La correspondance confiée à un ami sûr
Albert Rannou, maçon et résistant communiste, avait été arrêté en mars 1943 et enfermé à la prison de Rennes avant de rejoindre, en août, Fresnes (Seine-et-Oise). Jusqu'à son exécution le 17 septembre 1943, il écrivait régulièrement à sa famille qui, sans doute par peur d'une fouille et pour les préserver, avait confié ces lettres à une connaissance sûre, Jean Guivarch, qui habitait rue de Brest, à Morlaix, en face de la gendarmerie (il allait lui-même être emprisonné un an). Ce dernier n'en avait jamais parlé à son fils Jacques, né cette même année 1943, qui les a découvertes bien plus tard.
Une dernière lettre avant son exécution en 1943
Jacques Guivarch a lu et relu cette correspondance et, à chaque fois, il en a été bouleversé. Le jeune résistant s'inquiétait moins pour lui que pour ses parents, il évoquait sa vie en détention toujours en positivant. « Il est possible d'être heureux même en prison », écrivait-il dans une de ses lettres. Il demandait aussi des nouvelles de la famille et des relations. Mais, en juillet 1943, son ton avait changé car il assistait alors à des tortures perpétrées par la police française. C'est la lettre écrite à ses parents, cinq heures avant son exécution, qui a surtout bouleversé Jacques Guivarch : « Je meurs content car mon sacrifice, j'en ai la certitude, n'aura pas été vain, j'ai lutté durant ma courte existence pour le bonheur des travailleurs et pour que la paix règne en ce monde ».
Retrouver la descendance pour lui remettre cet héritage
Ce n'est que quelques années après sa découverte que Jacques Guivarch a retrouvé la trace du frère d'Albert Rannou, âgé de plus de 80 ans, à Nantes. Il lui a remis les lettres originales en conservant des copies. Cette fois, Jacques Guivarch souhaite rencontrer la descendance d'Albert Rannou et lui transmettre ces écrits.
Un hommage aux résistants morts pour la France lundi
Lundi, sera célébré le 72e anniversaire de la victoire de la Guerre 39-45. Ce sera l'occasion de se souvenir de l'héroïsme des jeunes résistants comme Albert Rannou, entrés dans le maquis pour lutter contre l'envahisseur. Ils ont été nombreux à avoir été assassinés ou déportés dans l'anonymat.