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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 07:45

Pouvoir permettre à ses enfants d'apprendre la langue bretonne par imprégnation tout en ne les isolant pas des enfants scolarisés à l'école publique ordinaire est à mon sens une chance pour les parents et le signe d'un soutien des pouvoirs publics, dans le cadre d'une défense de la laïcité et du service public national,  à la survie d'une langue régionale plus vieille que le français, héritière de l'ancien gaulois et des dialectes celtiques parents des bretons de Grande Bretagne, qui fut pendant des siècles le véhicule d'une culture populaire extrêmement riche. Dans ce cadre, il était incompréhensible que les parents d'enfants de la filière bilingue du Poan Benn ne résidant pas à Morlaix mais devant y scolariser leurs enfants pour leur permettre d'apprendre très tôt le breton soient contraints, qu'ils soient à l'aise ou juste financièrement, de payer 5,48 € pour la cantine de leurs enfants, et presque autant pour la garderie. Ceux qui avaient deux enfants scolarisés en filière bilingue et qui étaient obligés pour une raison ou pour une autre de les laisser à la garderie le soir ou le matin pouvaient ainsi laisser plus de 20 euros chaque jour pour les frais scolaires annexes... La plupart des parents étaient d'ailleurs tenus de reprendre leur voiture le midi et de quitter la maison ou le travail pour récupérer les enfants afin de les faire déjeuner à bon marché, ce qui privait les enfants de toute une vie sociale, des animations de l'école et des jeux avec leurs camarades.

 

Pendant deux ans, plusieurs parents du Poan Benn  se sont organisés et battus pour abaisser les tarifs scolaires des enfants scolarisés en classe CLIS (classe d'intégration pour des élèves en difficulté scolaire) et des enfants de la filière bilingue mais, l'an passé, considérant sans doute que l'enseignement en breton dans le public a l'école primaire n'était pas un droit mais un luxe qu'il fallait payer, la mairie n'avait reconsidéré ses tarifs que pour les parents d'enfants scolarisés en CLIS, sachant que ces classes adaptées nécessaires pour intégrer des élèves légérèrement handicapés en milieu ordinaire ne pouvaient pas exister dans toutes les communes et qu'il n'y avait aucune raison de pénaliser les parents.  

 

Mais après une ultime médiation d'une délégation de parents de l'école bilingue la semaine dernière, qui a probablement menacé de rentrer dans un rapport de force plus musclé et de plaider pour un transfert de la filière bilingue à Saint Martin des Champs auprès de l'inspection académique, la mairie de Morlaix a accepté sous la pression de baisser d'un euro le prix de la cantine pour les enfants bretonnants des communes de la périphérie morlaisienne sans faire de concessions correspondantes pour les tarifs de garderie.

 

Je crois qu'on peut dire bravo aux parents du Poan Benn pour leur pugnacité et se féliciter que la mairie ait fait ce geste d'apaisement même s'il est vrai que, sur le fond, sa ligne de défense qui consistait à dire que les communes des enfants scolarisés en filière bilingue pouvaient aussi faire un geste pour permettre à des parents qui payaient leurs impôts chez elles d'accéder ailleurs à un service qu'elles n'offraient pas, avait une certaine logique. Seulement, là encore, le manque d'entente entre les élus de la ville-centre et ceux des communes voisines, leur intrinsigeances symétriques, conduisaient à sacrifier les intérêts des habitants du pays de Morlaix en général, qui, même quand ils résident et payent leurs impôts locaux dans une commune de la périphérie morlaisienne, vont souvent travailler et faire leurs achats à Morlaix, ce qui relativise le manque à gagner de la municipalité morlaisienne quand elle subventionne la cantine pour des enfants dont les parents n'habitent pas Morlaix.

 

Cette question soulève aussi plus généralement le problème du poids des tarifs scolaires de restauration scolaire et de garderie à Morlaix: le repas s'élève à 6,72 € pour les instituteurs, à 4,21€ pour les enfants de parents morlaisiens appartenant à la classe moyenne... Ce sont des tarifs beaucoup plus élevés que dans la plupart des autres communes, la municipalité ayant augmenté ces tarifs depuis l'entrée en fonction de la majorité municipale de droite et ayant parallèlement supprimé il y a deux ans le tarif "fréquentation régulière" plus avantageux pour la garderie. Or, dans un contexte où les salaires stagnent, où la précarité gagne du terrain, où le pouvoir d'achat de la majeure partie des français diminue avec la hausse des prix de l'alimentation, de l'énergie, du logement, on pourrait souhaiter une meilleure prise en compte des contraintes financières quotidiennes des morlaisiens.

 

Ismaël Dupont.  

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