L’incarcération de l’avocat franco-palestinien en Israël depuis le 7 mars mobilise les défenseurs des droits humains. Plusieurs organisations demandent aux autorités françaises d’agir et en appellent à la Cour pénale internationale.
Des années d’une vie en sursis
Les années de harcèlement, la suppression de sa résidence à Jérusalem-Est, la séparation forcée de sa femme et de ses enfants (son épouse est interdite de territoire israélien jusqu’en 2025), le risque d’expulsion, une vie en sursis, en somme, font de son cas un « dangereux précédent pour l’escalade de l’occupation israélienne en matière de révocation de résidence et de détention administrative »¸ résume Sahar Francis, directrice générale de l’association Addameer Prisoner Support and Human Rights. Sa persécution prolongée « constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité au sens du statut de Rome de la CPI. Il est impératif que la CPI, les autres instances internationales et les États interviennent immédiatement et exigent qu’Israël, en tant que puissance occupante, libère Salah et revienne sur sa décision de révoquer sa résidence ».
« L’occupation ne se limite pas à nous tuer, nous détenir et nous déplacer. Elle persécute nos rêves et les assassine. ». Salah Hamouri
Devenu la référence d’un combat au long cours, l’avocat et militant demande de son côté à la CPI d’accélérer l’enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par Israël, dont le transfert forcé et l’expulsion des Palestiniens de Jérusalem-Est. « Aujourd’hui, je me trouve à la croisée des chemins la plus difficile de ma vie, du préjudice à l’exil, la détention sans charge et plus encore », déclare Salah Hamouri. « L’occupation ne se limite pas à nous tuer, nous détenir et nous déplacer. Elle persécute nos rêves et les assassine. L’incertitude quant à l’endroit où je pourrais finir, une fois libéré, est une tornade de pensées qui me poursuivent quotidiennement. Elle affecte mon moral, et mon état psychologique est comme des montagnes russes. »
Que fait la France ? Les diplomates disent privilégier « la discrétion », explique Elsa Lefort, épouse de Salah Hamouri. Les communiqués ne stipulent pas « l’exigence de libération », précise-t-elle. Elle reste dans tous les cas convaincue que la solution est entre les mains du président. Plus de 500 Palestiniens sont actuellement en détention administrative. Le recours par les Israéliens à cette pratique est un coup porté en continu à la société civile palestinienne. La machine d’une guerre sournoise, entre les bombardements cycliques et les phases d’expansion coloniale.
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