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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 05:40

Transmis par Robert Doré, cet éditorial très juste du rédacteur en chef de l'Humanité, publié dans La Terre le 2 août 2011, nous montre comment le creusement de la dette des Etats européens sert de prétexte en France pour durcir l'offensive politique pour imposer les intérêts de la finance et des hauts revenus au détriment de ceux de l'égalité et de la cohésion sociale. Les causes profondes de cette amplification de la dette ne sont pourtant pas le poids de la fonction publique ou les dépenses sociales, facteurs de partage des richesses et de croissance durable, mais la défiscalisation forcenée depuis 25 ans des bénéfices des entreprises et des hauts revenus, la récession causée par les conséquences de la financiarisation de l'économie qui a rendu le fonctionnement du capitalisme de plus en plus fou et contraire à toute stabilité économique et sociale, et la mondialisation orientée politiquement vers une mise en concurrence des systèmes sociaux pour le bénéfice du capital impliquant délocalisations et désindustrialisation de notre pays.

 

Patrick Le Hyaric

 

En voulant absolument imposer dans la Constitution l’absolu équilibre des comptes publics, le Président de la République cache ses véritables intentions. En apparence, il mène campagne  autour de l’idée d’une bonne gestion. Tout le monde en serait d’accord. Qui en effet se prononcerait pour aggraver les déficits de l’Etat ou de la sécurité sociale ? Personne ! Mais, pour le pouvoir actuel le débat fondamental n’est pas là. Il emploie les mots « déficits publics » pour désigner en réalité la chasse aux dépenses publiques et sociales alors que les cadeaux sociaux et fiscaux se multiplient pour l’oligarchie financière. Il en résulte moins de recettes pour les caisses de l’Etat et de la protection sociale. Celle-ci a bénéficié de plus de 173 milliards d’euros de réductions d’impôts en 2010 selon l’officiel Conseil des prélèvements obligatoires. Et il y a le service de la dette. C’est ce que paie l’Etat aux banques en intérêts  sur la dette elle-même qui atteint 50 milliards d’euros sur une année. Ceci représente la totalité de la collecte de l’impôt sur le revenu. Dit autrement, tous les impôts sur le revenu que paye chaque famille française vont directement dans les caisses des banques.

Allons plus loin ! Depuis vingt ans la France a payé l’astronomique somme de … 900 milliards d’euros en seul intérêt de la dette, pendant que l’endettement ne cessait d’augmenter sous l’effet des baisses de recettes et de la réduction de croissance, du fait de la contre réforme fiscale et sociale engagée sous la pression des droites et des grandes fortunes.

La réforme constitutionnelle envisagée irait jusqu’à décider d’un plafond de dépenses et d’un plancher de recettes. C’est donc clair, ce sont les investissements sociaux et humains qui seraient sacrifiés. La dette de l’Etat est devenue une mécanique utilisée par le pouvoir sarkozyste pour réduire les droits sociaux et économiques parce que le pouvoir sert la nouvelle aristocratie financière et les institutions bancaires et financières grâce aux taux d’intérêt.

Ainsi, l’acharnement de M. Sarkozy à faire inscrire ce qu’il appelle « la règle d’or » dans la Constitution ne vise qu’à constitutionnaliser, non pas un projet d’équilibre des comptes publics, mais une politique économique en phase avec les traités de Lisbonne et de Maastricht qui, en prônant la liberté totale de circulation des capitaux et la concurrence sociale et fiscale, aboutit à la crise totale que nous connaissons aujourd’hui.

Pour dramatiser la situation, le Président de la République, bafouant pour le coup la lettre et l’esprit de la Constitution française, a écrit à tous les parlementaires pour les appeler à une sorte d’union sacrée autour de ce projet. Bref, il sait sa politique à ce point rejetée que désormais il cherche à créer, comme en temps de guerre, une unité nationale au seul service du capital. Et le gouvernement français veut être à l’avant-garde de ces projets dans l’Union européenne puisqu’il multiplie les déclarations selon lesquelles il veut montrer l’exemple partout. Leur exemple c’est l’austérité à perpétuité pour les travailleurs et les retraités et c’est l’argent qui tombe là où il y en a déjà beaucoup. C’est aussi ce que demande le Fonds Monétaire International qui vient de demander à la France de réduire encore ses dépenses pour une somme de 16 milliards d’euros supplémentaires. Il propose même le programme présidentiel de M. Sarkozy : augmentation de la TVA, mise en place de la fameuse taxe carbone et il demande de s’attaquer désormais aux finances de la sécurité sociale et des collectivités locales.

Tout ceci constitue la déclinaison du funeste pacte dit « pour l’Euro plus », ce fameux pacte des rapaces. Mais puisque M. Sarkozy veut engager un débat au Parlement pour modifier la Constitution sur le sujet de la dette, nous lui proposons de prendre des dispositions avec la télévision et les radios publiques pour un grand débat de plusieurs semaines sur la nature de la dette et les moyens de la réduire réellement en changeant la fiscalité et en cessant les cadeaux sociaux et fiscaux au grand capital. Nous pouvons même aller plus loin. S’il veut changer la Constitution, qu’il passe par la voie du référendum. C’est le peuple qui subit l’austérité. Le peuple n’a pas à payer pour le renflouement des banques en permanence. Qu’il organise ce débat et cette consultation. Ce sera très intéressant.

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