François Rippe, Thierry Seigland et Yann Crenn en compagnie d'un Palestinien, responsable du camp de réfugiés. | OUEST-FRANCE
Publié le 19/10/2018
François Rippe, Thierry Seigland et Yann Crenn, membres du collectif France-Palestine solidarité de Morlaix (Finistère) ont passé près de trois semaines en Cisjordanie. Les trois hommes sont revenus marqués par ce séjour et ce qu’ils y ont vu.
On ne revient pas indemne de près de trois semaines à travers la Palestine. « L’occupation militaire israélienne en Palestine, le Mur, les check-points imposent d’énormes difficultés aux Palestiniens. » Visiblement remués par ce qu’ils ont vécu, François Rippe, Thierry Seygland et Yann Crenn, ont constaté à quel point cette souffrance, vécue dans la discrétion, est assumée avec beaucoup de dignité.
16 000 réfugiés sur 1 km2
Tous trois membres du collectif morlaisien France-Palestine Solidarité (AFPS), ce n’est pas la première fois qu’ils se rendent là-bas. Yann Crenn n’y était pas retourné depuis quinze ans. François Rippe et Thierry Seygland s’étaient rendus en 2016, à Jalazone, à 7 km au nord-ouest de Ramallah, en Cisjordanie, dans un camp qui ne compte pas moins de 16 000 réfugiés sur 1 km² à peine. « Nous sommes retournés dans le centre médical pour la réinsertion de personnes handicapées pour faire le point sur leurs besoins qui sont énormes. Depuis notre premier passage, 6 000 € ont déjà été envoyés à l’hôpital. Ils possèdent une salle de rééducation sensationnelle, on a eu bien raison de les soutenir. »
Visiter et vivre auprès des Palestiniens pour témoigner ensuite de leur quotidien : c’était l’objectif principal de ce voyage porté par l’association France Palestine solidarité. « À Tulkarem, nous avons rencontré un agriculteur qui a le Mur au bout de son champ et une usine chimique israélienne, de l’autre côté. Pour résister, il est passé au bio pour ne plus dépendre d’Israël pour les intrants. La terre est fertile… À condition d’avoir de l’eau et celle-ci est accaparée par Israël. »
Même avec un laisser-passer
Le Hébron, c’est comme imaginer la France sous l’Occupation. « Chaque entrée, chaque sortie de la ville est contrôlée par l’armée opposante. Pour se rendre en ville, il faut passer plusieurs check-points. Même avec un laisser-passer, le soldat, dans un mauvais jour, peut refuser le passage. C’est là que vit Jamila avec sa fille et ses petits enfants. Elle dit « Je reste ici ». Le plus révoltant, c’est de voir les étoiles peintes en bleu par les colons sur les portes des maisons. Un sentiment de fatalisme mais pas de résignation anime les habitants. »
Les trois militants s’interrogent : « Comment imaginer un État de Palestine viable quand des centaines de colonies occupent une très grande partie des collines de Cisjordanie ? C’est le cas la ville de Khan Al-Ahmar près de Jérusalem qui va être rasée. Le but étant de créer un corridor pour couper la Cisjordanie. Israël a donné aux habitants l’ordre de détruire leurs maisons. L’AFPS va amplifier une campagne, il faut que le gouvernement français reconnaisse l’État de Palestine. »
Mais il y a aussi de bonnes nouvelles comme la libération de Salah Hamouri, un avocat franco-palestinien, libéré le 30 septembre « avec le sentiment d’avoir contribué un peu à sa libération. Nous sommes revenus plus motivés que jamais pour organiser des actions. »
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