En 2007, Nicolas SARKOZY nous promettait qu'il n'y aurait plus personne à la rue. En 2011, dans tous les départements, de très nombreuses familles dorment encore dehors. Les promesses n'ont, une nouvelles fois, pas été tenues.
Cet été 2011 c'était donc au tour de Benoit APPARU, secrétaire d'Etat au logement, d'annoncer de nouveaux objectifs, revus nettement à la baisse. Face à la démission de Xavier EMMANUELI, en charge du SAMU SOCIAL, celui-ci a ainsi annoncé qu'il ne voulait plus voir d'enfants dans les rues de la capitale. Qu'en est-il depuis? Des places supplémentaires ont-elles été ouvertes? Non, bien sûr. Le gouvernement est passé maître dans l'art du double discours.
S'il y a moins d'enfants aujourd'hui dans les rues de Paris c'est qu'il a été décidé de financer des billets de trains aux familles plutôt que des hébergements, pour mieux « répartir la charge » sur les territoires. Résultat, les DDCS (directions départementales de la cohésion sociale), les plateformes d'accueil et les 115 sont débordés dans nos départements. Tous les dispositifs sont à leur tour engorgés en province car rien n'a été fait, au ministère et dans les préfectures, pour préparer l'arrivée massive des populations déplacées.
En Bretagne, des baisses budgétaires sont annoncées pour 2012 alors même que les demandes d'asiles ont augmentées de 40% dans la région cette année. Les plateformes chargées de l'accueil et de l'hébergement des étrangers sont surchargées. Pour résoudre ce problème, ou plutôt le déplacer, il est demandé au SIAO-115, le dispositif d'hébergement d'urgence des personnes de droit commun, de répondre à la demande supplémentaire occasionnée, sans contre-partie financière.
Conséquence: l'enveloppe budgétaire allouée en 2011 à ces dispositifs est déjà bien amputée et l'on craint de ne pouvoir répondre à la demande cet hiver. Les DDCS, qui financent, demandent donc aux 115 de laisser à la rue certaines catégories de population, les sans-papiers et les Roms en premier lieu.
Le principe d'inconditionnalité de l'assistance à personne en danger fixé par la loi n'est pas respecté, et les pratiques discriminatoires se développent. Aucune consigne n'est donnée par écrit, mais la pression mise par le ministère sur les préfectures, les DDCS et les opérateurs associatifs est bien réelle. Les associations sont prises en tenaille entre les valeurs qu'elles défendent et la volonté de l'état qui les finance.
Les sans-abris sont aujourd'hui abandonnés par un gouvernement qui est prisonnier de ses contradictions. Officiellement, l'État demande à ce que toute personne en situation de danger soit mise à l'abri. Officieusement, il demande que soient laissées à la rue les personnes seules et les familles lorsqu'il s'agit de ménages roms ou de personnes dont la demande d'asile a été déboutée.. De nombreuses familles avec des enfants en bas âge dorment ainsi dehors sans que l'État ne réagisse.
En réaction à cela, les associations militantes se mobilisent et font pression sur l'État par voie de presse ou de justice. Piégées entre le discours officiel et les directives informelles qui leur sont données, Préfectures et DDCS ne savent plus que faire. Aucun positionnement clair n'est donné. Les décisions se prennent au jour le jour, heure par heure, au détriment des familles. A la précarité de leurs situations s'ajoute donc l'angoisse quotidienne de l'attente d'une hypothétique solution pour la nuit. Aucune solution à long terme n'est apportée. On repousse continuellement le problème au lendemain, ou on le déplace au département voisin... L'objectif est, ni plus, ni moins, d'user physiquement et psychologiquement les migrants pour les pousser au départ.
Si les familles avec des enfants de moins de 3 ans sont épisodiquement hébergées c'est moins pour des raisons humaines que politiques. C'est la peur de l'article ou du procès qui guide les services de l'Etat dans leurs choix. Les décisions sont prises en fonction des réactions des associations militantes et des conditions climatiques. Parfois, certaines personnes laissées dehors et accompagnées par ces associations se font hospitaliser et espèrent bénéficier d'un hébergement à leur sortie pour raison médicales. Mais cela ne marche pas toujours, la DDCS et les centres hospitaliers se rendant la balle.
Malgré tout, hébergées par intermittence, les familles entretiennent l'espoir de solutions durables et affluent chaque jour plus nombreuses. Le problème est donc sans fin. Les dispositifs d'hébergement d'urgence sont au bord de l'explosion alors même que l'hiver approche. Il n'y a plus d'argent pour faire face à la demande. Sarkozy va t-il enfin agir pour les plus démunis et tenir ses promesses.
Tangi LE COZ,
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