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8 janvier 2019 2 08 /01 /janvier /2019 06:11
Point de vue. Germaine Tillion pendant la guerre d'Algérie (Augustin Barbara - Ouest-France, 7 janvier 2019)
Point de vue. Germaine Tillion pendant la guerre d'Algérie (Augustin Barbara - Ouest-France, 7 janvier 2019)

https://www.ouest-france.fr/reflexion/point-de-vue/point-de-vue-germaine-tillion-pendant-la-guerre-d-algerie-6161066

Augustin Barbara, Sociologue, Ouest-France

Voilà un demi-siècle que la Guerre d'Algérie est terminée. Elle reste présente dans l'actualité. Le 17 octobre nous a rappelé la dure répression envers des Algériens dans la Seine. Récemment, le Président Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de la France dans la disparition, sous la torture, de Maurice Audin.

 

Nous ferions un oubli si nous ne rappelions pas les réactions qui ont existé sur place, contre la torture et contre certains faits de l'Armée française. Des positions courageuses prises par des Français d'Algérie de toutes origines, par des chrétiens aussi : le père Scotto, curé de Bab-el-Oued ; des prêtres de la Mission de France de Souk-Ahras, dont le finistérien Jobic Kerlan ; ceux d'Hussein-Dey, dont le père Pierre Moreau, originaire de Nantes... Le Cardinal Duval a lui aussi condamné la torture dès le début de cette guerre.

Quant au général Jacques de Bollardière, qui a refusé ostensiblement de torturer, il a été mis aux arrêts.

Germaine Tillion, elle aussi, était contre la torture. Résistante, elle a, depuis toujours, pris des positions contre toute barbarie : le nazisme, la collaboration, la torture, la peine de mort, les attentats du FLN à l'encontre des civils. Elle obtient leur cessation. Et cela lui vaut des insultes.

Dire la vérité

La torture, elle ne cesse de la combattre. Elle écrit tout de suite une lettre au Général Massu : « Aujourd'hui, on ne vous insulte plus en disant que vous avez ordonné et couvert la torture, puisque vous vous en vantez désormais par écrit » (Combats de guerre et de paix, Seuil, 2007, page 265).

Elle ne reste pas inactive : reçue par Paul Teitgen, secrétaire général de la préfecture d'Alger, elle écrit dans ce même livre : « Le 8juillet 1958, Teitgen me dira que c'est ce jour-là que Audin a été étranglé sur la table de torture par Charbonnier. »

Germaine Tillion arrive en Algérie avec la ferme intention de dire la vérité. Sur place, elle mène des enquêtes avec David Rousset, avec la délégation du CICRC (Comité International contre les régimes concentrationnaires) dans des prisons, camps de transit et « centres d'hébergement ». Elle pense qu'on sacrifie des appelés dans une « sale guerre », elle est effrayée par les embuscades qui les tuent, par les crimes de l'OAS.

Dès le 1er novembre 1954, elle se positionne contre ce conflit qui débute dans les Aurès, qu'elle a connus de 1934 à 1940 alors qu'elle faisait des recherches chez les Berbères. Elle écrit Algérie 1957 (éditions de Minuit) pour dénoncer la guerre. Elle affirme les liens étroits historiques entre la France et l'Algérie, connaît la présence des Algériens en France et celle des Français en Algérie.

Ceux que l'on appelle Pieds-Noirs, qui ne connaissent que cette terre, l'Algérie, pour la grande majorité leur terre de naissance. Ils vivent une situation historique, avec des Algériens dans des quartiers populaires, comme actuellement dans les banlieues avec des populations immigrées. Rien à voir avec le simplisme qui les caricature comme des oppresseurs.

Germaine Tillion, avec son objectivité d'ethnologue remarque qu'au même moment, des Algériens sont exploités aussi en France même, avec des salaires sous-évalués. Cette exploitation sévit des deux côtés de la Méditerranée.

 

Contre cette violence, elle crée les « Centres sociaux », une structure d'éducation et d'insertion des populations pauvres avec ensemble, des éducateurs algériens et français. Ceux qu'elle nomme « les ennemis complémentaires », six responsables assassinés par l'OAS, dont l'écrivain Moulud Feraoun. « Trois Algériens qui aimaient la France et trois Français qui aimaient l'Algérie »,écrit-elle dans le Monde. Elle conjugue son éthique de conviction et son éthique de responsabilité. Cette résistante construit en pleine guerre. »

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