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Marwan Barghouti ne sera pas libéré : pourquoi le « Mandela palestinien » fait si peur à Benyamin Netanyahou
Incarcéré depuis vingt-trois ans, il ne figure pas sur la liste des prisonniers qui doivent être libérés, malgré la demande du Hamas. Tel-Aviv ne veut pas qu’un dirigeant intègre et respecté, défenseur de la solution à deux États, reprenne la résistance pacifique contre l’occupation.
P le 12 octobre 2025 - L'Humanité - Pierre Barbancey
Enfermé depuis vingt-trois ans, transféré à plusieurs reprises et placé à l’isolement depuis le 7 octobre 2023, Marwan Barghouti, 66 ans, ne fait pas partie de l’échange de prisonniers qui doit commencer lundi 13 octobre. Le Hamas l’avait pourtant placé parmi les six détenus palestiniens dont il souhaitait la libération prioritairement. Israël, une fois de plus, s’y est refusé.
Marwan Barghouti fait trembler Benyamin Netanyahou et ses sbires d’extrême droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Ce dernier est même allé jusqu’à se rendre dans la cellule du dirigeant palestinien pour vociférer : « Vous ne nous vaincrez pas. » Comme si ce ministre fasciste voulait conjurer le sort en tentant de l’humilier. Une « atteinte à la dignité », avait même dénoncé le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
Un « homme de paix »
Secrétaire général du Fatah en Cisjordanie, arrêté en avril 2002, Marwan Barghouti a été condamné en 2004 à cinq peines de prison à perpétuité par un tribunal qu’il a jugé illégitime. C’est un « homme de paix » à qui Israël intente un « procès politique », assurait Gisèle Halimi qui, avec un autre avocat français, Daniel Voguet, avait accepté de le conseiller. « Il est absolument convaincu de la nécessité de dialoguer et de mettre fin à l’occupation et de créer deux États libres (israélien et palestinien), l’un à côté de l’autre », rappelait-elle alors.
En janvier 2024, l’ancien chef du Shin Bet (les services de renseignement israéliens), Ami Ayalon, expliquait que, dans le cadre d’un accord global, il fallait « libérer Marwan Barghouti. Parce que Marwan est le seul dirigeant palestinien qui peut être élu et diriger un leadership palestinien uni et légitime vers une voie de séparation mutuellement consentie avec Israël ». Figure incontestée et toujours populaire, connu pour sa probité alors que d’autres au sein de l’Autorité palestinienne (AP) sont détestés pour leur corruption, Barghouti s’est toujours prononcé pour la résistance dans les territoires occupés et contre toute attaque de civils en Israël, et prône une solution à deux États.
Pour Netanyahou, il est d’autant moins question de laisser sortir ce dirigeant que Marwan Barghouti est également à l’origine de ce qu’on appelle le « document des prisonniers ». Un texte qui prônait déjà l’unité palestinienne et l’entrée du Hamas et du djihad islamique au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Une question devenue centrale aujourd’hui pour le renouveau du mouvement de libération nationale, mal en point.
Tous les sondages réalisés montrent qu’en cas d’élection présidentielle, Marwan Barghouti sortirait grand vainqueur. On comprend mieux les réticences israéliennes. En cas de libération, il reprendrait le flambeau de la lutte contre l’occupation et redonnerait confiance aux Palestiniens en eux-mêmes pour les entraîner dans une résistance pacifique. Après vingt-trois années d’emprisonnement, Marwan Barghouti fait toujours peur à Tel-Aviv.
Published by Section du Parti communiste du Pays de Morlaix
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