Suppression de l’ISF, des 35 heures, réduction des cotisations patronales… Les candidats reprennent tous à leur compte les revendications du Medef. Plongée dans le monde très perméable de la droite et des milieux économiques. Lire la suite
Une Audi TT et de grosses berlines noires ont pris d’assaut la bourse du travail de Massy (Essonne). Étrange spectacle que celui qui s’est déroulé mardi soir dans cette salle, gérée par la municipalité de droite. Point de délégations de salariés, ni de banderoles, mais un meeting de PDG, une assemblée générale de petits patrons. À quelques jours du premier tour de la primaire de la droite, les équipes de François Fillon ont lancé une opération séduction vis-à-vis des réseaux de PME et d’entrepreneurs locaux. Et la vedette de la soirée, c’est Pierre Danon, ancien patron de Numericable et de British Telecom, chargé de piloter la préparation du programme économique du Thatcher de la Sarthe. À coups de « slides » et de diapositives, le manager égraine son plan de bataille pour mettre « fin au pacte de 1945 », au nez et à la barbe de l’union locale CGT, ou du syndicat CFDT sud-francilien de la métallurgie, dont le siège est situé dans le même immeuble. Triste symbole d’une campagne décomplexée...
« Notre priorité numéro 1, c’est de baisser les charges des entreprises ! » clame Pierre Danon. Comment ? En allant plus loin que le Cice de François Hollande. À ces 40 milliards de cadeaux aux entreprises, François Fillon en rajouterait 40 de plus, grâce à une baisse des cotisations patronales, de l’impôt sur les sociétés et à la suppression de l’ISF. Fini, aussi, le monopole syndical pour présenter des listes aux élections professionnelles, promet le bonimenteur des hautes sphères. Il n’oublie pas de vendre l’abrogation de la durée réglementaire de travail et le passage de 35 heures à 39 heures dans le secteur public, pour compenser la suppression de 500 000 fonctionnaires. « C’est aussi un point d’appui pour renégocier la durée de travail dans les entreprises », lâche-t-il, entre initiés. « Et s’il le faut, il saura envoyer l’armée pour débloquer des raffineries », fanfaronne Pierre Danon, qui vante un programme « coproduit » avec les milieux d’affaires. « Sur certains sujets, comme le logement, on avait quarante pros, chefs d’entreprise ou autres, qui ont travaillé pendant plus de neuf mois. »
Thibault Lanxade, vice-président du Medef, avoue son embarras... du choix
Seul regret : voir les idées de son champion pillées par ses adversaires. « Quand François Fillon a annoncé la hausse de la retraite à 65 ans, il y a trois ans, peu de monde en parlait encore. Aujourd’hui, ces idées ont commencé à s’imposer, et de nombreuses mesures sont reprises par ses concurrents. » Et c’est vrai que tous les candidats, de Sarkozy à Le Maire, en passant par Juppé, ont versé dans la surenchère libérale. Quels que soient les résultats de la primaire, on en connaît déjà le vainqueur : c’est Pierre Gattaz !
Suppression de l’ISF, attaque des 35 heures, réduction des charges patronales et baisse des impôts et de la dépense publique… Tous leurs programmes « reprennent les revendications que nous avons portées depuis plus de trois ans au Medef », a d’ailleurs reconnu publiquement Thibault Lanxade, vice-président de l’organisation patronale.
Le Secours catholique s’inquiète du programme de la droite
L’association rappelle la réalité de l’état du pays aux candidats à la primaire de la droite avec la publication d’un manifeste leur demandant de faire de la lutte contre la pauvreté une priorité. Véronique fayet, présidente du Secours catholique, par ailleurs ex-adjointe à la solidarité d’alain Juppé à la mairie de Bordeaux, rappelle dans une lettre adressée aux candidats qu’« il faut remettre les personnes vivant les situations de précarité au cœur des débats et de la recherche de solutions ». une campagne contre les préjugés envers les personnes démunies est également prévue dans les prochaines semaines.
L’association rappelle la réalité de l’état du pays aux candidats à la primaire de la droite avec la publication d’un manifeste leur demandant de faire de la lutte contre la pauvreté une priorité. Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, par ailleurs ex-adjointe à la solidarité d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, rappelle dans une lettre adressée aux candidats qu’ « il faut remettre les personnes vivant les situations de précarité au cœur des débats et de la recherche de solutions ». Une campagne contre les préjugés envers les personnes démunies est également prévue dans les prochaines semaines.
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