De nombreuses lignes ferroviaires de proximité ont été fermées sur le territoire français. Ces « lignes de dessertes fines du territoire » (leur nom officiel) représentent plus de 9000 kms de voies ouvertes à la circulation voyageurs, soit près du tiers du réseau.
La ligne Morlaix-Roscoff en fait partie, et nous nous battons pour sa réouverture par la création d'un collectif unitaire pour la relance de la ligne Morlaix Roscoff qui organise une grande manifestation le samedi 21 janvier 2023 à 14h30 à la gare de Roscoff, un an après celle qui avait réuni un très large spectre de forces sociales, associatives, syndicales, politiques du territoire à l'initiative de l'UDB le 22 janvier 2022.
Laissons Jean-Yvon Ollivier de la CGT Cheminots nous raconter l'histoire de la ligne Morlaix-Roscoff illustrée par ces quelques photos de Loïc Le Gall, membre comme Jean-Yvon de la CGT Cheminots et du collectif pour la ligne Morlaix Roscoff.
"La ligne ferroviaire Morlaix-Roscoff a été inaugurée le 10 juin 1883, à l’issue d’un chantier long de trois ans, avec la construction du viaduc enjambant la Penzé.
Jusqu'en 1971, les trains de voyageurs quittaient Morlaix et s'arrêtaient dans les haltes ou gares suivantes : Taulé, Taulé-Henvic, Henvic-Carantec, Plouénan-Kerlaudy, Saint-Pol-de-Léon et Roscoff (et, une fois par an, à l'occasion des courses hippiques de, le train s'arrêtait en face de l'hippodrome saint-politain).
Entre 1957 et 1981, des centaines de wagons, par jour, quittaient la gare de Saint-Pol-de-Léon pendant la saison des primeurs (choux-fleurs, artichauts et oignons) à destination des autres régions de France, mais aussi vers l'Allemagne.
Dans les années 60-70, la ligne employait une centaine de personnes.
En janvier 1984, la suppression de l’annexe B ter est notifiée (il s’agissait de réductions de l’ordre de 15 à 20 % consenties aux clients fret dans le cadre général d’une politique de désenclavement de la Bretagne).
En septembre 1990, la SNCF annonce la fin du trafic marchandises sur la ligne à partir du 28 janvier 1991 et laisse planer … une forte menace sur l’avenir du trafic voyageurs.
C’est le résultat et le lourd héritage des politiques d’abandon successives, laissant la part belle à la concurrence routière.
Pour notre part, syndicalement, nous avons toujours travaillé à faire évoluer notre système ferroviaire afin de le mettre toujours mieux au service de la desserte des territoires tant pour le transport des voyageurs que pour le fret.
Dans l’entreprise, bien sûr. Nous avons utilisé les outils de représentation du personnel (comme les commissions locales) pour dénoncer le mauvais entretien de la ligne. Un exemple, en 2004, nous avons bataillé ferme contre le démontage de voies en gare de Roscoff et sommes intervenus dans le dossier de l’espacement des trains par compteur automatique d’essieux. Dès 2015, avec nos syndiqués, nous avons « remis sur le papier » et actualisé les propositions de notre syndicat concernant la ligne ferroviaire Morlaix-Roscoff.
SNCF Réseau ne cesse d’affirmer que les pluies orageuses qui ont emporté l’infrastructure sur quelques mètres au niveau de Sainte Sève le 3 juin 2018 seraient « malheureusement » à l’origine de l’arrêt d’exploitation de la ligne. Or depuis le 13 décembre 2015, la vitesse maximum autorisée des trains était de … 40 km/h. Il fallait donc compter 47 minutes (contre 28 minutes auparavant) pour effectuer le trajet de 28 kms. Puis la SNCF avait programmé l’arrêt total de l’exploitation au 1er janvier 2019. Cet incident est arrivé à point nommé pour SNCF Réseau puisqu’il a permis d’avancer de 6 mois la fermeture prévue sans avoir à se justifier. La preuve en est fournie par la suite donnée à cet incident. Il suffit d’observer la configuration du site pour s’apercevoir que les eaux qui ont provoqué ces dégâts venaient en tout ou partie de la route. Les travaux de réparation auraient donc dû être financés, en tout ou partie, par le tiers responsable de la gestion des eaux en ce point. Or la SNCF ne semble pas avoir amorcé la démarche de réparation qu’impose la gestion en « père de famille » du patrimoine.
Seconde précision : il est souvent écrit que la partie de voie à rénover est d’environ 28 kms. En réalité, c’est 25,5 kms. En effet, les circulations empruntent la voie principale Paris Brest sur 2,7 kms entre la gare de Morlaix et la Bifur de Roscoff. Cela a des conséquences sur le coût de rénovation, mais surtout sur le type de matériel roulant utilisé : il proscrit, à l’heure actuelle, un matériel léger …"
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