Ce samedi, lors du conseil national du PCF, les discussions ont porté sur la meilleure stratégie pour conquérir le plus de circonscriptions pour la gauche. La majorité souhaite choisir, à partir des réalités locales et en lien avec les luttes, les candidatures de gauche les mieux à même de battre la droite et l’extrême droite. Certains dirigeants regrettent que leur parti ne joue pas le rôle de « trait d’union » entre les forces du Nouveau front populaire.
Repartir à l’offensive. Le Conseil national du PCF s’est réuni ce samedi 11 octobre. Dans sa résolution, la direction communiste s’indigne de la nomination de Sébastien Lecornu, pour « faire adopter un budget 2026 conforme » à la politique d’Emmanuel Macron qui « veut encore et toujours garder la main pour que rien ne change ».
Aussi le PCF énonce-t-il une série de propositions « de rupture » à mettre à l’ordre du jour, dans les débats avec les citoyens, autres forces politiques et avec le mouvement social.
Les débats ont montré qu’à l’actif de la gauche, il y avait quelques victoires idéologiques. « Il faut prendre conscience quand même de ces quelques points que nous avons su marquer », a souligné Fabien Roussel, secrétaire nationale du PCF.
« Que l’abrogation de la réforme des retraites soit toujours à l’ordre du jour est une victoire », s’est-il félicité, ajoutant quelques autres progrès : la révélation par le sénateur communiste Fabien Gay du « scandale des (211 milliards d’euros, NDLR) aides publiques accordées aux entreprises » qui font l’objet de « discussions dans les entreprises, dans les repas de famille » ; le fait que des « mesures de fiscalité sur le capital, telles que la taxe Zucman, soient devenues presque incontournables » ; l’abandon du 49.3 que « nous avons été les premiers à mettre dans le débat » ; la reconnaissance de l’État de Palestine par Emmanuel Macron.
De ces interventions, apparaît la volonté d’aller plus loin en mettant à l’ordre du jour une évolution des institutions, voire une VIe République, ou la popularisation de la proposition du PCF d’un fonds de 100 milliards d’euros pour développer l’industrie et les services publics.
La dissolution dans toutes les têtes
Alors que Sébastien Lecornu était samedi à la peine pour former un gouvernement, l’hypothèse d’une dissolution est dans toutes les têtes et a nourri les débats. « Les communistes sont déterminés à mettre en échec l’extrême droite et la droite extrémisée qui court derrière ses idées de haine. En cas de dissolution, les communistes appellent à créer toutes les conditions pour battre les forces et faire élire le plus grand nombre de députés de gauche et écologistes », énonce la résolution adoptée par 86 voix pour, 12 contre et 7 abstentions.
Pour certains conseillers nationaux, l’absence de référence au Nouveau front populaire (NFP) manque au texte, d’autant plus qu’aucune délégation du PCF ne s’est rendue au rendez-vous de toutes les forces de gauche convoqué mercredi dernier par les Écologistes, et auquel seule la France insoumise (FI) et l’Après ont répondu.
« Quelle dynamique politique pensons-nous pouvoir enclencher nationalement dans un contexte de division de la gauche ? », s’interroge Bruno Nottin, ancien candidat aux législatives à Montargis (Loiret) qui invite à « faire renaître la dynamique du NFP ». Il s’inquiète de voir le PCF « donner l’impression d’être à la remorque du PS » et de « vouloir participer à un gouvernement qui ne soit pas l’émanation du NFP ».
Quels contours pour l’union à gauche ?
Pierric Annoot, secrétaire de la Fédération des Hauts-de-Seine, s’est inquiété d’une participation du PCF à la « diabolisation de LFI ». Président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l’assemblée, Stéphane Peu a indiqué que, s’il n’est pas de son ressort de négocier les investitures, une prérogative des forces politiques, il avait reçu mandat des parlementaires de son groupe « d’aller partout où se discute la construction d’une alternative progressiste, dans toutes les configurations, à quatre (LFI, PCF, PS, Écologistes, NDLR), à trois ou à deux ».
Il a souligné que l’ADN communiste est « d’avoir toujours été au premier rang du combat contre l’extrême droite » et exhorté les communistes à « être les agents de liaison, des traits d’union », malgré les « récriminations » qui peuvent exister entre telle ou telle force. Conseiller de Paris, Jean-Noël Aqua a demandé que le PCF prenne l’initiative des forces politiques du Nouveau Front populaire, avec les syndicats et associations. Une proposition qui n’a pas été retenue.
« La porte à des discussions n’est fermée à aucune force de gauche », a assuré Pierre Lacaze, responsable aux élections. Il rappelle que la Conférence nationale, qui s’est tenue en décembre 2024 avait estimé insuffisantes les 50 seules circonscriptions réservées aux communistes dans le cadre de l’accord NFP.
« L’objectif est, souligne-t-il, d’avoir davantage de candidats, mais surtout de chercher, dans les circonscriptions où la droite et le RN sont forts, en lien avec le local, et avec les luttes, la candidature la mieux à même de battre la droite et de faire reculer le RN. »
La FI, qui souhaite repartir de l’accord de 2024, n’a pas répondu positivement à une telle démarche, qui « n’est pas obligatoirement acceptée par le PS et les écologistes », même si des discussions ont lieu. Sans exclure un accord avec elle, il souligne que « l’ostracisation de LFI » existe et se note dans les reports de voix, lors des précédents scrutins. Une donnée à examiner pour le choix des candidatures qui « ne peut venir d’un tableur Excel » dans des négociations nationales et une préoccupation partagée dans plusieurs interventions.
Reconquérir le monde du travail pour faire grandir la gauche
« La bourgeoisie s’oriente vers une solution de pouvoir reposant sur une recomposition de la droite et de l’extrême droite », alerte Bora Yilmaz, secrétaire départemental de Meurthe-et-Moselle, qui déplore un « décalage de plus en plus béant entre le peuple de gauche militant et les grandes masses populaires ».
Il appelle à « ne mettre aucune exclusive à gauche » et à ne pas retomber « dans la thèse erronée des deux gauches irréconciliables ». Mais le dirigeant communiste souligne que « le NFP dans sa version de juin 2024 a présenté des limites qui n’ont pas permis à la gauche de conquérir une majorité dans le pays ».
L’accord ne prenait pas en compte la réalité des circonscriptions, souligne-t-il, ce qui a permis au RN de gagner. Un NFP sous « hégémonie insoumise » ne permettra pas « de reconquérir les deux circonscriptions historiquement de gauche qui ont basculé à l’extrême droite et risque de ne pas être en mesure de contenir la vague qui s’abattra sur les deux autres circonscriptions » de gauche qui pourraient basculer dans son département.
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