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2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 18:45
Retraites : questions sur la pension nette à 1100 € minimum (Gérard Le Puill, L'Humanité, 15 décembre 2022)
Retraites : questions sur la pension nette à 1100 € minimum

 Peut-on en 2023 faire voter une loi dont un volet garantira une pension nette minimum de 1100 € par mois aux futurs retraités  ayant une carrière complète et priver de la même somme les personnes déjà en retraite ? Pour répondre à cette question, il faut savoir qu’une pension de retraite mensuelle égale au SMIC en 2007  est inférieure à ce dernier d’un montant de 164 € par mois en août 2022.

Publié le Jeudi 15 Décembre 2022 - L'Humanité

En annonçant le report en janvier 2023 de la publication du contenu du projet de réforme des retraites que prépare le gouvernement, le président Macron a promis que cette réforme débouchera sur une pension nette mensuelle de 1100 € minimum, applicable aux personnes qui prendront leur retraite après le vote de cette réforme, à condition d’avoir une carrière complète. Seraient donc privés automatiquement de cette amélioration tous les hommes, et surtout toutes les femmes, qui sont déjà en retraite et perçoivent moins que cette somme mensuellement. Invité à s’exprimer sur cette réforme des retraites ce jeudi matin sur BFMTV, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord, s’est prononcé  pour une augmentation sensible des salaires et des retraites face la hausse des prix. Il a demandé à la première Ministre Elisabeth Borne « de ne pas utiliser le 49-3 » pour tenter de faire passer cette loi. Il a plaidé en faveur d’un vrai débat parlementaire auquel pourrait s’ajouter une consultation des Français par référendum si de besoin.

Comparer l’évolution du SMIC et des retraites …

En 2019, la pension nette moyenne était de 1399 € en France. Cette moyenne était de 1806 € pour les hommes mais seulement de 1052 € pour les femmes, dont beaucoup n’ont pas une carrière complète du fait d’avoir arrêté  le travail pour élever les enfants. Elles formeront donc la quasi-totalité des victimes de la décision annoncée par le président de la République.  

Bien que les pensions de base versées par la CNAV aient augmenté de 4% l’été dernier après 1,1% en février, les hausses obtenues en 2022 ne couvrent pas l’inflation sur l’ensemble de l’année. La sous-revalorisation est encore plus nette concernant les 5,1% d’augmentation des retraites complémentaires Agirc- Arrco à partir de novembre seulement. D’autant que la hausse moyenne des prix sera comprise entre 6 et 7% en 2022, voire plus. Mais la perte de pouvoir d’achat sera beaucoup plus importante pour les titulaires de petites pensions. On sait déjà que les prix alimentaires seront en hausse de plus de 12% en 2022. Lors du rassemblement de retraités qui se tenait devant le siège du MEDEF le 6 décembre dernier à  Paris, Marc Bastide, secrétaire général de l’Union confédérale des retraités CGT, rappelé que les prix des produits frais avaient augmenté de 16,9% depuis le début de l’année, celui de l’électricité 10,7% et une hausse de 15% est annoncée pour 2023. La hausse moyenne du prix de l’énergie a été de 22% pour les ménages en 2022.

C’est constater une perte de 18,3% pour les pensions entre 2007 et 2022

La hausse des prix ne va pas ralentir dans les prochains mois. Pour les paysans chargés de produire notre nourriture,  les dépenses liées à l’énergie sont en hausse 36,9% sur douze mois. Les prix des aliments du bétail ont augmenté de 29,2% et ceux des engrais de 50% en un an. Pour les PME du secteur agroalimentaire, dont font partie les bouchers charcutiers et les boulangers, les prix du gaz et de l’électricité sont parfois multipliés par trois, voire plus, au moment de la signature des nouveaux contrats. Or il faut beaucoup d’énergie pour chauffer les fours des boulangers comme pour maintenir la chaîne du froid chez les bouchers et les charcutiers.

Un article d’Alain Guichard publié dans la revue Economie et Politique de septembre-octobre 2022 indiquait que le SMIC- dont les augmentations suivent celle des prix mesurés par l’INSEE avait augmenté 31,2% entre décembre 2007 et août 2022.  Mais les pensions de retraite n’avaient progressé que de 18,3% entre ces deux dates. Une pension mensuelle nette égale au SMIC en décembre 2007 avait perdu 164 € nets par mois en août 2022, comparée à l’évolution du salaire minimum entre ces deux dates. Ainsi donc, les retraités et les retraitées aux petites pensions sont victimes d’une double injustice que le président Macron veut encore aggraver en les excluant du droit à une pension nette de 1100 € par mois.

Se souvenir des conséquences de la réforme Balladur !

 Des millions d’hommes et des femmes en retraite sont victimes depuis plus de 30 ans du recul des droits acquis par une vie de travail et de cotisation, du fait de décisions gouvernementales. La réforme Balladur de 1993 avait fait passer le calcul des pensions versées par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV)  sur 25 années de cotisation, au lieu des 10 meilleures années, pour les personnes nées après 1933. Cette disposition est entrée progressivement en application. Depuis 2008, tous les retraités du privé nés en 1948 et après voient leur pension de la CNAV calculée sur la rémunération moyenne de 25 années de cotisation.

Cette loi a été très défavorable aux personnes qui ont connu des licenciements et des fermetures d’usines en cours de carrière. De ce fait, elles ont subi des périodes de chômage, parfois très longues, avant de retrouver un travail souvent moins payé que le précédent, sans compter la perte de l’ancienneté en entreprise. Parallèlement,  les prélèvements au titre de la «Contribution sociale généralisée» ont fait baisser les pensions de nombreux retraités et retraitées. Pour la seule année 2018, l’augmentation de 1,7 point de cette CSG a fait reculer d’autant les pensions nettes chez 60% des retraités. Selon Alain Guichard, cela s’est traduit par l’équivalent de la perte nette d’un trimestre de pension sur quinze ans. Voilà le bilan commun de trois quinquennats sous Sarkozy,  Hollande et Macron entre 2007 et 2022.

La bataille des 300 € de revalorisation pour tous

Cette situation ne peut pas durer. Les retraités et retraitées sont au nombre de 17 millions soit environ 25% de la population française. Mais les pensions de retraite n’entrent qu’à hauteur de 14,4% dans le Produit Intérieur Brut (PIB) du pays. Et nos retraites nous les avons déjà payées en cotisant pour nos droits tout en finançant les pensions de celles et ceux qui étaient en retraite avant nous. C’est aussi par solidarité vis-à-vis des petites retraites que l’Union Confédérale des retraités affiliés à la CGT (UCR-CGT) demande une revalorisation immédiate de 300 € mensuel pour tous et toutes dès 2023. Cela augmenterait de 10% une pension nette de 3000 € mensuel aujourd’hui, mais de 30% une pension nette de 1000 €  en la portant à 1300 €, ce qui constitue un minimum pour vivre décemment sa retraite.

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