AFP | mardi 02 novembre 2016
Le chef de file des députés du Front de gauche, André Chassaigne, a dénoncé mercredi l'entrée en application provisoire du traité de libre-échange CETA avant la consultation des Parlements nationaux, la qualifiant de "mépris des peuples d'Europe" risquant d'alimenter l'extrême droite.
"Attention, dans cette affaire, on va mettre en application un traité dès qu'il aura été voté au niveau du Parlement européen, avant que les Parlements de chaque pays se déterminent", a souligné M. Chassaigne au sujet de cet accord signé dimanche entre l'UE et le Canada. "Il faut deux ans pour que les Parlements de chaque pays se déterminent, et là, s'il n'y a pas unanimité, on reviendra sur le traité", a-t-il ajouté lors d'un point de presse.
"Pour moi, c'est du mépris de la parole populaire, c'est du mépris des peuples d'Europe, et c'est comme ça qu'on alimente l'extrême droite partout en Europe", a affirmé ce responsable Front de Gauche, estimant qu'une consultation des Parlements dans ce cadre revenait à "amuser la galerie".
Pour l'élu communiste du Puy-de-Dôme, qui s'est dit "très en colère", ce traité revient à un "coup de poignard contre la société civile, contre nos producteurs agricoles", avec une Europe qui "se comporte comme un monstre capable de vivre coupé des peuples", une Europe "captée par les intérêts des grands groupes privés".
Ce membre de la commission des Affaires économiques a reproché au CETA de "faire le choix d'un libéralisme sans limites", avec "des barrières douanières qui vont sauter, avec des conséquences directes sur des productions agroalimentaires en particulier", citant l'exemple des fromages qui, pour certains, "ne seront pas reconnus".
Le CETA, qui supprimera 99% des droits de douane entre l'UE et Ottawa, entrera en application provisoire et partielle une fois ratifié par le Parlement européen et celui du Canada, dans les prochains mois. Il devra ensuite être approuvé par l'ensemble des Parlements nationaux et régionaux de l'UE pour devenir définitif.
Favorable à cet accord, le secrétaire d'État français au Commerce extérieur, Matthias Fekl, a néanmoins plaidé mercredi pour une "refondation" de la politique commerciale européenne afin de "mettre les parlements au début du processus" et qu'ils ne soient pas "mis devant le fait accompli à la fin".
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