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1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 06:16

 

Avec une actualité marquée par les tractations plus ou moins obscures entre groupes financiers se disputant la domination du secteur eau et assainissement, des élus locaux responsables de structures publiques reviennent sur leurs atouts.

*Jean-Marc Lespade est maire de Tarnos. Christophe Lime est vice-président de Grand Besançon Métropole. Laurent Lucaud est vice-président de Grand Poitiers. Yannick Nadesan est maire adjoint de Rennes.

À la faveur de deux crises majeures, la France a (re)découvert en l’espace d’un an l’incroyable résilience de ses territoires grâce aux services publics nationaux et aussi de proximité, ainsi que leurs forces de liens sociaux à travers la solidarité nationale et locale. La population a pris conscience de la mise à mal des services publics qu’ont entraînée les nombreuses réformes opérées depuis des années où les objectifs financiers ont prévalu dans leur gestion au quotidien. Dans le même temps, elle a mesuré la fragilité d’une dépendance économique trop importante à des structures et à des approvisionnements mondialisés, y compris pour des produits essentiels à la vie. Les soubresauts de 2020 ne sont pas pour autant des phénomènes conjoncturels. Depuis plusieurs années, les crises se suivent, qu’elles soient d’origine sociale, économique, cyber, climatique ou sanitaire,plaçant les élus face à la responsabilité de réfléchir autrement et de trouver des solutions pour faire face à ces contextes mouvants.

 

SPÉCIFICITÉS LOCALES ET GESTION LOCALE

Plus que jamais et de manière cruciale sont posées les questions d’une gestion plus locale de biens communs, qu’il s’agisse de l’eau, de l’assainissement, des déchets... ; et pour d’autres, comme l’énergie, l’alimentation, l’agriculture... d’ancrages plus locaux avec une cohérence nationale, voire européenne. Ce sont là des thèmes et dynamiques auxquels les acteurs publics de l’eau peuvent pleinement contribuer, chacun à leur façon, en tenant compte des spécificités et richesses locales tout en cherchant à s’adapter aux enjeux globaux qu’impose le changement climatique. Car, on ne le dit jamais assez, l’eau ne consiste pas qu’en une industrie de réseaux. Tous les peuples ne sont-ils pas installés aux abords de fleuves, rivières et autres cours d’eau pour vivre et se développer ? L’eau est l’un des facteurs majeurs du développement des sociétés humaines.

Les acteurs publics de l’eau sont au carrefour de nombreuses politiques publiques et à l’origine de multiples solutions locales;assurant un service public de proximité, inscrits dans le long terme pour le bénéfice des citoyens, ils ne sont pas que des exploitants d’un service public,ils sont aussi de véritables garants de ces dynamiques de vie.

 

LES COLLECTIVITÉS FACE AUX FINANCIERS DE L’EAU

Dans un contexte de dérèglement climatique, de fragilisation de la biodiversité et de pandémie, l’eau est plus que jamais un bien commun précieux, qu’il convient de préserver. Les dernières semaines ont été marquées par l’affaire Veolia-Suez et ses enjeux de stratégie financière, de développement commercial à l’international, sans aucun regard sur les enjeux sociaux ou environnementaux. Cette affaire met en lumière un changement d’époque déjà opéré avec l’entreprise Saur (troisième du secteur en France) depuis son rachat fin 2018 par un fonds d’investissement : nous passons de la marchandisation à la financiarisation du secteur de l’eau, Veolia comptant céder ses activités eau à un fonds d’investissement qui n’a pas d’historique dans le secteur. Il y a un enjeu fort à sortir des secteurs aussi stratégiques que l’eau ou l’assainissement des griffes d’opérateurs financiers. Les contrats privés sont souvent conclus surplus de dix ans avec, demain,des changements d’interlocuteurs, mettant encore plus à mal ce type de gestion. L’enjeu est donc d’autant plus important qu’il s’agit d’engager nos collectivités sur plusieurs mandats, avec le changement climatique en cours qui oblige à une implication dans les choix stratégiques et dans le pilotage quotidien toujours plus important des élus.

 

UNE RÉPONSE LOCALE, CITOYENNE ET PUBLIQUE

La réponse optimale réside dans les opérateurs publics de l’eau, engagés au service de l’intérêt général et d’une gestion durable et au plus proche des territoires de ce bien commun nécessaire à la vie. Assurant l’approvisionnement en eau potable de plus de 40 % de la population, et plus de 60 % du traitement des eaux usées, ils démontrent chaque jour leur capacité à assurer la continuité de services essentiels aux citoyens de notre pays, y compris en cas de crise sanitaire avec confinement.

Et pour garantir un accès durable, pérenne et équilibré à l’eau, nombreux sont les défis que relèvent les collectivités et leurs opérateurs publics : gestion durable de la ressource, gestion patrimoniale et performance de l’exploitation, qualité du service public et participation citoyenne, accès à l’eau et à l’hygiène pour les plus démunis. Une attention toute particulière doit être portée aux personnels actuels et futurs de nos services, ils sont une richesse pour la mise en œuvre des processus, mais aussi pour la recherche d’amélioration permanente du service : un personnel conscient de ses droits, mais aussi de ses devoirs liés à la notion de service public.

 

Les collectivités et leurs opérateurs publics locaux doivent voir leur périmètre défini d’une façon démocratique, en s’appuyant sur l’histoire et les caractéristiques locales pour une meilleure efficacité, tout particulièrement environnementale,au cœur des territoires. Ils doivent favoriser la dynamisation économique locale, tant par les emplois directs qu’ils génèrent que par leur intégration dans le tissu des PME-PMI et d’entreprises de proximité. N’ayant rien à vendre, ils agissent au cœur d’un maillage partenariat étroit qui leur permet de s’adapter aux enjeux locaux tout en étant présents sur le terrain de l’innovation et l’excellence. Porteurs d’une vision de long terme où chaque euro de la facture d’eau est immédiatement et intégralement réinvesti dans la qualité du service et la gestion patrimoniale, ils sont l’avenir de la gestion de l’eau.

Les coopérations public-publics ont indispensables : coopérations entre recherche publique, tout particulièrement les universités et les collectivités ; coopération aussi entre nos structures publiques définies localement et les communes, car l’échelon communal a montré ses limites dans la technicité de nos métiers mais pas dans le lien avec nos populations; coopération entre nos structures pour assurer un avenir durable à la gestion des ressources.

Un grand service national public de l’eau et d’assainissement déconcentré et s’appuyant sur les élus locaux serait un complément nécessaire et reste un objectif. Évidemment, cet objectif ne saurait retarder nos prises de responsabilités pour avancer localement. Car la gestion publique est source de solutions durables pour nos territoires. C’est avec la consolidation et la conquête de nouvelles gestions publiques directes et locales que nous ferons reculer l’emprise des intérêts privés et contribuerons à la mise en place d’une solidarité des gestions publiques à l’échelle nationale.

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