Jean-François Téaldi, journaliste, membre du CN du PCF 2008-2016.
Publié le 19 septembre 2024
Le 30 mai, dans le cadre de la niche parlementaire du groupe GDR, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi rapportée par Steve Chailloux, « pour une meilleure réussite scolaire des jeunes Ultramarins grâce à l’apprentissage des langues régionales » (82 voix pour, zéro contre).
« Dans les académies d’outre-mer, les langues régionales sont une matière enseignée dans tous les établissements scolaires tout au long de la scolarité. » En commission des Affaires culturelles, le député GDR Frédéric Maillot avait rappelé, « réfléchir dans la culture de l’autre, on sera toujours l’idiot, les décrocheurs. Chaque décrocheur est potentiellement raccrocheur, nos langues créoles peuvent être ce raccrocheur ».
De Cachin en 1938 à aujourd’hui, il faut rappeler le combat du PCF pour les langues régionales. Ainsi, dès 1930, les communistes réclamaient le bilinguisme en Corse. En 1938, à Pont-l’Abbé, fête du Parti communiste, 10 000 Bretons et Cachin avaient entonné l’Internationale… en breton.
Les parlementaires communistes ont été en permanence au combat. En 1948, le député communiste André Tourné déposait deux propositions de loi reconnaissant la valeur des langues régionales, organisant leur enseignement, aboutissant en 1951 à la loi Deixonne : « Instructions adressées aux recteurs pour autoriser les maîtres à recourir aux parlers locaux dans les écoles primaires et maternelles. »
En Corse, en 1985, les communistes revendiquaient la co-officialité des deux langues. En 1986 et 1988, Guy Hermier, député communiste des Bouches-du-Rhône, déposait deux propositions de loi, jamais examinées.
En 2008, à l’Assemblée, Michel Vaxès, député PCF des Bouches-du-Rhône, réclamait « une loi qui donne aux langues de France un statut et leur promotion. Les parlementaires communistes soutiennent des propositions élaborées avec les associations pour la prise en compte de la diversité linguistique et culturelle dans notre patrimoine national ».
En 1995, la France signait la Charte européenne des langues régionales. Encore fallait-il la ratifier ! Lors de la présidentielle de 2012, les communistes se sont prononcés pour que soit mise à jour la loi Deixonne et que la Constitution soit révisée pour permettre la ratification. En 2013, Marie-George Buffet rappelait cet engagement. Le 21 janvier 2014, dans une déclaration nationale, « Oui à la ratification de la Charte européenne des langues régionales », le PCF rappelait que « les langues et cultures de France sont une composante de notre patrimoine national. Le reconnaître officiellement est un impératif démocratique ».
Le Conseil des ministres décidait de soumettre cette décision au Parlement, basée sur un texte adopté le 28 janvier 2014 par l’Assemblée. Les 11 députés communistes votaient favorablement. Le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne l’a rappelé : « Ces langues doivent prendre davantage de place dans l’espace public, sinon elles disparaîtront. Il faut faire avancer notre législation et s’appuyer sur cette charte. » En 2015, le Conseil d’État s’y opposait, « en y adhérant, la France méconnaîtrait les principes constitutionnels d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi, d’unicité du peuple français et d’usage officiel de la langue française ».
Le 17 mai 2013, l’Assemblée de Corse, présidée par le communiste Dominique Bucchini, adoptait le projet de statut de co-officialité de la langue corse. « Nous pourrons édifier une société bilingue, dans laquelle les institutions, l’enseignement, les entreprises, les médias utiliseront paritairement les deux langues. Les citoyens pourront les employer indistinctement et sans discrimination dans toutes leurs activités. » Il garantissait l’emploi officiel du français et du corse à parité sur le territoire insulaire, l’accès à la connaissance et à la pratique du corse, les pouvoirs publics ayant le devoir de le faire respecter. Le combat continue.
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