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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 08:14

HUMANITE DIMANCHE (10 au 16 juillet 2014)

Cédric CLERIN

 

Réformer, c’est moderne, qu’importe le sens dans lequel on réforme … Selon les « réformateurs » qui nous gouvernent, ceux qui refusent la concurrence généralisée sont renvoyés au camp des archaïques. Avec  leurs recettes éculées, ressorties des vieux tiroirs, ce sont pourtant eux les véritables ringards !

 

 

 

 

 

« J’assume notre réformisme, notre social-démocratie et je salue la gauche moderne », disait le premier ministre Manuel VALLS, au lendemain du vote de l’assemblée nationale sur le plan d’économies de 50 milliards d’ici à 2017, en avril dernier. La gauche moderne par opposition à la vieille gauche : Front de Gauche, écologistes et « frondeurs socialistes »  qui avaient voté contre la plus grande purge depuis 1945. La modernité, le premier ministre n’a que ça à la bouche, comme son président, mais également le patronat ou l’opposition. Mais en fait de modernité, les uns et les autres ne font que ressasser les vieilles recettes du passé et imposent à la France de prendre la route de l’histoire en sens inverse.

Tous s’accordent sur l’allégement du code du travail, la baisse du « coût » du travail, l’aide aveugle et la levée de tous les « obstacles » au développement des entreprises. Une doxa dont on trouve les germes des John LOCKE en 1690 puis chez Adam SMITH, et « modernisée » par la formule  « Laissez passer, laisser faire » au milieu du XVIIIème siècle par le marquis de Gournay. Tout ce qu’entendent détruire ou amoindrir les ringards concerne en fait les conquêtes sociales gagnées depuis 150 ans. La société qu’ils veulent construire, c’est XIXème siècle social dans un XXIème siècle technologique.

Le choc de compétitivité, une idée de Laval en 1935 ….

A gauche, « la réforme » est devenue le symbole d’une gauche moderne. Après le discours de Vauvert (Gard), dimanche 7 juillet, Marie-Noëlle LIENEMANN, sénatrice socialiste, régissait à la rhétorique utilisée par le premier ministre : « Rien n’est  plus vieillot que cette fausse modernité de la réforme et du mouvement qui fleure bon les discours de Jean jacques SERVEN-SCHREIBER dans les années 1960 ou du Centre Démocrate de jean LECANUET ou même la rhétorique giscardienne. On peut même remonter plus loin : le « choc de compétitivité », trouvaille du Président de la république, est une idée de … Pierre LAVAL en 1935. Sans aucun succès d’ailleurs.

Sur la lecture de la société, les ringards regardent également la société avec les yeux du passé. « Je ne crois pas à la lutte des classes » disait Jérôme CAHUSAC  en janvier 2013. Problème, selon une enquête Ifop pour « L’Humanité », 64% des Français pensent que c’est une réalité, soit 10 points de plus qu’en juin 1967. 

Mais les ringards font toujours mine de ne pas regarder vers le passé. En 2011, Manuel VALLS déclare : « Est-ce  que dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, avec la concurrence que nous connaissons, nous pouvons nous permettre d’être sur des idées des années 1970, 1980, 1990 ? Non ! C’est ma marque, il faut dépasser la question des 35 heures. ». un argument que l’on retrouve aujourd’hui chez François FILLON qui propose tout bonnement de « supprimer la durée légale du travail dans les entreprises privées ». Or, l’histoire sociale du XXème siècle a été celle de la réduction du temps de travail. Et pour cause. Depuis 1960, la productivité du travail en France ! a été multiplié par 4. La proposition de François FILLON reviendrait, conformément aux traités européens, à limiter le temps de travail à 48 h soit un retour à … 1919. 

L’Angleterre d’il y a 30 ans, l’Allemagne d’il y a 10 ans.

Les « obstacles » dont il est bon ton de libérer les entreprises ne sont pas davantage une idée neuve. Raymond BARRE, alors premier ministre, en faisait son premier objectif en 1974 en s’excusant du « classicisme » de sa politique. Sur ce sujet, Pierre GATTAZ, président du MEDEF, ne fait que recycler ce que disait déjà papa (Yvon GATTAZ), en 1984, quand il promettait 471 000 emplois contre des « contraintes allégées ». Il avait été exaucé par le gouvernement CHIRAC en 1986 avec la levée de l’autorisation administrative des licenciements. La (déjà) vieille recette n’a pas empêché le pays de continuer à s’enfoncer dans le chômage.

L’inspiration réformatrice des uns et des autres vient de leurs prédécesseurs américains, anglais et allemands qui, s’il est entendu que le but de l’économie est de permettre à chacun de mieux vivre, ont tous échoué. Ronald REAGAN et Margaret TATCHER inspirent désormais François FILLON. « C’est un Pays (la Grande-Bretagne) où on ne travaillait plus, où les organisations syndicales avaient pris le pouvoir » disait-il récemment. Tony BLAIR est depuis toujours la référence  de Manuel VALLS et les réformes  de SCHROEDER ont été saluées par François HOLLANDE (et Nicolas SARKOZY) lors du dernier congrès du SPD allemand. Résultats ? Selon L’Unicef, en 2014, 25%  des enfants américains sont considérés comme pauvres. Seule la Roumanie fait pire dans les pays dits « avancés ». En 2011, une étude envisageait un taux de 47% d’enfants pauvres en Grande-Bretagne à  l’horizon 2020 après quinze années de Blairisme, qui a lui-même hérité du triplement de la pauvreté sous l’ère TATCHER. La modernité Outre-manche prend le visage que décrivait Charles DICKENS au  XIXème siècle. Même bond en arrière en Allemagne où les associations sociales dénoncent un « record de pauvreté » ; à quoi il faut ajouter que le socialisme moderne du chancelier SCROEDER a réussi à dépasser la France en termes d’inégalité. La France tente d’imiter l’Allemagne d’il y a 10 ans, alors qu’elle met en place le salaire minimum et les USA d’il y a 30 ans alors que les inégalités y ont atteint un tel niveau que le président OBAMA y voit un danger pour l’avenir du pays. Le succès du livre de Thomas PIKETTI « le capital du  XXIème siècle », témoigne de cette angoisse. Ce dernier donne un aperçu d’où nous mène la politique des ringards : « je pense possible un retour des structures de classes plus proche du XIXème siècle que de celles de Trente Glorieuses ».


 

 

 

 

 

 

 

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