Militant communiste et de l’ANC, il était aux côtés de Nelson Mandela lors du procès de Rivonia et condamné à la prison à vie en 1963. Il s’est éteint mercredi soir au Cap. Il avait 87 ans.
Denis Goldberg venait d’avoir 87 ans. Il s’est éteint ce 29 avril, peu avant minuit, comme l’a annoncé sa famille sur son compte Facebook en inscrivant : « Sa vie a été bien vécue dans la lutte pour la liberté en Afrique du Sud. Il nous manquera ».
De parents, immigrants, juifs et communistes, Denis Goldberg a très vite appris ce qu’était l’injustice dans une Afrique du sud d’abord raciste puis franchement d’apartheid. Il milite dans des associations progressistes de jeunesse tout en poursuivant ses études d’ingénieur à l’Université du Cap, puis, recruté par l’avocat Braam Fischer, rejoint en 1957 le parti communiste alors interdit. Malgré les dangers, dès cette époque, il participe à différentes actions, notamment des distributions de tracts et la création du Congrès des Démocrates où se retrouvent les blancs opposés à apartheid.
En 1961, Nelson Mandela et Joe Slovo, secrétaire général du parti communiste sud africain, forment la branche armée du Congrès national africain (ANC) qui prendra le nom de Umkhonto we Sizwe (MK). En tant qu’ingénieur, donc capable de manier et de fabriquer des explosifs, Denis Goldberg est très vite contacté pour rejoindre les MK. Ce qu’il fera sans hésiter, d’autant que lui-même penche pour l’action armée depuis pas mal de temps déjà ! Il devient officier technique. Une période dont il se souvient dans une interview qu’il m’avait accordé en 2013 .
Alors qu’en août 1962 Nelson Mandela a été appréhendé par la police d’apartheid, grâce à l’aide de la CIA, les actions se poursuivent. Mais en juillet 1963, il est arrêté au siège clandestin du parti communiste, Lilies Farm, dans le quartier de Rivonia à Johannesburg. Avec lui, Walter Sisulu, Govan Mbeki, Ahmed Kathrada, Raymon Mhlaba, Elias Motsoaledi et Andrew Mlangeni (qui est maintenant le dernier survivant du groupe). Ils seront tous dans le box des accusés, aux côtés de Mandela, dans ce qu’on appelle le « procès de Rivonia ». Ils seront tous condamnés à quatre fois la prison à vie. Denis Goldberg, que Madiba appelait « the Boy », parce que « le plus jeune des accusés », est le seul blanc. Il est emprisonné à Pretoria alors que les autres sont emmenés sur l’île de Robben Island, ségrégation oblige ! Il ne sera libéré que 22 ans plus tard, en 1985. De 1985 à 1994, il est à Londres où il travaille pour la représentation de l’ANC. Puis, en 2002, de retour en Afrique du Sud, il devient conseiller de Ronnie Kasrils, alors ministre des eaux et des forêts.
Jusqu’à la fin, Denis Goldberg n’aura rien perdu de ses convictions politiques et humaines, toujours membre du parti communiste et de l’ANC. « Il était un « mensch », un être d’honneur de la plus haute intégrité qui rejetait les ambitions personnelles », a immédiatement réagi l’archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix. « Sa vie dédiée à l’Afrique du Sud et à son peuple était sans pareil. Avec son décès c’est comme si la nation avait perdu une partie de son âme ». Dans un long communiqué, le Parti communiste sud africain, salue « un géant est tombé », et veut s’assurer « que la société socialiste pour laquelle il a vécu et s’est battu, devienne une réalité ». Pour le président de l’Afrique du Sud et du Congrès national africain, Cyril Ramaphosa, Denis Goldberg était « un vrai patriote qui a sacrifié sa vie pour la liberté de notre peuple et dont les idées nous inspirent. »
Hamba Kahle (adieu en zoulou) camarade Denis Goldberg.
Nous serons éternellement solidaires avec les travailleurs-travailleuses en souvenir de votre nom.
Le SACP abaisse sa bannière rouge et salue le camarade Denis Goldberg, piliers du Parti, de l' uMkhonto weSizwe ("fer de lance de la nation" - branche militaire du Congrès national africain d'Afrique du Sud et du Parti communiste), membre du SACP et de l'ANC, dirigeant de l'ANC et communiste jusqu'au bout de sa vie. Le camarade Denis Goldberg est décédé juste avant minuit, le 29 avril 2020 à l'âge de 87 ans. Le SACP est profondément attristée et a exprimé ses sincères condoléances à sa famille, à la fondation, à la classe ouvrière, aux camarades et amis, pour la grande perte rencontrée .
Son message au SACP, aux communistes et aux amoureux de la liberté du monde entier lors de son interview en février de cette année, nous a appelé à intensifier la solidarité avec les travailleurs-travailleuses et, à travers cette solidarité, à défendre les droits de ces derniers.
Nous avons appréciés la pertinence de ses luttes pour vaincre la pandémie de Covid-19 et pour garantir que les plus vulnérables de notre société soient à l'abri du virus, pour être en mesure de mettre de la nourriture sur la table et d'avoir un abri et de l'eau pour la vie. Le camarade Denis Goldberg en tant qu'ingénieur de formation a servi ce pays comme conseiller au ministère en charge de l'eau après son retour d'exil, de 2002 jusqu'à 2004. Il nous appartient de récupérer sa lance tombée et de nous assurer que le droit d'accès à l'eau propre et potable soit une réalité pour tous les Sud-Africain.e.s.
Le camarade Denis a été politisé enfant face à la montée du fascisme en Europe et suite aux événements de la guerre. Son engagement envers l'internationalisme n'a jamais faibli. Il a rejoint la Modern Youth Society alignée sur les socialistes en 1953 alors qu'il étudiait le génie civil à l'Université du Cap.
Le camarade Denis a été recruté au Parti communiste par le camarade Braam Fischer et a servi loyalement au sein du Parti tout au long de sa vie. Il était un membre actif du Parti clandestin dans les années 1950 et a joué un rôle actif dans la distribution du matériel du SACP au Cap, en utilisant son toit de voiture comme mécanisme de distribution pour les zones où les risques de distribution étaient connues. Telle est la créativité d'un ingénieur communiste!
En tant que membre du SACP, il a rejoint d'autres membres éminents pour former le Congrès des démocrates, la maison des militants du mouvement des congrès blancs dans les années 1950, et a fait partie de son exécutif. Pendant l'état d'urgence en 1960, Goldberg et sa mère ont été détenus pendant quatre mois. Il a donc été licencié, mais cela ne l'a pas dissuadé de sa contribution à notre révolution.
Le camarade Denis a rejoint le uMkhonto weSizwe en 1961 et a été officier technique. En juillet 1963, il a été arrêté au siège clandestin du SACP, Liliesleaf Farm. Décrit par camarade Nelson Mandela dans son autobiographie, Long Walk to Freedom, comme «le plus jeune des accusés», il a été inculpé dans le procès de Rivonia et condamné en 1964 à quatre peines de prison à perpétuité. En raison de la ségrégation raciale, il ne fut pas enfermé avec ses camarades à Robben Island, mais à la prison centrale de Pretoria. Le camarade Denis était un fervent partisan de l'abolition de l'apartheid pendant que d'autres étaient opprimés et exploités.
Fidèle au principe selon lequel l'apprentissage est une activité permanente, il a étudié en prison et a obtenu des diplômes en administration publique, en histoire et géographie, et en bibliothéconomie. Goldberg avait presque terminé ses études de droit à sa sortie de prison, après avoir purgé 22 ans. En 1985, il part en exil à Londres pour rejoindre sa famille.
À Londres, il a repris son travail à l'ANC dans son bureau de Londres de 1985 à 1994. Il a été porte-parole de l'ANC et l'a également représenté au Comité anti-apartheid des Nations Unies. Il a été reconnu internationalement pour son travail contre l'apartheid.
Le camarade Denis Goldberg est retourné en Afrique du Sud en 2002 et a été nommé conseiller spécial de Ronnie Kasrils, alors ministre des Affaires hydrauliques et forestières, jusqu'en 2004. Ces dernières années, le camarade Denis a lutté contre la maladie avec le même esprit indomptable qu'il a combattu contre l'apartheid et capitalisme. Il est resté un activiste jusqu'à son dernier souffle, avec de merveilleux plans de développement communautaire dans sa région natale de Hout Bay, qui en son honneur doivent être maintenus et développés.
Un géant est tombé.
Un révolutionnaire a respiré son dernier souffle.
Alors que nous saluons notre camarade décédé et exprimons nos condoléances à sa famille et à ses camarades, veillons à ce que la société socialiste pour laquelle il a vécu et combattu devienne une réalité.
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