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29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 05:21
Nature: la flore bretonne en grand danger (Le Télégramme - Didier Deniel, 29 juin 2017)

En une cinquantaine d'années, 16 % des espèces de la flore bretonne ont disparu ou sont menacées. C'est le constat alarmant de l'étude du Conservatoire botanique de Brest, qui dresse un bilan de santé floristique en Bretagne. Un travail titanesque, mené par 250 botanistes professionnels et amateurs.

En 2014, les 11 conservatoires botaniques de France reçoivent pour mission d'établir une liste rouge des espèces floristiques disparues sur leurs territoires. À Brest, le soin d'encadrer ce travail de bénédictin est confié à Emmanuel Quéré, botaniste professionnel. « Le dernier travail de ce type datait de 1987. Il était impérieux de réactualiser nos données. Nous avons travaillé de longs mois avec des professionnels et une armée de 250 botanistes amateurs, qui ont arpenté la campagne et collecté des données ». Ces gens, aux profils très différents (retraités, agriculteurs, enseignants) sont des passionnés qui ne comptent pas leurs heures quand ils scrutent le sol. Comme cette Parisienne qui quitte la capitale chaque week-end pour explorer la campagne bretonne. Une mordue que rien n'arrête.

42 plantes disparues et 187 menacées

 

Partout en France, la même méthodologie a été adoptée, les fichiers régionaux étant superposés pour offrir des éléments nationaux objectifs. Des nouvelles données qui ont été analysées à la lumière des quelque 2 millions d'observations enregistrées dans la base de données du conservatoire de Brest pendant 25 ans. Il existe 2.589 plantes différentes en Bretagne. Mais les botanistes ont passé au crible uniquement celles qui sont propres à la Bretagne, les indigènes, qui sont au nombre de 1.452. 

 

Nature. La flore bretonne en danger

 

Le constat est assez alarmant. Il en ressort que 42 espèces et deux sous-espèces ont disparu du sol breton (soit 3 % de la flore), que 46 ont peut-être disparu ou sont en danger critique. Enfin, 132 sont considérées comme en danger ou vulnérables.
 

 

Des causes multiples

Il peut s'agir de plantes rases qu'on devine à peine sous la semelle de ses chaussures mais aussi de belles fleurs, comme les tulipes sauvages, disparues de la région. « En Bretagne, la richesse florale est une réalité : les milieux naturels sont extrêmement variés, précise Emmanuel Quéré. Sols acides, landes, tourbières, forêts, bocage mais aussi des terres en bordure de littoral ». Le climat, à mi-chemin entre le nord et le sud, est aussi gage de diversité des espèces. 

À quoi peut-on imputer ces disparitions ? Pour les botanistes, l'agriculture intensive est loin d'être étrangère à cette régression. Selon eux, à partir des années 1970, des espèces qui existaient encore dans les années 1950 et 1960 ont été rayées de la carte. C'est dû à l'évolution des pratiques agricoles, qui privilégiaient les herbicides. « Un tiers des espèces disparues étaient missicoles : elles avaient un lien avec la moisson. Il ne reste presque plus rien d'elles », se désole Emmanuel Quéré. 

Le drainage de zones humides est aussi montré du doigt, ainsi que la construction d'habitations. Plus les zones urbaines et périurbaines se développent, plus la diversité floristique décline. Parfois, c'est tout un équilibre qui est modifié quand une plante disparaît. Comme la gentiane pneumonanthe, de couleur bleue, colonisée par un papillon mais aussi par des insectes pollinisateurs dont le rôle crucial pour la flore n'est plus à démontrer. 

Pour autant, il n'est pas trop tard pour faire évoluer les choses favorablement. Car pouvoirs publics et collectivités sont de plus en plus conscients de la nécessité de préserver la diversité de ce patrimoine.

« Faire des zones protégées »

« Nous savons que les prairies naturelles ou les zones humides abritent pas mal d'espèces menacées. Il faut tout mettre en oeuvre pour en faire des zones protégées ». À ce titre, le conservatoire de Brest a établi plusieurs stations où des plantes rarissimes sont préservées. « Ces zones sont faciles à gérer. Il suffit de prévenir les propriétaires des terrains. En général, ils se sentent concernés et font tout pour nous faciliter la tâche. Ce qu'on leur demande est simple. Parfois, ça se résume à un coup de volant de tracteur, pour éviter d'écraser la zone ». 

Le conservatoire a aussi pour mission de tenter de réintroduire des plantes disparues, dont les graines sont conservées dans des congélateurs. « C'est délicat, mais possible. À condition d'avoir plusieurs souches. Car les plantes, c'est comme les animaux. La consanguinité ne facilite pas les choses ».

 

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