Déjà que le fait de rebaptiser l'UMP, sur une ligne toujours plus droitière, toujours moins gaulliste, en Les Républicains, relevait de la dissimulation et en grande partie de la captation de l'héritage républicain, largement ancré à gauche... Que l'on pense par exemple à la défense de l'école de la République, ou encore au rapport de méfiance qu'a longtemps entretenu la droite avec le suffrage universel.
Maintenant, il s'agit même de cacher ce L.R obscène qui ne saurait se voir pour les non-initiés...
Pourtant, Maël de Calan appartient au bureau politique national du parti Les Républicains, il a été désigné directement comme candidat par le sommet du parti qui a tranché sa concurrence avec Agnès Le Brun suite à l'élection de François Fillon à l'issue des Primaires (il faisait partie du quota de juppéistes à "sauver" pour assurer l'unité du Parti, et Agnès Le Brun avait misé sur le mauvais cheval en la personne de Sarkozy), c'est la tête de file des Républicains et de la droite au Conseil départemental du Finistère, et l'ex-responsable des jeunes de l'UMP à Sciences-Po, sur une ligne à l'époque très sarkozyste.
Il était un des porte-paroles de Alain Juppé lors des Primaires de la droite.
Aujourd'hui, Maël de Calan se présente avec sa co-listière Valérie Le Denn aux élections législatives sans étiquette ni appartenance visibles à un parti politique, comme Le Drian aux dernières régionales et tous les politiques "attrape-tout" qui tout en bénéficiant du soutien matériel et financier d'une organisation politique, comme de sa colonne vertébrale idéologique et programmatique (même s'ils peuvent se situer dans un courant de celle-ci), la laissent dans l'ombre pour brouiller les pistes et ratisser le plus large possible.
Nous sommes sans doute les rois des imbéciles à nous annoncer tels que nous sommes.
Sur ses affiches officielles, alors qu'il est opposé entre autres à une jeune candidate d'En marche a priori moins marquée personnellement à droite, encore que, Maël de Calan pousse le bouchon en affirmant son soutien bienveillant et appuyé à la "politique de réforme" (par ordonnances) de Emmanuel Macron.
Déjà pour l'annonce de son meeting de campagne avec Alain Juppé, il avait écrit dans son communiqué la semaine dernière que le premier ministre de Macron, l'ancien député-maire du Havre Edouard Philippe, aurait été présent s'il n'était retenu par ses nouvelles fonctions auprès du président Macron, car ils partageaient une même vision, un même porte-parolat auprès du candidat Juppé.
Grosse ficelle, gros hameçon... "Messieurs, dames, votez pour moi, pour donner une majorité à Macron, je ne suis pas maquereau NO compatible".
Bien sûr, ce peut-être aussi en partie un positionnement dans les débats internes des Républicains et de la droite, dont l'unité a été mise à rude épreuve avec le fiasco de la candidature Fillon et sa campagne à droite toute.
Maël de Calan affirmerait alors son soutien à une vision juppéiste libérale économique- libérale sociétale, à une grande alliance droite modérée-centre néo-libéral, plutôt qu'aux outrances xénophobes, répressives, intégristes catholiques de certains dans son camp (la tendance Wauquiez, quasi compatible avec le FN du sud incarnée par Marion Maréchal Le Pen).
Mais cela traduit justement le fait que le projet de Macron est très marqué à droite, très favorable à la grande bourgeoisie, aux milieux d'affaires, et qu'il peut réaliser de grands chantiers de réformes réactionnaires pour passer au bulldozer le droit du travail, les services publics, et la sécurité sociale, chantiers que la droite historique elle-même n'a pas eu le temps et les moyens d'entreprendre complètement.
Le sourire du jeune Kennedy français fera passer la pilule thatchérienne, croient certains. Un moment peut-être, mais l'état de grâce ne durera pas... Car c'est pas Gala, Paris Match, ou BFM TV qui donnent à manger aux Français.
Cela marque aussi et surtout la ruse et l'habileté d'un jeune politicien ambitieux qui, dès le premier tour, face notamment à un candidat PS fragilisé par sa participation au vote des lois et budgets de Hollande rejetés par une grande partie de l'électorat de gauche, veut absorber une partie du centre en empêchant la candidate d'En Marche d'accéder au second tour ou du moins en lui coupant l'herbe sous le pied tout en soignant son image de candidat centriste dans une circonscription votant depuis des années plutôt à gauche.
En tout cas, de notre côté, nous préférons que les candidats et les militants politiques assument leurs appartenances, leurs idées, leurs projets, et ne fassent pas la girouette au gré des vents et des modes: c'est une question d'honnêteté vis-à-vis des électeurs.
Néanmoins, nous sommes convaincus que sur le fond, Maël de Calan n'aurait aucun mal à voter la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, les réformes libérales de la fonction publique, du droit du travail, de l'école, de la sécurité sociale, les plans d'austérité plus graves encore que sous le quinquennat Hollande.
Et c'est bien ça le problème: ni de Calan, ni Le Feur, ne pourront le moins du monde nous défendre contre la politique de Macron, le président des élites capitalistes.
Pour cela, il faut à la circonscription de Morlaix et aux citoyens, pour les défendre à l'Assemblée, un député incarnant une gauche de combat, de courage et de convictions.
Ismaël Dupont, le 25 mai 2017
Maël de Calan entre Gourvennec et Tanguy-Prigent? Mon oeil!
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