemple à des échanges sur l’agriculture, la pêche, l’industrie.

 

Henri Guillou (Attac 29) : On voit bien que les méthaniseurs vont avoir des conséquences pour les éleveurs laitiers du Finistère. Les grands industriels laitiers veulent la baisse des cours. Il y a différentes thématiques (agriculture/ énergie) avec une grande résonnance sur l’avenir de la Bretagne qui mériteraient une formation spécifique. Si on veut que les choses bougent, il faut que ça vienne de la société civile mais il est important de faire des propositions.          

Compte rendu réalisé par Ismaël Dupont - le 28 oct. 2014

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