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7 août 2018 2 07 /08 /août /2018 07:03

Le pilote britannique joue dans la cour du grand capital grâce à l’argent qui coule à flots sur les stars du sport automobile. Il se fait épingler en immatriculant son zinc personnel sur l’île de Man, moyennant un remboursement de TVA de 4 millions d’euros.

Le champagne gicle du magnum qu’il secoue comme un possédé. Au pied des tribunes du circuit du Castelet, dans les stands de son écurie Mercedes, Lewis Hamilton célèbre, ce 24 juin 2018, sa victoire au Grand Prix de France après avoir survolé la course de bout en bout. Le Britannique est en marche vers un cinquième titre de champion du monde de Formule 1. À 33 ans, il a déjà doublé Jackie Stewart. Il s’apprête à coiffer Alain Prost et court sur les traces de Michael Schumacher. La performance a un goût d’autant plus suave que l’argent coule à flots sur les stars du sport automobile.

Le seul salaire annuel du pilote oscille autour des 45 millions d’euros, selon plusieurs revues spécialisées. Et Lewis gère sa fortune comme un vrai homme d’affaires. Champion du bling-bling, il a fait de son image une marque, bien au-delà des circuits, dans le monde du showbiz et de la mode. Et il n’entend pas en perdre une miette.

Pour bénéficier des meilleurs placements et d’une parfaite « optimisation fiscale », il a créé une structure digne du business model d’un patron de multinationale. Au point que son nom apparaît en bonne place dans le scandale des Paradise Papers, à l’automne 2017, parmi les personnalités mises en cause dans les enquêtes au long cours d’un groupe international de journalistes sur les techniques de l’évasion fiscale.

Faut-il y voir un avatar de son goût prononcé pour la performance ? Depuis Monaco où il réside comme nombre de ses collègues du circuit, le pilote a voulu jouer dans la cour des très grands de l’évitement fiscal. Il s’est entouré d’une équipe rouée d’avocats fiscalistes rompus à l’utilisation d’un système qui égrène ses cailloux merveilleux d’un bout à l’autre de la planète capitaliste. Et pas seulement sous les palmiers monégasques ou les cocotiers des tropiques. L’île de Man, coincée entre Écosse, Angleterre et Irlande du Nord, recèle des trésors. Comme ce fantastique registre des immatriculations sur lequel Hamilton a inscrit son jet privé ; un vrai Livre des records, s’il servait à additionner les fortunes des individus répertoriés. On y trouve ainsi les très discrets Lakshmi Mittal, l’empereur de la sidérurgie, ou Paul Allen, le cofondateur de Microsoft.

En 2013, le pilote acquiert son véhicule volant au fuselage rouge écarlate sur la carlingue duquel il aime à se faire photographier en pop star. Il lui suffira alors de se poser quelques heures sur l’aéroport de l’île pour se faire rembourser la TVA. Soit la bagatelle de près de 4 millions d’euros pour un appareil, un Challenger 605, qui vaut 19 millions TTC.

Un montage « parfaitement légal » permet de toucher la grosse ristourne. Une clause réglementaire locale prévoit que la TVA soit reversée en cas d’exploitation commerciale de l’appareil. Un tour de passe-passe et deux sociétés-écrans plus loin, le jet de Lewis est acquis par une mini-compagnie d’aviation dont le patron est… Hamilton. Autrement dit : le champion de Formule 1 se facture à lui-même ses voyages dans les airs. Il peut « légalement » récupérer la TVA.

Quand il est épinglé par les Paradise Papers, Hamilton, qui a misé beaucoup sur son image auprès du grand public, est sur la défensive. Son équipe d’optimiseurs fiscaux multiplie les mises au point. « Aucune malversation » ne peut être reprochée à leur client, à qui il est chaudement recommandé de se faire, à l’avenir, aussi discret que les autres propriétaires de jets et de laisser passer l’orage médiatique. Hamilton est prié instamment de mettre en sourdine son amour du clinquant. Dans le club aux mille jets de l’île de Man où seuls les gestionnaires du grand capital ont habituellement droit à la pole position, la discrétion est une règle d’or et on se défie des parvenus.

 

 

LE GUIDE TOURSITIQUE DE LA FRAUDE :  Le Delaware

C’est une petite bande de terre le long d’une péninsule entre New York et Washington. Le Delaware, deuxième plus petit État des États-Unis, est un paradis fiscal XXL, un outil clé pour les traders de Wall Street et les trafiquants en tout genre. Premier État à ratifier la Constitution de la fédération, en 1787, il prospère aujourd’hui comme « Diamond State ». Un État diamant qui offre des conditions imbattables à tous ceux qui cherchent à placer discrètement leur argent. Principale caractéristique : il compte plus de sociétés immatriculées (1,2 million) que d’habitants (900 000). Les géants de la Bourse de New York, comme Google, Amazon ou Coca-Cola, y ont une boîte aux lettres. Quelque 380 des 500 firmes appartenant à la galaxie Trump y sont hébergées. Le retour sur « investissement » est vertigineux : ni impôt sur le revenu, ni impôt local, ni TVA. Surtout, les profits réalisés hors des États-Unis (plus-values boursières, brevets, etc.) ne sont pas taxés. On peut y créer sa société fantôme en quelques minutes, sans même présenter de pièce d’identité. Une aubaine pour les blanchisseurs en gros. Il a pu ainsi être établi qu’au moins un ex-baron de la drogue mexicaine, El Chapo, y a eu recours pour investir dans les banques états-uniennes.

Bruno Odent

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