Le principe de cette journée de mobilisation interprofessionnelle décidée par l'intersyndicale CGT, CFDT, FSU, Solidaires et Unsa, a été décidé après l'annonce par François Fillon d'un plan de réduction des déficits portant sur 11 milliards d'euros porté à hauteur de 3 milliards au moins par les salariés.
On peut rappeler quelques mesures emblématiques de ce plan de rigueur:
- une dérisoire taxe provisoire (jusqu'à ce que la France revienne à 3% du PIB de déficit) de 3% sur les revenus supérieurs à 500000 euros qui ne devait rapporter que 200 millions là où un retour au taux d'imposition sur le revenu de 2002 aurait rapporté 10 milliards par an. tandis qu'une annulation de la suppression de l'ISF aurait ramené 2 milliards dans les caisses de l'Etat.
- une multiplication par deux, de 3,5% à 7%, de la taxe sur les contrats "solidaires et responsables" des mutuelles.
- une augmentation de la TVA sur des produits "mauvais" pour la santé pour financer la Sécu.
Rappelons ce que chacun sait: que cette rigueur s'ajoutait à de la rigueur: suppression d'un poste de fonctionnaire sur 2 consécutif à un départ en retraite, assèchement des crédits de l'hôpital public et démentèlement de la protection sociale, stagnation des minima sociaux, allongement de la durée de cotisation et de l'âge minimal de départ pour la retraite...
Ce nouveau tour de vis budgétaire a été dicté par une seule considération, ne pas déplaire aux pouvoirs financiers: rassurer les marchés en se conformant à un agenda européen de l'austérité dont la ligne directrice est fixée par le pacte de stabilité pour l'euro, ne pas perdre la note maximale AAA attribuée par les agences de notation, se donner des marges de manoeuvre pour recapitaliser les banques et socialiser leurs pertes. Etant contradictoire avec l'objectif d'une relance de la consommation et de l'activité, d'une baisse du chômage, ce budget de rigueur qui va être discuté la semaine prochaine à l'Assemblée Nationale a toute chance, comme les plans d'austérité plus drastiques encore imposés en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Irlande et en Grande-Bretagne, de nous plonger durablement dans la récession et d'accroître le poids de la dette: celui-ci a déjà été doublé sous la présidence Sarkozy, passant à 6,7% du PIB.
Cette journée de grève et de mobilisation est donc une journée de riposte qui vise à montrer que les salariés ne sont pas dupes sur le casse du siècle que sont en train de réaliser les banques et les organismes financiers, sur la dictature de la finance qui est en train de s'installer en Europe, et qu'ils exigent que leur gouvernement, y compris et surtout un gouvernement de gauche à l'horizon 2012 (car de la mafia sarkozyste, plus personne n'attend plus rien) réoriente à 180 degrés cette politique.
Cela supposerait d'imposer une autre utilisation de l'argent public au niveau européen, au profit de l'emploi, de l'activité et de la croissance, prenant pour point d'appui une fiscalité réellement redistributive et limitant les revenus financiers et les revenus du patrimoine qui gonflent le poids de cette économie financière qui destabilise nos sociétés, mais aussi un contrôle démocratique de la Banque Centrale Européenne et une transformation de ses missions lui permettant de venir assister directement les Etats endettés.
On peut être sceptique sur l'efficacité immédiate de cette mobilisation interprofessionnelle d'un jour, d'autant que seules la CGT, SUD et la FSU appelaient réellement à la grève, la CFDT et l'UNSA prêchant simplant pour des rassemblements et des actions symboliques, mais il est néanmoins très important de réussir cette mobilisation pour rappeler les exigences non négociables du monde du travail vis à vis des acteurs politiques afin qu'une possible victoire de la gauche en 2012 ne coïncide avec de nouvelles abdications, de nouvelles déceptions.
Or, on peut avoir de vrais inquiétudes quand on voit François Hollande, partisan déclaré d'une politique de rigueur depuis plusieurs mois malgré quelques promesses intéressées de générosité inaccoutumée vis à vis de l'école, se donner pour priorité de revenir à 3% du PIB de déficit d'ici 2013 et placer son action sous l'égide du respect des engagements du pacte de stabilité pour l'euro.
Demain, les communistes seront donc présents à Morlaix pour la manifestation de 10h30 au côté des salariés, des chômeurs, des jeunes et des retraités en colère contre les mesures d'austérité du gouvernement français et des gouvernements européens, en attente d'une autre politique économique et sociale au service de l'emploi, des salaires et d'un meilleur partage des richesses.
Ils apporteront également leur soutien aux salariés de La Poste qui devraient lancer un mouvement de grève illimitée dès le lendemain pour protester contre la gestion néo-libérale de leur entreprise, les suppressions de postes et d'heures d'ouverture dans les bureaux de la région morlaisienne.
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