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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 16:32

Depuis le second tour des élections municipales , dans les médias nationaux et régionaux, le Front de Gauche est privé de toute expression pour commenter la débâcle du PS, les choix de François Hollande, le nouveau gouvernement Valls. Exemple: un "Téléphone sonne" spécial mardi soir sur France Inter à 19h20 avec Philipot, le porte-parole du FN, des parlementaires de l'UMP, du PS, d'EELV, tous fort médiocres au demeurant dans le commentaire, mais sans représentant du Front de Gauche.

Lundi 31 mars, une pleine page dans le Télégramme avec une grande photo de Marine Le Pen tout sourire avec pour titre "Front National. Une moisson sans précédent". Tout cela pour parler de 14 mairies d'extrême-droite conservés ou gagnés par le FN ou ses satellitesDe 1625 conseillers municipaux d'extrême-droite, dont 1525 du FN. Les conseillers municipaux FN représentent 0,6% du total des élus municipaux et même si les scores sont en progression, ce n'est tout de même pas le premier parti de France en terme d'enracinement local. Rien qu'au premier tour, le PS avait fait élire 94 maires dans des villes de plus de 3500 habitants.

Or, le FN est présenté par les médias au service du système comme le seul parti crédible dans ses prétentions à bousculer le système, le seul à considérer comme force ascendante à potentiel majoritaire. On se retrouve dans un contexte historique qui présente des analogies jusqu'à un certain point avec celui des années 30 où la bourgeoisie, entre deux menaces de subversion, choisit clairement les chemises brunes, davantage susceptibles de ménager ses intérêts, notamment contre le communisme. Le syndicat CGT de l'audiovisuel public a fait part de son indignation devant le temps de parole attribué à Marine Le Pen et au FN sur France 3 pendant la campagne des Municipales: «  Sur France 3, le FN bénéficie de 29% des temps de parole au 14 mars. On a compté jusqu'à 48% la semaine précédente!!! Mais comme il faut bien respecter l'équité jusqu'au 21 mars, un pseudo équilibre se fait la dernière semaine, in extremis, pour abouir sur toute la période à 17% pour le FN, mais « 3,9% pour EELV, 4,85% pour le Parti de Gauche – 4,79% pour l'UDI, carrément rien pour le MoDem, le NPA, le Parti Radical – 33,84 pour le PS et 30,12 pour l'UMP. » Pourtant, le syndicat précise qu'à l'issue du 1er tour des Municipales, le FN, qui a déposé 589 listes, représente 4,7% des voix dans les villes de plus de 1000 habitants.

Dans le Télégramme du lundi 24 mars, un diagramme présente les « résultats » comparés des différentes familles politiques en escamotant complètement le Front de Gauche: 2% pour l'extrême-gauche, 43% pour le PS, 48% pour la droite, 7% pour le FN. En fait, il ne s'agit pas des résultats du vote du premier tour mais d'un sondage, en décalage complet avec la réalité, réalisé sur un échantillon de moins de 1000 personnes. Qui votent où? Dans des petites communes à une ou deux listes pour certains... Cela apparaît comme de la pure manipulation...

Ce même Télégramme une semaine après ne parle à aucun moment du PCF et du Front de Gauche, effacés de la carte médiatique même s'il ne sont pas effacés de la carte électorale, loin de là, et continuent à disposer d'un ancrage municipal 10 fois plus important que le FN. Même topo dans le Ouest-France de lundi et mardi: plusieurs réactions de responsables politiques PS, UMP, EELV, UDI, FN sont citées par rapport aux résultats et à la réponse du pouvoir, mais pas de trace des commentaires de Jean-Luc Mélenchon, de Pierre Laurent ou de Clémentine Autain. 

La seule brève nous concernant en page nationale du Ouest-France le 1er avril porte un titre qui évoque les croisades contre les sarrasins et se félicite ouvertement de leur succès: "Plusieurs bastions du Parti Communiste sont tombés.Le Parti Communiste français (PCF) a perdu, hier, plusieurs bastions historiques. Dans la banlieue rouge parisienne, en Seine St Denis, Bobigny et Saint Ouen ont été ravies, par la droite et par l'UDI. Elles étaient communistes depuis 1919 et 1945. Dans le Val-de-Marne, Claudine Cordillot a perdu Villejuif, sous la banière PCF depuis 1925 face une alliance inéite (UMP-UDI-Divers Gauche-EELV). Aubagne, un bastion historique des Bouches-du-Rhône, passe également à droite, après 49 ans de gestion communiste. Mais Saint-Denis, la dernière ville de plus de 100000 habitants, reste entre les mains du maire sortant Didier Paillard, qui devance le candidat socialiste d'à peine 181 voix". Le Ouest-France oublie au passage Montreuil,  ville de plus de 100000 habitants repris à EELV par le responsable communiste Patrice Bessac, soutenu par le Front de Gauche, dans une triangulaire au second tour avec Jean-Pierre Brard, l'ancien maire communiste de Montreuil battu en 2008 par Voynet, et l'UMP. 

 

Quel est le bilan comptable de ces municipales pour le Front de Gauche et le PCF?

 

Il n'est pas très bon sur le plan du rapport entre les gains et les pertes de mairie, il est loin d'être catastrophique sur le plan des pourcentages réalisés par les listes du Front de Gauche. L'influence électorale du Front de Gauche se maintient mais ne progresse pas de manière significative, contrairement à celle du FN, malgré l'accentuation de la crise, la politique de droite menée par Hollande et le PS, et notre résistance parlementaire et politique face à l'austérité et au libéralisme. Cela doit nous interroger, non sur le sens de notre combat, essentiel quand on mesure les dangers de la politique de Hollande, de la montée des inégalités, du désaveu des politiques, du FN, mais sur notre manière de le mener.  

L'Humanité Dimanche du 3 avril donne quelques moyennes intéressantes sur le premier tour:

Les listes soutenues par l'ensemble des composantes du Front de Gauche (PCF, Parti de Gauche, Ensemble), y compris dans le cadre d'une union de la gauche, réalisent en moyenne 16,6%: cela concerne 588 listes. 

Les listes Front de Gauche (uniquement sans le PS) recueillent 12,2% dans les 492 villes où elles se sont présentées.  

- Lorsque les composantes du Front de Gauche se sont présentées séparément (avec souvent le PCF partant avec le PS et ses alliés), les listes "autonomes" recueillent pour leur part 6,6%.

Dans les villes détenues par le Front de Gauche (majoritairement PCF), le Front de Gauche a remporté 29 des 30 duels de premier tour avec le PS, mais il perd ensuite au second tour plusieurs villes de plus de 30000 habitants au profit de la droite: Blanc-Mesnil, Saint Ouen, Bobigny, Villejuif, Aubagne.      

Dans les villes de plus de 9000 habitants, le bilan du PCF et du Front de Gauche est le suivant: sur les 87 villes de plus de 9000 habitants qu'ils dirigeaient avant la vague bleue des municipales, 65 villes ont été conservées, 22 ont été perdues et 3 gagnées (Montreuil, Aubervilliers, Thiers dans le Puy de Dôme, enlevée à l'UMP), soit un total de 68 villes de plus de 9000 habitants dirigées par un maire communiste ou Front de Gauche.  

20 villes de plus de 20000 habitants ont été perdues par le Front de Gauche: 18 PCF, 1 FASE, 1 PG (Viry-Châtillon). 3 ont été gagnées. 

Ces pertes peuvent s'expliquer aussi bien par un contexte national marqué par l'abstentionnisme et défavorable à la gauche, surtout que les sortants PCF étaient associés au PS, que par l'usure du pouvoir ou des gestions locales contestées. 

 

Et dans le Finistère, en Bretagne ? 

 

Les situations sont très contrastées. Cela dépend du degré d'unité du Front de Gauche sur le plan local, des histoires sociales et électorales particulières, marquées ou non par des gestions avec des élus communistes, de la qualité des campagnes et de la confiance que les électeurs ont accordé à des personnes.

A Douarnenez, dans une ville à tradition communiste forte, une liste menée par Jacques Boeuf et le Front de Gauche est largement devant le PS-EELV au Premier tour avec 23,5% contre 16% mais perd le second tour face au maire sortant de droite avec 44%.  C'est néanmoins une performance qu'il faut saluer qui rappelle la riche histoire sociale et politique de Douarnenez, la première ville qui a eu son maire communiste en France.

A Concarneau, ville qui a aussi une tradition communiste importante et qui passe également à droite, la liste des anti-libéraux soutenue par le Front de Gauche et conduite par Claude Drouglazet réalise 15% (contre 8,7% pour le candidat EELV). 

A Morlaix, la liste Front de Gauche réalise 15,5%, contre 33% pour la liste PS-EELV, un très bon résultat qui égale celui de Mélenchon en 2012 et qui constitue un point d'appui pour progresser à nouveau à l'avenir. Dans le pays de Morlaix, en dehors de la ville centre, il y avait deux listes de rassemblement citoyennes conduites par des militants Front de Gauche et soutenues par le Front de Gauche, à Plouigneau où Jean-François Huon et ses co-listiers réalisent 11% au premier tour et échouent de peu, suite à un rassemblement au second tour, à reprendre la commune à la droite. Et à Plouégat-Guérand où Yann Guéméné et ses co-listiers réalisent un très bon 24% au 1er tour, 23% au 2nd tour après s'être maintenu, ce qui n'a pas empêché le maire PS d'être réélu. Le Front de Gauche aura aussi des élus sur des listes d'union de la gauche à Plourin (4), Plounéour Ménez (1), Pleyber-Christ (1), Lanmeur (1), en plus des 3 élus de Morlaix: il n'y aura malheureusement en raison de la défaite de la liste « Ensemble à Gauche » à Morlaix qu'un seul élu communautaire du Front de Gauche, contre deux dans le précédent mandat.

A Brest, le jeune candidat du Parti de Gauche, Quentin Marchand, à la tête d'une liste « Colère de Brest! L'humain d'abord » non soutenue par la section PCF, voulant reconduire l'union avec les socialistes pour défendre un bilan et préserver des élus qui font du bon boulot dans les quartiers, a réalisé une campagne dynamique avec ses colistiers et un score non négligeable de 8,16% représentant tout de même 3408 voix.

A Quimper, le score de la liste Front de Gauche-NPA est plus décevant: 5,77%.  

A Pont-Labbé, la liste de Véronique Blanchet, adjointe sortante PCF-Front de Gauche, réalise 11,7% (contre 7,5% pour EELV).

A Quimperlé, le candidat Front de Gauche Didier Quémat fait 7,19% au premier tour.

A Carhaix, la liste de Mathieu Guillemot (NPA-Front de Gauche), opposée à Troadec et au PS simplement au premier tour (pas de liste ouvertement de droite), obtient 13% des suffrages exprimés.

A Fouesnant, dans une terre de mission pour la gauche, André Bernard et sa liste Front de Gauche réalisent 6,18%.

A Landerneau, où le maire sortant de droite est élu au premier tour, le Front de Gauche divisé totalise environ 15% sur deux listes: celle Parti de Gauche-EELV de Fréderic Le Saout (8,94%) et celle collectif Front de Gauche de Yannick Hervé (5,57%). La section PCF avait fait le choix de partir avec le PS.

A Rosporden, la liste du Front de Gauche réalise 14% au 1er tour.  

 

Plus largement, en Bretagne, les résultats du Front de Gauche sont comme dans le Finistère très contrastés: un très bon 15% à Rennes pour la liste EELV-Front de Gauche, 9,25% pour le Front de Gauche à Saint Brieuc, avec deux autres listes d'extrême-gauche, 4% à Vannes, 11,40% au 1er tour pour Delphine Alexandre à Lorient, 19% au premier tour et 26% au second tour pour Serge Gerbaud à Hennebont (le PCF et le Front de Gauche perdent la mairie, tout en passant devant le candidat PS), 17,7% à Lanester.

 

 

Globalement le Front de Gauche a montré sa capacité à monter des listes complètes dans un nombre conséquent de communes bretonnes. Il a permis de donner une place dans ces élections municipales pour exprimer l'attente et l'exigence d'une autre politique à gauche, qui tourne le dos au libéralisme, s'attaque aux privilèges de la finance, défende les services publics, les solidarités, l'égalité des droits, lutte contre l'austérité qui nuit gravement aux capacités d'investissement des communes comme à leur rôle social. Ces résultats manifestent une forme d'enracinement, une implantation consolidée, même si ils sont évidemment insuffisants pour bousculer le rapport de force actuel tandis que le désaveu des électeurs vis à vis de la gauche de gouvernement a aussi eu des répercussions sur nous, notre nombre d'élus aux responsabilités.

 

I.D

 

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