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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 08:42
Viviane, caissière gréviste à Carrefour : « Je gagne 950 €, pour 30 heures par semaine » | Anne Kiesel

Viviane, caissière gréviste à Carrefour : « Je gagne 950 €, pour 30 heures par semaine » | Anne Kiesel

Ouest-France
Viviane, caissière gréviste à Carrefour : « Je gagne 950 €, pour 30 heures par semaine »

Publié le 1/04/2018

 

Les employés de Carrefour ont entamé ce samedi un mouvement de grève, très suivi selon leurs syndicats, pour dénoncer la restructuration de leur entreprise qui prévoit notamment le départ volontaire de 2 400 salariés en France. Partout en France, les salariés ont bloqué des magasins. Au Carrefour de Langueux, près de Saint-Brieuc, les premiers salariés sont arrivés dès 3 h du matin.

Il est 8 h 45, ce samedi de Pâques, sur le parking du magasin Carrefour de Langueux, dans l’immense zone commerciale juste à côté de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Des chariots bleu pétant, en longue rangées, bloquent toutes les entrées du parking. Sous un petit barnum, des salariés du magasin discutent.

Les premiers sont arrivés dès 3 h du matin, pour bloquer le magasin, dans le cadre de la grève menée par les salariés sur tout le territoire ce samedi. C’est-à-dire avant l’heure des prises de poste. « Ceux qui commencent le plus tôt sont les boulangers, à 4 h. Puis c’est l’épicerie et les fruits et légumes, à 5 h. Ils mettent les produits en rayon. » Mais aujourd’hui, l’écrasante majorité du personnel du magasin est en grève.

Des drapeaux des deux syndicats, CGT et CFDT, sont plantés à proximité. Des automobilistes font des signes d’encouragement en passant. Une dizaine de motards, qui se sont réunis, sur un parking tout proche, avant de partir en balade, font vrombir leurs moteurs en passant devant les grévistes, en guise d’hommage. L’ambiance est bon enfant, le barbecue déjà prêt pour les galettes saucisse de ce midi.

Participation diminuée

Sur le fond, évidemment, les humeurs sont moins joyeuses. « Les actionnaires ont été augmentés de 45 %, dit un gréviste. Et nous, les salariés, on a vu notre participation diminuée de 90 %. » C’est la goutte qui a fait déborder le mécontentement, et déclenché le mouvement.

« Carrefour a fait 773 millions de bénéfices l’an dernier, détaille Cyrille Toulot, délégué syndical CFDT, et assistant de vente au rayon bazar. Les salariés, au titre de la participation, se partagent 0,9 % de cette somme. Les actionnaires ont 45 %. Et Carrefour garde le reste. » À Langueux, dit-il, ça fait 50 € net par salarié, à condition de travailler 35 h, et de n’avoir eu aucun arrêt maladie dans l’année. « L’an dernier, c’était 610 €. Et facilement un mois de salaire il y a quelques années. » Le complément promis par la direction ? « Nous n’avons aucune certitude… »

« Combien de suppressions d’emploi, déjà ?, lance une femme, en interpellant sa collègue. C’est 2 400 ou 5 200 ? » Tellement énorme qu’elle s’y perd. « 2 400 chez Carrefour, 5 200 avec les anciens magasins Dia », répond la collègue.

« On n’a plus jamais trois secondes pour souffler »

13 h 30. Quelques rares clients, venus à pied, errent dans le magasin. Les rayons sont pleins, mais les allées sont vides. L’un ressort avec deux baguettes de pain. Un couple, avec un gamin qui pleure, a fait quelques courses. Il y a de rares clients dans les 35 boutiques de la grande galerie commerciale.

Viviane Boulin, assistante de caisse, est déléguée syndicale CGT. « En semaine, déplore-t-elle, il n’y a plus que 10 à 12 caisses ouvertes, sur les 32. Avant qu’ils installent les 6 caisses libre-service, nous avions 40 caisses. » Elle explique comment les emplois s’évaporent : « Il y a la "file unique", qui dessert une dizaine de caisses, avec une machine qui vous dit vers laquelle vous diriger. Pour nous, c’est l’usine à gaz, on n’a plus jamais trois secondes pour souffler. »

Pour des raisons politiques, elle refuse d’aller aux caisses en libre-service. « Ni comme salariée : à Carrefour, on n’y envoie que des volontaires. Ni comme cliente. Ça détruit l’emploi. Il y a 10 ans, nous étions 72 caissières en CDI. Aujourd’hui, nous sommes 32. »

Qui alors assure les postes aux caisses libre-service ? « On y recase des personnes qui ont des problèmes d’inaptitude, répond Cyrille Toulot. Des gens qui souffrent de troubles musculosquelettiques. » Les fameux TMS, qui sont bien souvent des maladies professionnelles dues aux mouvements répétitifs.

« C’est vraiment difficile de tenir »

Viviane Boulin travaille 30 heures par semaine. « Je gagne 950 €. Et on dit que nous sommes bien payés, chez Carrefour ! » Quand elle a été embauchée, il y a 13 ans, on ne proposait plus de contrats de 35 heures aux caissières. « Si on veut faire 5 h de plus, c’est dans un autre rayon que le sien. Ils appellent ça la polyactivité. Je l’ai fait 2 ans et demi. J’étais à la mise en rayon des yaourts, le mardi matin, de 5 h à 10 h 15. Et ensuite je prenais ma caisse, de 11 h à 17 h. J’ai arrêté. C’était trop de douleurs. Les deux métiers sont durs. Mais, en rayon, tu soulèves beaucoup. Quand tu as trois palettes à décharger, puis qu’il faut aller en caisse et faire d’autres gestes, et tenir depuis 5 h du matin jusqu’à 17 h, c’est vraiment difficile de tenir. »

https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/carrefour/viviane-caissiere-greviste-carrefour-je-gagne-950-eu-pour-30-heures-par-semaine-5658183

Les salariés du magasin Carrefour de Langueux, juste à côté de Saint-Brieuc, sont en grève. | Anne Kiesel

Les salariés du magasin Carrefour de Langueux, juste à côté de Saint-Brieuc, sont en grève. | Anne Kiesel

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