Ouest-France, 19 octobre 2016: suite du Compte rendu du conseil municipal du lundi 17 octobre à Morlaix
"Les écoles ne sont pas des moulins"!
Non, nous le savons bien, Madame Julie, elles visent à éduquer et instruire les enfants, non à moudre le blé et à accueillir le client ou enrichir le meunier. D'ailleurs l'école ne tourne pas quand les enseignants dorment...
Il est normal qu'elles ne soient pas ouvertes à tous les vents, que chacun puisse y rentrer à n'importe quel moment, qu'elles soient prioritairement dédiées aux activités scolaires.
Cela, personne ne le conteste.
Seulement, un projet de fermeture des écoles aux fêtes et manifestations des écoles publiques organisées par les parents, les APE, les amicales laïques, qui ne concerne que les écoles publiques, privées de cette source de financement pour leurs activités de sorties et péri-scolaires, ne peut être juste et peut être être considéré comme discriminatoire.
Déjà que dans les écoles privées les parents ont souvent des ressources supérieures et qu'ils existent de nombreux modes de financement participatifs des activités péri-scolaires par les familles, déjà que les écoles privées ne sont pas astreintes à la mixité sociale, au mercredi travaillé et à la semaine de 5 jours, ne va t-on pas continuer à accroître l'attractivité du privé?
Rien, absolument rien, dans les directives préfectorales, n'oblige à fermer les écoles aux parents et à leurs initiatives pour créer du lien social autour de l'école, des familles, du quartier et faire rentrer des fonds pour les activités des enfants et de leurs enseignants.
Elles recommandent juste des règles de sécurisation: contrôle visuel des sacs, éviter les files d'attente, empêcher l'intrusion de véhicules.
Mais sur les fêtes d'école viennent essentiellement des parents, grands-parents, familles d'élèves... D'ailleurs à cet égard les kermesses n'ont rien de plus sécurisé a priori.
Charlotte Julie n'était pas dans le vrai quand elle opposait aux exemples de villes ne pratiquant pas la fermeture des écoles aux initiatives des parents hors temps scolaire de notre question orale d'autres exemples - Loc Eguiner St Thégonnec, Plourin, St Martin, de communes ayant pris la même décision qu'à Morlaix.
Voici le communiqué que Solange Creignou a envoyé à la presse pour démentir ces affirmations inexactes:
" Démenti au propos de Mme Charlotte Julie lors du conseil municipal de Morlaix (cf. article du Télégramme du 18 octobre)
« Mme Charlotte Julie affirme que la commune de St Thegonnec Loc Eguiner a pris des mesures visant à interdire les manifestations dans les écoles. Avant d’être si affirmative, elle pourrait au moins vérifier la véracité de ses propos.
La commune de St Thegonnec n’a jamais pris aucune mesure en ce sens. Au contraire, l’école doit rester un lieu de vie ouvert au monde, un lieu où les parents, les enseignants et les enfants doivent pouvoir se retrouver autour de manifestations fédératrices de vivre ensemble.
La commune de St Thegonnec Loc Eguiner, comme toutes les communes, met en œuvre de manière raisonnée et en concertation avec les enseignants et les parents, les mesures de sécurité préconisées par l’éducation nationale. Dans une situation de crise comme celle que nous traversons, il faut savoir raison gardée et l’école doit rester ce qu’elle a toujours été : un espace vivant au service de l’éducation des enfants, ouvertes aux parents et ouverte au monde. »
Solange Creignou
Maire de St Thegonnec Loc Eguiner"
Au-delà de notre conviction qu'il y a dans cette décision une volonté d'affichage sécuritaire de Agnès le Brun et de son équipe, qui rentre en résonance avec une ligne politique de nature sarkozyste de Mme Le Maire (à l'oeuvre aussi dans le passage brutal et sans discussion au menu unique), ce qui nous choque est que l'on revient sur un acquis important des années 70-80, la création des collectifs de parents pour animer les écoles en lien avec les enseignants, les familles, les quartiers, pour créer du lien social et une animation visant le développement des activités péri-scolaires pour les enfants, le rapprochement de l'école et des familles, l'appropriation par les familles des enjeux scolaires.
Dans les quartiers, les fêtes des écoles publiques sont des lieux de découverte de l'autre, de partage, de lien social vivant. Les supprimer ou les déménager vers des lieux plus neutres (la salle de Ploujean, exception faite de l'école voisine, Emile Cloarec, évidemment) hors des quartiers, est préjudiciable à la qualité du lien entre les familles et l'école et décourageant pour les parents, surtout que la décision, une fois encore, s'est prise sans concertation, en dehors de toute consultation de la Commission Enseignement, des parents, des professeurs des écoles.
Ismaël Dupont, élu d'opposition PCF-Front de Gauche
Membre de la commission enseignement
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