Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 06:30
En Palestine, des élus français pour la solidarité en actes - Marion D'Allard, L'Humanité
En Palestine, des élus français pour la solidarité en actes

Venue des quatre coins de France, une délégation de maires, de responsables associatifs et de syndicalistes s’est rendue, fin juin, en Cisjordanie occupée à l’invitation de l’Association de jumelage des camps de réfugiés palestiniens avec les villes françaises.

Publié le
Mardi 18 juillet 2023

Cisjordanie occupée, envoyée spéciale.

Se rendre en Palestine n’est jamais anodin. Y aller dans le cadre d’une délégation de l’Association pour le jumelage des camps de réfugiés palestiniens avec les villes françaises (AJPF) l’est sans doute encore moins.

Fin juin, une petite quarantaine d’élus, de responsables d’associations et d’organisations syndicales, venus des quatre coins de France, ont fait le voyage, à l’invitation de l’association créée en 1999 par le militant communiste Fernand Tuil et le Palestinien Ahmed Muhaisen, aujourd’hui disparus.

Si les deux tiers d’entre eux n’avaient jamais mis les pieds en Palestine occupée, tous y sont allés avec un objectif : faire vivre la solidarité concrètement et sur le terrain, porter haut les revendications de la reconnaissance d’un État palestinien et du droit au retour des réfugiés.

Un voyage initiatique

« J’imaginais que ce serait comme un voyage initiatique, et ça l’a été », confie Stéphane Buisine, conseiller municipal à Limay, jumelée depuis plus de vingt ans avec le camp de réfugiés de Shuafat. Avec Djamel Nedjar, maire communiste de cette ville des Yvelines, ils ont profité de leur passage en Palestine pour rencontrer le responsable du comité de résistance populaire de Shuafat.

Une séance de travail au cours de laquelle « on a beaucoup travaillé sur la question des déchets, de l’éducation et de l’intégration des femmes », détaille Stéphane Buisine. Pas de jumelage encore mais un premier voyage aussi, pour Carole Thomas. Élue à la solidarité à la mairie d’Alba-la-Romaine (Ardèche), elle mesure désormais « la réalité d’un système colonial, la toute-puissance de l’État israélien qui grignote le territoire palestinien ».

Si embarquer la population de sa ville dans un grand projet de coopération décentralisée lui semble pour l’instant prématuré, Carole Thomas assure que d’autres passerelles existent pour créer des liens de solidarité. Construire des projets d’échanges autour de l’archéologie en fait partie.

Lui aussi du voyage, Samy Charifi Alaoui a troqué, le temps d’une petite semaine, sa casquette de cheminot contre une bonne paire de baskets. Secrétaire général du secteur fédéral de la CGT cheminots de la région Paris-Est, il est « venu dans l’idée de (s)’engager dans une coopération avec un camp de réfugiés ». Mais les jours passant, les rencontres se faisant, les choses ne se sont pas passées comme prévu.

« La conviction très forte que c’était là que notre engagement serait utile »

« À Masafer Yatta, quand je me suis assis dans cette petite école menacée de destruction, j’ai tout de suite eu la conviction très forte que c’était là que notre engagement serait utile », confie le syndicaliste. Dans cette zone semi-désertique du sud de la Cisjordanie, les populations de tradition bédouine subissent quotidiennement les assauts de la colonisation. Il lui fallait acter un engagement concret.

Et c’est sous la forme d’une prise en charge financière du salaire d’une dizaine d’animateurs qu’il s’est concrétisé. « Les gamins du coin étaient même privés de leur camp d’été. On a fait en sorte qu’il puisse avoir lieu », sourit Samy.

Dans le camp de réfugiés de Nur Shams, dans le gouvernorat de Tulkarem, c’est une tout autre ambiance qui attendait les élus de la petite ville armoricaine de Rostrenen. Hymnes nationaux, spectacle de danse traditionnelle, la signature officielle de l’accord de coopération s’est faite en grande pompe.

Un brin impressionné, Guillaume Robic explique que « la grandeur de la cérémonie est à la hauteur de l’espoir que suscite ce genre d’accord ». Le maire de Rostrenen n’en était pas à sa première visite en Palestine. Sur place, il a constaté l’aggravation des tensions. « Il y a ici un véritable apartheid, un colonialisme territorial doublé d’un impérialisme culturel qui laissent un sentiment très fort de colère et d’indignation. »

Yveline Le Briand ne le contredira pas. Première adjointe à la mairie de Grigny (Essonne), elle est venue officialiser une démarche de jumelage, entamée un an plus tôt par Philippe Rio, le maire communiste de sa ville, avec le camp de réfugiés d’Aïda, au nord de Bethléem. Sensibilisée à la cause palestinienne, Yveline concède que ce voyage a eu sur elle l’effet d’un électrochoc. « Savoir est une chose, mais le vivre, être témoin de ce traitement réservé aux Palestiniens dans le silence ahurissant de la communauté internationale, dépasse l’entendement », confie l’élue.

La montée en tension de la situation sur place, constatée par toutes celles et tous ceux qui connaissaient le terrain, va de pair avec l’extrême-droitisation du pouvoir israélien, explique Isabelle Tordjman-Tuil.

Elle qui vient « depuis trente ans en Palestine » a vu « la colonisation s’intensifier ». « Les populations palestinienne et israélienne sont de plus en plus isolées les unes des autres », déplore la militante. Avant de conclure, sans jamais se lasser, que « la paix se fera par les peuples ».

La maire communiste de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, a pris la présidence de l’Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) en janvier dernier. Elle s'est rendue avec une délégation d'élus fin juin en Palestine

La maire communiste de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, a pris la présidence de l’Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) en janvier dernier. Elle s'est rendue avec une délégation d'élus fin juin en Palestine

Palestine : « En tant qu’élu, notre premier devoir est de témoigner »

La maire communiste de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, a pris la présidence de l’Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) en janvier. Charlotte Blandiot-Faride revient sur l’engagement de l’association auprès du peuple palestinien et interpelle directement le gouvernement français sur la situation.

Publié le
Mardi 18 juillet 2023
La maire communiste de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, a pris la présidence de l’Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) en janvier dernier. Elle s'est rendue avec une délégation d'élus fin juin en Palestine
 
 

Chaque année, l’AJPF (Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises) organise le déplacement de délégations d’élus en Palestine et dans les camps de réfugiés, en Cisjordanie et au Liban. En quoi est-ce essentiel ?

Il n’y a pas meilleure façon de se rendre compte de la situation que d’y aller. Constater ce que subissent chaque jour les Palestiniens, ce que perpètrent une armée et un gouvernement colonial. L’AJPF s’est constituée, en complémentarité de beaucoup d’autres associations qui luttent pour les droits du peuple palestinien, avec une certitude : les liens tissés entre les peuples peuvent faire gagner la paix.

Alors que la question palestinienne a été reléguée au second rang des priorités internationales, que les médias dominants parlent peu et mal de ce conflit, envoyer sur place des élus de la République – mais pas que – permet de constater l’oppression, le mépris, la haine même qui s’abattent sur ce peuple dans le silence assourdissant de la communauté internationale, qui condamne, certes, de temps en temps, les actes du gouvernement et de l’armée israélienne, mais sans jamais prononcer de sanctions.

Pourtant, on l’a vu avec la guerre en Ukraine, elle a les moyens d’agir. En parallèle, lors de ces délégations, l’AJPF s’oblige à travailler avec un panel de partenaires locaux, responsables politiques palestiniens ou personnalités issues de la société civile – y compris israélienne. L’AJPF ne cherche pas à imposer un récit mais à opposer le réel aux préjugés.

Quelles actions menez-vous sur le terrain ?

Le but de notre association est avant tout de créer des réseaux, des liens privilégiés avec les camps de réfugiés palestiniens. Il appartient ensuite à chacun de développer des projets en fonction des besoins, des affinités, des capacités d’investissement. Ce lien de jumelage est d’abord politique. Nous militons pour la reconnaissance de l’État de Palestine et du droit au retour des réfugiés. Mais pas seulement.

Le jumelage ou la coopération décentralisée permettent également des échanges culturels, sportifs ou de solidarité. Soutien scolaire, formation d’animateurs socioculturels, financement de centres de santé, projets d’assainissement ou de traitement des déchets, accueil en vacances de jeunes Palestiniens… le panel d’actions possibles est large.

C’est grâce à cela que, par exemple, des jeunes Palestiniens du camp de Balata (dans les environs de Naplouse, au cœur de la Cisjordanie occupée – NDLR), ont pu, en se rendant à Mauléon (Deux-Sèvres), voir la mer pour la première fois.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la situation sur place ?

Je suis allée en Palestine pour la première fois il y a dix ans, et j’y suis retournée quatre fois depuis. À tous les niveaux, la situation s’est largement durcie et profondément dégradée, y compris ces derniers mois. Depuis janvier, le nombre d’incursions israéliennes dans les camps et les villages palestiniens a explosé, avec plus de 200 Palestiniens tués en quelques mois à peine.

Il est particulièrement frappant de constater à quel point les colons agissent violemment, encore plus que l’armée parfois. Ils détruisent des maisons, incendient des terres agricoles et des véhicules, assassinent en toute impunité.

En face, le peuple palestinien fait preuve d’une immense résilience, mais, coupé géographiquement de ses voisins et ignoré de la communauté internationale, il ressent aussi une profonde lassitude, un véritable sentiment d’isolement.

En tant qu’élue, quel message adressez-vous au gouvernement français et à l’Union européenne ?

Notre premier devoir est de rendre compte, clairement, de ce que nous avons constaté et vécu sur place. Il est évident qu’à chaque fois que la communauté internationale réagit sur la situation des Palestiniens, la réponse n’est pas à la hauteur du préjudice subi. L’ONU a reconnu à plusieurs reprises que l’État d’Israël bafouait le droit international.

Dans certaines villes palestiniennes, comme Hébron, les soldats, armés jusqu’aux dents, qui ont contrôlé plusieurs fois l’identité des membres de notre délégation et retenu pendant des heures nos accompagnateurs palestiniens sans raison, étaient franco-israéliens. C’est-à-dire que, là-bas, certains de nos compatriotes se sentent tout-puissants.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011