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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 07:18

Grece-au-bord-du-Gouffre-Fevrier-2012.jpg

 

 

Deux jours de grève générale et une grande manifestation auprès du Parlement d'Athènes ont été décidés par les syndicats pour lesquels les nouvelles mesures d'austérité, imposées par le couple Merkel-Sarkozy, la commission européenne et la BCE en échange d'un nouveau déblocage de fonds, et scandaleusement approuvées par la coalition contre-nature qui collabore avec les artisans de ce dépecage des droits sociaux des grecs, coalition qui associe, faut-il le rappeler, Parti Socialiste, Droite Libérale et réactionnaire et Extrême-Droite.

La Grèce est depuis trois ans le laboratoire européen de la nouvelle gouvernance autoritaire et impérialiste néo-libérale. Va t-elle être le point de départ de l'insurrection contre cette tyrannie des intérêts financiers?

Ce n'est pas le scénario le plus probable car le choc social désarçonne souvent plus qu'il ne renforce la combattivité même si, dans les sondages l'opposition de la gauche anti-libérale, affaiblie par ses divisions, représenterait actuellement 40% des intentions de vote en Grèce (les communistes comptabilisant environ 18% des intentions de vote). 

Cela traduit un climat. Mais précisément, on ne vote plus en Grèce, comme au bon vieux temps des dictatures ultra-libérales d'Amérique Latine...  Et malheureusement, la désespérance gagne du terrain, ainsi que la désaffection syndicale et politique, comme les grecs ne voient pas d'issue à la spirale de récession et de déclin dans laquelle ils s'enfoncent.

Comme le  rappelle Serge Halimi dans un article du Monde diplomatique daté de novembre 2011, la députée socialiste grecque Elena Panaritis a osé recourir à une référence renversante pour plaider la cause de Papendréou : "Il a fallu onze ans à Margaret Thatcher pour mener à bien ses réformes dans un pays qui avait des problèmes structurels moins importants. Notre programme a été mis en place en seulement quelques mois".  

En novembre dernier, sentant bien que la situation sentait la poudre, en l'absence de légitimité démocratique et d'acceptation des mesures d'hyper-austérité (privatisations, baisses des salaires et des pensions, hausse des impôts pour les plus modestes, affaiblissement des services publics et de la protection sociale) traduisant la mise sous tutelle européenne de la Grèce, Papendréou avait bien "dans un moment de faiblesse" décidé de soumettre l'obéissance aux nouvelles exigences du Sommet des chefs d'Etat européens  à un référendum donnant le choix très ouvert entre le recul des droits sociaux d'un côté (accélération des privitatisations, taxes plus élevées, diminution des salaires et des emplois publics), et la sortie de la zone euro et la faillite de l'autre.

Mais devant le tollé provoqué dans sa classe politique comme en Europe chez les élites libérales par son appel irresponsable à la souveraineté du peuple, forcément irresponsable et irrationnel, dans un moment si critique, Papendréou a dû renoncer à sa décision puis quitter le pouvoir par la petite porte pour laisser la place à une coalition moins hésitante...

2011 a été une année faste pour les plans d'austérité grecs, devenus une spécialité aussi célèbre que le ouzo, la feta ou le tatziki: chômage technique avec un salaire réduit de 40%, 150000 emplois publics supprimés, en partie par le non-remplacement de neuf départs à la retraite sur dix, flexibilisation des conditions de travail et des contrats dans la fonction publique.

2012 semble aussi un bon cru pour ce qui est de la saignée sociale. Sur quel nouveau plan d'austérité ce sont entendu le Pasok, la ND (Nouvelle Démocratie), et le Laos (Droite Extrême)? Un salaire minimum de 751 euros net qui serait réduit de 22%, des retraites complémentaires baissées de 25%, des coupes budgétaires dans les secteurs de la santé (1,1 milliard), des collectivités locales, 3 milliards de nouvelles taxes, recapitalisation des banques et nouvelle suppression de 15000 postes de fonctionnaires. En attendant, les investissements militaires et les privilèges fiscaux de l'église orthodoxe et des armateurs ou autres grands bourgeois grecs ne sont guère touchés.

Lisons l'analyse du journaliste de L'Humanité Dimanche (9 février 2012), Fabien Perrier: "Le tandem conservateur qui règne en France et en Allemagne fait monter la pression sur le gouvernement pour qu'il accepte toutes les conditions imposées en agitant l'épouvantail du défaut de paiement... et d'une sortie de la zone euro.... Après avoir évoqué l'envoi d'un "super-commissaire" qui gérererait les finances héllènes, Angela Sarkozy et Nicolas Merkel ont demandé à Athènes, lors de leur réunion du 6 février, que "les intérêts de la dette grecque soient versées sur un compte bloqué". La raison? "Ainsi nous serons sûrs que cet argent sera durablement disponible", a affirmé ce même jour Angela Merkel. Placé sous tutelle budgétaire, le pays se voit désormais obligé de consacrer en priorité ses ressources financières au remboursement de la dette. Rassurer les marchés, les satisfaire quitte à appauvrir un peu plus la population: telle est la ligne conductrice du duo et de la troïka. Cet appauvrissement se mesure pourtant au quotidien. Enfants qui tombent d'inanition dans les salles de cours, magasins qui ferment, patients obligés d'apporter leurs propres médicaments, chauffage coupé dans les écoles... Autant de témoignages qui nous parviennent et crient la misère rampante. Les chiffres corroborent ces propos. Le taux de chômage officiel s'élève à 19,2% contre 9,8% en octobre 2009 à l'arrivée de Georges Papendréou au pouvoir. Il atteint même 47,2% chez les moins de 25 ans quand il était de 26,3% en décembre 2008, lorsqu'on éclaté les émeutes de jeunes à Athènes".

Le coût du travail a baissé de 12% en Grèce entre 1995 et 2009, mais la productivité a baissé de 26,8% dans le même temps. Car il est faux bien évidemment que l'on soit plus productif en étant plus inquiet de l'avenir, moins bien soigné, éduqué, nourri.

Où se trouve l'issue?

Dans l'idéal, mais cela demande une inversion peu probable dans l'immédiat (à moins peut-être que le Front de Gauche prenne le pouvoir en France) du rapport de force au niveau européen: une aide directe à 0% de taux d'intérêt de la BCE à l'Etat grec lui permettant de casser la spirale de l'envolée des taux d'intérêt et de relancer son économie;  un non-remboursement d'une partie de la dette, jugée illégitime, car correspondant soit à des privilèges exorbitants accordés à l'église, à l'armée, aux armateurs et hauts revenus grecs, soit à des taux d'intérêts usuraires réclamés par des fonds d'investissement prenant des positions spéculatives en achetant de la dette grecque; une interdiction de spéculer sur un défaut de paiement de la dette grecque à travers les CDS (Credit Défaut Swap) qui permet à des financiers d'avoir intérêt à ce que les perspectives de remboursement de la dette s'amenuisent du fait de l'explosion des taux d'intérêt.

Plus vraisemblement, c'est un défaut de paiement qui permettra à la Grèce de s'en sortir en négociant une forte réduction de sa dette vis à vis des créanciers. Et cela, à condition que l'Europe ne la somme pas de quitter la zone euro, et permette à l'Etat de remettre en ordre de marche un secteur bancaire national pris dans la tourmente et mis en faillite. Ce que craignent les Européens, toutefois, c'est moins le défaut grec en lui-même, car il est anticipé et beaucoup d'acteurs financiers se sont déjà défaussés la dette grecque auprès de la BCE, tandis que les autres seront secourus par le fonds de stabilité européen aux frais du contribuable, mais plutôt la contagion de la défiance qui pourrait faire s'envoler les taux d'intérêt réclamés aux Etats irlandais, portugais, espagnols, italiens, mais aussi ceux de la France et de l'Allemagne. C'est pourquoi la seule solution, en dehors bien sûr d'un réel partage des richesses pour limiter la spéculation, favoriser la consommation populaire, et sortir l'Europe de la récession, c'est une rédéfinition de la politique monétaire et de la politique de financement des Etats qui les rende moins dépendantes des banques et des marchés.

 

Ismaël Dupont.         

 

 

En annexe, vu sur la lettre d'information nationale du collectif citoyen pour un audit de la dette:

 

Appel des indignés grecs à se mobiliser contre le nouveau plan d’austérité

3 jours dans la rue !

Les masques sont finalement tombés. Le FMI, l’Union européenne, et notre « gouvernement » (non-élu, avec un ex-banquier pour premier ministre et des alliés politiques parmi les principaux dirigeants ces 40 dernières années, soit les premiers responsables de cette crise…) ont décidé hier de mettre en œuvre un plan d’austérité de trois ans, encore plus dur et destructeur, qui renverra la Grèce à sa propre situation au lendemain de la deuxième guerre mondiale…

Cet accord ramènera les salaires en moyenne à un niveau d’environ 350 euros, dans un pays où le coût de la vie ne cesse d’augmenter (et notamment le prix de la nourriture, de l’essence, des services). Les coupes dans les salaires durant les 2 dernières années ont diminué de plus de 50% le salaire moyen, et dans le même temps les banques grecques reçoivent des millions, et les grandes corporations payent de moins en moins de taxes.

La dette ne cesse d’augmenter alors que l’économie est paralysée. La politique de l’austérité a mené le pays dans l’impasse. Dans un pays de 10 millions d’habitants, 4000 personnes perdent leurs emplois par jour, le nombre de sans-abris dans les rues d’Athènes a augmenté rapidement les derniers 5-6 mois… Des sans-abri qui jusqu’à récemment avaient une maison et une vie normale…

Nous avons besoin de votre solidarité. Diffusez les informations, ne croyez pas les grands medias… Il y a un appel pour une grève générale de 48h et des manifestations pour les trois jours qui viennent. La Grèce est juste le laboratoire pour un modèle économique qui va se généraliser en Europe.

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