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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 12:28

La compétitivité affaiblie par un coût du travail trop lourd serait l’explication des maux français.

L’addition présentée aux Français irait donc de soi  : blocage des salaires, baisses des cotisations des entreprises, cadeaux fiscaux au patronat, flexibilisation de l’emploi, retraites différées…

 

Sauf que le diagnostic posé est mensonger. Ce qui plombe notre économie, ce sont les surcoûts du capital, l’énorme ponction opérée pour les dividendes – multipliés par treize en trente ans quand les salaires n’ont que doublé dans la même période –, les taux de marges de 18% obtenus au détriment de l’emploi par les plus grandes entreprises quand les PME végètent… Là où se trouvent les différences avec l’économie allemande, c’est dans l’énorme augmentation des dividendes en France, quand ils sont limités outre-Rhin au profit des investissements dans la recherche-développement.

 

Le capitalisme français s’est conformé au modèle des fonds d’investissement à l’américaine, prédateurs d’entreprises et ravageurs d’industries pour peu que cela rapporte très gros. Les grandes fortunes professionnelles prospèrent dans notre pays – + 25 % en 2012 – en piétinant le tissu économique et social national. Voilà où siège la «morosité» des Français que se plaît à décrire le président de la République. Et, franchement, il n’y a pas de quoi rire.

 

Devant la presse présidentielle, François Hollande a voulu distraire l’attention d’une opinion désenchantée par un conte pour adultes, une version sociale-libérale du «storytelling» cher aux néoconservateurs américains, baptisée, pour ce nouvel avatar, «le récit de la France de demain». Le pays accroissant sa productivité par la baisse du coût du travail deviendrait compétitif, émancipé des marchés financiers dont il est dépendant, «solidaire» sans être cependant trop «redistributif»… Une invitation à prendre de la vitesse pour foncer dans le mur sur lequel se fracassent depuis des années les espérances des jeunes, des salariés et des retraités. «Un four qui toujours chauffe et où rien ne cuit», disait Voltaire.

 

L’Élysée assortit son offensive médiatique d’une dénonciation marquée des périls que fait peser le Front national sur «le modèle républicain» et «le vivre ensemble». Mais où l’extrême droite trouve-t-elle son «carburant», selon la formule d’Arnaud Montebourg, sinon dans les dégâts sociaux semés par les politiques d’austérité et de réduction du coût du travail, dans l’indignation provoquée par les promesses oubliées ? «Mon pari, c’est le temps», a martelé le chef de l’État. Mais le pays en dispose-t-il, de temps ? La majorité gouvernementale peut-elle laisser hypothéquer le capital historique de la gauche – la liberté, l’égalité, la fraternité – au nom de fables sur la compétitivité, rédigées par les marchés financiers ? François Hollande a traité avec un mépris souverain les interrogations qui se font jour au sein du Parti socialiste, lâchant «dans mon camp, il ne se produit rien» puisque le quinquennat, et le calendrier électoral qui l’accompagne, fait que «notre sort est lié».

 

C’est dire pourtant tout le risque d’un naufrage général si les voies d’eau sont ignorées.

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