Grève SNCF : rechercher la vérité et la dire
Communiqué de presse de Gérard Lahellec, vice-président du Conseil régional de Bretagne en
charge de la mobilité
Tous ceux qui, avec condescendance, leur demandent de se ranger à leurs ordres pour arrêter la grève, ne connaissent pas les cheminot-e-s, ni leur histoire, ni leur culture. Ceux qui les traitent de «privilégiés», en prenant le risque d'alimenter les pires populismes, ne les connaissent pas mieux.
S'il est vrai que la situation de tension qui caractérise le conflit interpelle toute la société, il n'est pas moins vrai que nos concitoyennes et concitoyens ont le droit de connaître quelques vérités.
1 – S'il est vrai que le mouvement social génère une gène quotidienne pour les usagers, il est bon de rappeler que c'est aussi la corporation cheminote qui assure la qualité de service au quotidien ainsi que le service garanti en périodes perturbées. C'est ce qui a permis d'assurer un service de qualité pour permettre aux jeunes Bretonnes et Bretons d'accéder dans de bonnes conditions aux épreuves du Baccalauréat.
2 – Le projet de loi en cours qui motive le conflit, a pour objet essentiel de permettre au système ferroviaire français de s'ouvrir totalement à la concurrence, comme l'imposent les décisions européennes. Les habillages techniques compliqués qui accompagnent cette disposition, ne sont que des habillages confus, consistant à accréditer l'idée d'un regroupement de la SNCF dans une même entité avec un statut de cheminot qui serait préservé...
3 – Cette ouverture à la concurrence a déjà été mise en œuvre pour le fret ferroviaire. Cette concurrence s'est développée sur les segments les plus rentables, le wagon isolé a été abandonné, ainsi, en Bretagne, la SNCF n'existe quasiment plus comme opérateur de fret!
4 – La SNCF, toujours pour s'ouvrir à la concurrence, a déjà filialisé certaines de ses activités, telles que les gares, par exemple, autour de «gares et connexions». Ainsi, cette entité, qui finance partiellement les travaux, rémunère le capital de son investissement à 9% en facturant au prix fort le passage des voyageurs en gare, y compris ceux du service public!
5 – La généralisation de l'ouverture à la concurrence après l'adoption du 4ème paquet ferroviaire au niveau européen, permettra à des trains de la concurrence européenne de se positionner sur les marché captifs, tels que Paris-Rennes, par exemple....
Dans ces conditions, si un opérateur se positionne sur le marché rentable, la SNCF continuera t elle à faire circuler des TGV moins rentables jusqu'à la pointe Bretonne?
6 – Le Conseil régional place au cœur de sa politique de transport la desserte de tous les territoires pour toutes les catégories de population. Il conviendrait de s'assurer collectivement que les dispositions européennes transposées dans le droit français ne viennent pas stopper le formidable essor du TER que les Régions ont porté à bout de bras en investissant massivement sur les matériels et les dessertes. Tous ceux qui font le choix du train pour aller travailler chaque jour sont perturbés par le mouvement actuel mais il faut s'assurer que demain ils pourront toujours le faire dans des conditions acceptables.
7 – Enfin, le projet de loi portant la dite réforme du ferroviaire, ne prévoit pas le désendettement du système ferroviaire français, pas plus que l'intégration, dans sa gouvernance des partenaires publics qui en assurent pourtant majoritairement le financement (Infrastructure, Matériels, Trains, Services...). Jacques Auxiette, Président socialiste du Conseil régional, Président de la commission «infrastructures et transports» de l'association des Régions de France (ARF) a souligné cette carence dans son manifeste pour une nouvelle ambition ferroviaire.
C'est de l'ensemble de ces questions qu'il conviendrait de débattre avec la représentation nationale et avec tous les protagonistes du système ferroviaire. L'avenir des dessertes des territoires par le train pour tous les citoyennes et tous les citoyens doit être notre principale préoccupation, celle-ci ne peut pas ignorer les conditions d'exercice des agents de la SNCF comme principal acteur de la mise en œuvre du service.
C'est ce débat qu'appelle le mouvement social qui secoue aujourd'hui la SNCF.
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