C'est bien connu, l'Etat est un bien mauvais employeur qui abuse depuis les années 1980, l'entrée dans la période du chômage de masse et des prescriptions d'austérité budgétaire, parfois sous prétexte d'insertion sociale ou de dispositif de lutte contre le chômage, des contrats précaires pour répondre à des besoins sociaux réels en termes de service public au mépris des droits à une rémunération décente des salariés.
On en a une nouvelle illustration avec les dispositions prises pour changer le contrat des Auxiliaires de vie scolaire du département: à l'école Jean Jaurès de Morlaix, 5 femmes, auxiliaires de vie scolaire, sont concernées.
Hier, elles ont exprimé dans le Télégramme et le Ouest France leur écoeurement devant le courrier qu'elles ont reçu de la part du lycée Thépot de Quimper, sous-traitant la gestion des AVS pour le compte de l'Education Nationale, qui les sommait avant aujourd'hui d'accepter un renouvellement de contrat et une réduction de travail de 26h/semaine à 20h/semaine (alors que les 26h avaient été créditées au commencement de leur contrat en 2009), ce qui représentait pour elles une perte de 200 euros par mois sur des salaires qui étaient déjà très faibles (1012€ brut par mois, qui passeraient à 779 € brut...). Si elles n'acceptaient pas cet ultimatum, nous imaginons qu'elles renonçaient de fait à leur fonction.
Est-ce acceptable que l'Etat fabrique des travailleurs pauvres et précaires faute de se donner les moyens, par le biais de l'impôt et de la redistribution des richesses, de servir avec de vrais métiers valorisés par des formations adéquates (les AVS ne reçoivent en pratique aucune formation théorique sur les handicaps mentaux, psychologiques ou physiques et la manière de se comporter pratiquement avec les enfants qui en sont victimes, devant tout apprendre sur le tas, et parfois dans des relations tendues et épuisantes avec les enfants et les familles...) et des statuts protecteurs des missions d'intérêt général qu'il doit remplir? Est-ce acceptable que l'on se soucie comme d'une guigne de l'intérêt des enfants atteints de ces troubles mentaux et physiques qui ont parfois du mal à accorder leur confiance et à s'adapter à un AVS, et qui en verront maintenant deux ou trois dans la semaine, du fait des restrictions budgétaires à l'Education Nationale?
Comme l'ont dit les AVS à la journaliste de Ouest France, Françoise Le Borgne, le mardi 24 mai: il y a une limite "à nous demander de travailler moins pour gagner moins, là où la loi handicap 2005 a prévu de donner la possibilité aux enfants souffrant de handicap d'être scolarisés dans leur quartier".
Dans un courriel adressé à une liste de diffusion aux destinataires impliquées dans la défense de l'école, Antoine Gauchard, le directeur de l'école Jean Jaurès, rappelait que les prudhommes, saisis par le syndicat SNUIPP, avaient donné raison contre l'Education Nationale à des AVS se plaignant de leur changement de contrat inattendu et désavantageux, obligeant l'Education nationale à leur verser des indemnités allant parfois jusqu'à 10000 euros par AVS et à leur fournir une vraie formation professionnalisante. En République, même abîmée par les pratiques actuelles, l'Etat ne peut pas tout: mépriser ses salariés, revenir sur la parole donnée et les contrats signés.
La justice et le droit du travail sont du côté des AVS de l'école Jean Jaurès et du Finistère et la section PCF de Morlaix exprime donc son soutien à leur combat pour la reconnaissance de la valeur de leur travail et de leur droit à des salaires dignes, ainsi qu'à celui du collectif qui cherchera à défendre leurs droits.
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