SNCF: un contre-projet de la CGT pour "réorienter les décisions du gouvernement"
AFP | mercredi 07 mars 2018
La CGT Cheminots a présenté mercredi son propre rapport "pour le développement du service public ferroviaire" et espère avec ses propositions "réorienter les décisions du gouvernement", qui veut réformer la SNCF avant l'été.
"Nous attendons une confrontation des idées et des constats (...), que nos propositions soient prises en compte" et "nous espérons qu'elles réorientent les décisions du gouvernement" avec "une vraie négociation", a déclaré le secrétaire général de la CGT Cheminots, Laurent Brun, lors d'une conférence de presse, où il a renouvelé les menaces de grève.
Le syndicat, première organisation représentative à la SNCF, remettra "dans les prochains jours" son rapport de 45 pages, "basé sur le travail d'experts" et sur "le professionnalisme des cheminots", au Premier ministre Édouard Philippe.
Celui-ci "s'est engagé" à recevoir une délégation de la CGT Cheminots, a ajouté M. Brun.
Le document livre un état des lieux du transport ferroviaire ("indispensable et économique"), de l'organisation actuelle de la SNCF et de la concurrence en Europe, avant de détailler les propositions du syndicat pour "un service public SNCF" avec "une entreprise publique unique et intégrée", plus efficace, dotée de nouvelles sources de financement et dont la dette serait "reprise par l'État".
Résolument hostile à la libéralisation du rail, la CGT estime que les dispositions européennes permettent au gouvernement de ne pas ouvrir le transport ferroviaire à la concurrence, qui "n'est pas obligatoire puisque des exceptions sont prévues", a insisté M. Brun.
Le statut des cheminots, qui a "énormément bougé ces trois dernières années", devra "être modifié pour l'améliorer un peu", a-t-il souligné.
Convié dans l'après-midi à l'Assemblée par les députés communistes pour une réunion ouverte aux autres groupes politiques, M. Brun a été interpellé par un élu LREM, Nicolas Démoulin: "Est-ce que vous pouvez comprendre que les Français puissent remettre en cause ces avantages, pour qu'il y ait une vraie égalité?"
"Nous souhaitons que l'on nous prouve que le statut (de cheminot) est un avantage démesuré. Il y a aussi des contraintes", lui a rétorqué le secrétaire général.
Egalement présent, l'Insoumis François Ruffin a critiqué chez LREM une "organisation de la concurrence entre les salariés sur les petits avantages qu'ils ont". Le fait que la ministre Elisabeth Borne, ex-membre du comité exécutif de la SNCF, propose la réforme, "c'est l'hôpital qui se fout de la charité", selon lui.
Concernant la réunion intersyndicale prévue le 15 mars avec l'Unsa (2e syndicat de la SNCF), SUD-Rail (3e) et la CFDT (4e), M. Brun a par ailleurs indiqué que les quatre organisations avaient "des échanges quasi quotidiens".
"Le 15 mars, nous allons proposer un recours à la grève si le gouvernement ne nous entend pas" et "nous aurons une démarche revendicative unitaire", a-t-il assuré.
Et alors que le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, a annoncé mercredi qu'il ne solliciterait pas un troisième mandat en 2020, "on ne le retiendra pas".
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